Louisa Hanoune est formelle sur les origines du mouvement Daech, l'acronyme arabe de l'Etat islamique en Irak et au Levant (Eiil). Pour la première responsable du Parti des travailleurs (PT) «Daech est créé par ceux qui prétendent le combattre». C'est ce qu'elle a indiqué, hier à Alger, à l'occasion de la tenue d'une session ordinaire du bureau politique de son parti. Soutenant que le mouvement Daech est une création des services de renseignements américains et britanniques, appuyés par le gouvernement français, la secrétaire générale du PT déclare que «cette guerre que Barak Obama veut internationale est une poursuite de celle menée par Bush junior en 2003 contre l'Irak». La première a été «libellée» contre Al-Qaïda, la seconde prétend lutter contre le Daech. Or, dénonce avec virulence Louisa Hanoune, «les visées et les objectifs n'ont pas changé» d'un iota. Pour la conférencière, il ne fait pas de doute que la prétendue guerre contre Daech n'est qu'un alibi pour mieux intervenir dans le Machreq et le Maghreb, dans ce qui rappelle le projet du Grand Moyen-Orient (GMO). Louisa Hanoune est convaincue que ce triste projet vise à déstructurer les nations en les fragmentant en tribus. Ce qui justifie, par la suite, le dépeçage des richesses des peuples. La chef du Parti des travailleurs cite l'exemple du Yémen, où une révolte populaire allait prendre forme pour des revendications politiques légitimes, qui sera cependant faussée et détournée par «l'émergence» soudaine d'un mouvement séparatiste dans le sud du pays. Louisa Hanoune n'en est pas moins convaincue que les Américains et leurs alliés cherchent, à travers Daech, à détourner les regards de la cause palestinienne, où il y a, dira-t-elle, «un début de compte à rebours de l'Etat juif», comme l'atteste «cette solidarité internationale avec le peuple palestinien qui tend à inverser la donne». Sur les efforts américains visant à impliquer les Etats dans cette guerre contre Daech, Louisa Hanoune est revenue sur les provocations menées contre l'Algérie en exprimant son soutien aux autorités nationales qui refusent le chantage US. «L'Etat algérien refuse la guerre contre Daech», s'est félicitée l'oratrice, pour qui «cette position devrait être accompagnée par une forte mobilisation populaire». Louisa Hanoune appelle, dans ce sens, les autorités du pays à «éliminer toutes les précarités sociales et économiques», qui demeurent des sources de tensions. Dans le registre politique, la chef du PT s'est montrée impatiente, jusqu'à réclamer «un changement démocratique et des réformes politiques profondes telles que promises par le président de la République», afin de se libérer des «résidus» du parti unique et «consacrer la souveraineté populaire». Louisa Hanoune reproche ainsi aux autorités une lenteur dans la concrétisation des aspirations des populations. «Six mois après la tenue des élections présidentielles, il faut établir un bilan», lance la patronne du PT. Elle a formulé, à l'occasion, au moins deux revendications : la présentation des conclusions des consultations menées par Ahmed Ouyahia, et que la parole soit redonnée au peuple pour construire des institutions légitimes. A. Y.