Comment des élèves peuvent introduire dans leur établissement scolaire un couteau glissé dans leur poche ? La question mérite d'être posée, mais à qui ? A la tutelle ? Aux responsables des établissements scolaires ? Faut-il fouiller les élèves un par un, chaque jour ou alors doit-on installer un scanner à l'entrée des écoles ? L'élève poignardé il y a une quinzaine de jours dans l'enceinte d'un lycée d'Alger n'a pas eu le sort, fort heureusement, du collégien à qui les coups de couteau assénés par son camarade de classe ont été fatals, il y a de cela une dizaine d'années. La violence à l'école ne relève désormais plus de faits isolés, mais d'un phénomène dont l'ampleur donne de l'effroi aux parents et à la société toute entière, une société délétère qui se complait face à des agissements désastreux qui se retournent toujours contre elle. Ces enfants qui se transforment en monstres sont le reflet de cette société elle-même, cette société qui obéit à ses propres lois, celles de l'incivisme, du désordre, de l'agressivité et de la violence qu'elle a promus en modes d'expression. Des élèves dont la présence au sein d'un établissement scolaire ne signifie rien d'autre que l'apprentissage du savoir et des règles du vivre ensemble y deviennent des délinquants en s'initiant au crime. La déliquescence au sein de l'administration des établissements n'est pas étrangère à l'exacerbation de ce phénomène au sein des écoles, les responsables faisant preuve d'une inaptitude flagrante à y asseoir leur autorité. Les exemples de directeurs affichant devant les parents d'élèves leur impuissance à gérer l'institution sont quotidiens, la règlementation est bafouée, les textes émanant de la tutelle sont carrément ignorés, en partie par un certain nombre d'enseignants dont le dédain n'a d'égal que l'effacement des responsables des établissements. Les parents sont confrontés régulièrement à ce genre de situations, notamment lorsqu'il s'agit de déplorer les châtiments corporels qui sont toujours pratiqués en dépit de l'interdiction claire émise par le ministère de tutelle. La violence engendre la violence, et celle que subissent les élèves dans l'enceinte des établissements scolaires, dans la petite enfance (des enfants inscrits en préscolaire sont giflés en raison de leur dissipation), ils s'en imprègnent vraisemblablement pour en faire usage une fois le palier vulnérable du primaire franchi. La violence est omniprésente à l'école, elle s'exerce sur les élèves, sur les enseignants, et entre les élèves eux-mêmes dont certains s'arment de couteaux avant de franchir le seuil des établissements scolaires, décidés à en découdre avec quiconque se frotterait à eux, qu'il soit un élève ou un enseignant. Cette fois-ci, le lycéen poignardé a eu la chance d'avoir la vie sauve. Mais... ce ne sera malheureusement pas toujours le cas et l'insécurité qui règne dans ces lieux du savoir -qui tendent à devenir des viviers de la délinquance- inquiète fortement les parents qui s'interrogent sur la défaillance des responsables concernés, et jusqu'à quand ces derniers se permettront-ils de fermer les yeux sur une situation qui va en s'aggravant. R. M.