«Les avantages comparatifs» est une stratégie économique qui a été définie depuis plus de deux siècles et fait ses preuves dans de nombreux pays l'ayant adoptée. L'Algérie se propose également de le faire. C'est écrit noir sur blanc dans le programme électoral de Abdelaziz Bouteflika qui projette la construction d'une économie émergente. A ce titre, au chapitre «Réindustrialisation du pays», il est dit que l'un des axes de la stratégie de développement porte sur l'«utilisation des avantages comparatifs liés à la transformation locale de nos ressources naturelles pour générer une offre compétitive de produits manufacturés ou semi-manufacturés à valeur ajoutée élevée, susceptibles d'être commercialisés sur le marché national et international». C'est indéniablement une bonne option, mais sa concrétisation est toutefois conditionnée par des préalables en amont. Il faut d'abord cibler les produits susceptibles d'être inscrits dans les échanges dans le cadre des avantages comparatifs. Ensuite, il s'agira de développer les activités industrielles et/ou agricoles performantes devant assurer la fourniture de ces produits en respectant les cahiers des charges en termes de quantités, normes de qualité et délais de livraison. Enfin, qui dit échanges dit partenaires. Et il faut les trouver. L'Algérie est au cœur du Maghreb, mais les très maigres échanges intermaghrébins, entre 2 et 3% du PIB, sont loin de constituer une opportunité pour asseoir une stratégie basée sur les avantages comparatifs alors que 30 milliards de dollars sont consacrés chaque année à l'importation de céréales dans une région qui ne manque pas de terres céréalières fertiles et où une véritable union ouvrirait un marché de près de 90 millions de personnes. Le constat est tout aussi décevant avec la Grande zone arabe de libre-échange (Gzale). Selon le ministère du Commerce, les importations algériennes en provenance de la Gzale se sont chiffrées à 2,28 milliards de dollars durant l'année 2012, contre 81 millions de dollars d'exportations au cours de la même année. Et la liste négative de 1 260 produits interdits à l'importation des pays de cette zone est appelée à être révisée à la hausse. En face, le marché de l'Union européenne, dont 70% des échanges sont en interne, reste relativement fermé. L'Algérie s'en est rendu compte, à son détriment. Alors, on est d'accord pour les avantages comparatifs, mais comment et quand se concrétiseront-ils ?