L'Assemblée constituante libyenne s'est offert lundi soir un nouveau président après des semaines de vide politique, engendré par la dégradation de la situation sécuritaire à travers le pays et, notamment, marqué par l'enlèvement de nombreux diplomates étrangers. Hier, le porte-parole de l'hémicycle, Naji Al-Harbi, a annoncé que l'ancien opposant au défunt guide Mouammar Kadhafi, Ali Tarhouni a été désigné pour diriger l'Assemblée constituante qui a pour mission de rédiger une nouvelle constitution en respectant «le modèle du comité des Soixante», à l'origine de la Constitution de 1951, changée par Kadhafi en 1977. Elue le 20 février dernier, l'Assemblée constituante libyenne n'a pu ouvrir ses travaux qu'avant-hier, en raison des violences qui ont marqué le pays ces derniers temps. La présence de seulement 47 députés à la cérémonie d'Al-Baida, dans l'est du pays où l'assemblée a ouvert ses travaux, est causée par ces mêmes violences qui menacent l'unité de ce pays voisin de l'Algérie. L'assemblée devait compter 60 membres, représentant à égalité les trois régions historiques de la Libye -la Cyrénaïque (est), le Fezzan (sud) et la Tripolitaine (ouest)-. Mais les violences armées ont empêché le bon déroulement du scrutin. De législatives partielles devraient être organisées pour pourvoir les 13 sièges restants mais aucune date n'a encore été fixée, alors que les tensions montent entre les différentes régions et l'insécurité augmente à travers plusieurs villes et provinces du pays. Par ailleurs et pour rappel, Ali Tarhouni, un libéral et ancien ministre du gouvernement rebelle en 2011, est revenu après plusieurs années d'exil. Il est rentré au pays pour rejoindre la rébellion de 2011 contre l'ancien régime. Il avait notamment occupé le poste de ministre dans le bureau exécutif du Conseil national de transition (CNT) qui était le bras politique de la rébellion. Après la chute du régime kadhafiste, M. Tarhouni a fondé le Parti national centriste (PNC) qui s'était allié avec d'autres partis et personnalités de tendances libérales, au sein de l'Alliance des forces nationales (AFN). A noter aussi qu'à l'instar de celle de 1951, l'Assemblée constituante siège à Al-Baida, à 1 200 km à l'est de la capitale. Lors de leur réunion inaugurale, les membres devraient choisir un président et entamer les discussions pour adopter le règlement intérieur. L'assemblée a 18 mois pour rédiger le projet de Constitution qui doit déterminer la structure du pouvoir, le statut des minorités et la place de la charia. Après son adoption par la Constituante, la Loi fondamentale doit être soumise à référendum. La Libye a été privée d'une véritable Loi fondamentale pendant les 40 ans de dictature du régime de Mouammar Kadhafi qui a pris fin en octobre 2011. Parallèlement, la Libye doit aussi répondre à la série d'enlèvements qui a ciblé les diplomates étrangers, dont le dernier est le kidnapping de l'ambassadeur de Jordanie à Tripoli. L. M./Agences.