A. Lemili Les responsables de la direction du logement et des équipements publics (Dlep), le directeur de l'Office de promotion et gestion immobilière (Opgi) et les chefs de daïras donnent la nette impression de sous-estimer la question du logement au niveau de la wilaya de Constantine. Ce désintérêt, pour ne pas dire une insouciance d'acteurs directement impliqués dans une politique nationale, elle, plus que prise au sérieux, voire même non sans inquiétude compte tenu de la sensibilité du dossier, s'est traduit de manière quasi honteuse lors d'un débat à la radio locale dimanche dernier. Tout d'abord, à l'exception du Dlep, les responsables invités, en l'occurrence les chefs des daïras de Constantine et du Khroub, ont fait le choix de déléguer des «seconds couteaux», le directeur de l'Office de promotion et gestion immobilière en fera de même en se faisant remplacer par un cadre de l'établissement. Ceci étant, et au-delà des chiffres ésotériques ânonnés par le Dlep pour donner un aperçu sur la question du logement dans ses différentes formules sur l'ensemble de la wilaya, c'est surtout l'agressivité et l'arrogance des représentants des pouvoirs publics à l'endroit des questions des journalistes lesquels, effectivement, ne faisaient que traduire le désarroi des postulants aux dites formules mais tout aussi parce qu'ils en avaient «...quelque part ras-le-bol de se faire promener par des engagements officiels pris en des circonstances solennelles et qui, comble du paradoxe, n'étaient jamais respectés nous faisant passer aux yeux des lecteurs de gens de métier peu crédibles», soulignera un confrère. S'agissant d'engagement, il y a lieu de préciser effectivement que les responsables des pouvoirs publics locaux n'ont eu cesse de plastronner et ergoter sur la livraison de 3 000 unités entrant dans le cadre du logement social et que ces derniers seraient livrés avant la fin de l'année 2014. Or, il sera su que cette promesse faite officiellement n'engageait que la crédulité des familles garnissant les listes d'attente et les journalistes lesquels, à leur décharge, ne pouvaient que consigner ce que leurs oreilles et d'autres gadgets technologiques enregistraient. Et la vérité ne poindra que lors de la visite du ministre de l'Habitat où enfin il sera question d'une livraison (désormais très conditionnelle, Ndlr) dudit quota au cours du deuxième mois de l'année prochaine. Dans le studio de la radio, le Dlep expliquera ce retard par une difficulté dans la finalisation des VRD, et une finalisation «...elle-même conditionnée et éprouvée par un terrain hostile parce que rocheux» (sic). Et justement à une question rappelant que l'argument en question ne tenait franchement pas la route dans la mesure où toute réalisation d'un projet était réputée être précédée d'une étude technique de faisabilité, le représentant des pouvoirs publics se perdra en conjectures, reprochant presqu'aux journalistes d'insister sur le sujet. Autre volet de la rencontre qui enflammera le débat à l'intérieur du studio et un standard téléphonique qui manquait d'exploser en raison des appels de citoyens concernés, il existe et il ne saurait être qualifié autrement un autre phénomène administratif, celui du diktat des promoteurs immobiliers et l'inexcusable protection ou inconséquence dont ils jouissaient auprès de la Dlep. Aussi bien les auditeurs, que des témoignages écrits et des mails confirmaient le chantage exercé par des promoteurs, qui restaient totalement anonymes aux yeux des souscripteurs en ce sens que ces derniers n'avaient pour interlocuteur qu'un agent au niveau d'un bureau administratif improbable et surtout un interlocuteur auprès duquel ils n'apprenaient rien sauf le libellé du numéro de compte du promoteur dans lequel ils devaient verser leur apport personnel. Et si, concernant le postulant, la réglementation dispose que cet apport était de l'ordre de 20% en plus du coût de l'assiette, les promoteurs exigeaient nettement plus et parfois presque la moitié du coût du logement. Un témoignage sera fait de vive voix sur place par une journaliste de la radio, elle-même désarçonnée par cette embrouille ponctuée en général par des menaces de radiation de la liste et plus grave encore d'une retenue partielle du versement au titre de dommage subi (re-sic) par le promoteur. La gêne était générale et la réponse du Dlep encore plus gênante «...d'accord, mais qui leur a dit d'aller chez les promoteurs, c'est eux qui l'ont voulu...». Stupeur unanime à l'écoute de la réaction d'un représentant chargé justement de donner, à travers toutes les formules que l'Etat a mis en place pour résorber une crise, laquelle s'estompe graduellement grâce justement aux formules évoquées. Pis, il reprochera aux souscripteurs de verser de l'argent aux promoteurs argumentant son réquisitoire par le fait que «...réglementairement et au vu des documents existants entre les deux parties, le promoteur est dans les normes et de fait nous n'avons aucun moyen coercitif pour peser sur sa décision». Le Dlep oubliant superbement que l'Etat, à travers l'aide versée aux souscripteurs, est tout autant concerné par les magouilles les plus inimaginables des promoteurs et que la direction qu'il dirige est comptable de deniers publics, sur l'utilisation desquels il est légitime pour tout Algérien de s'interroger. Acculé, il se rétractera pour donner instruction à tout souscripteur de ne verser une quelconque somme à tout promoteur avant, sans doute, qu'il n'ait mis un peu d'ordre dans... l'auberge. A. L.