L'Algérie s'est mise depuis le début des années 2000 à développer l'un des secteurs les plus sensibles du pays à savoir celui les ressources en eau, en construisant des barrages et des stations de dessalement d'eau de mer et en réalisant de grands transferts en vue de mettre fin à une situation chaotique vécue par la population. C'est un plan Marshal qui a été élaboré par les pouvoirs publics pour gagner «la bataille de l'eau». Aujourd'hui, les indicateurs relatifs au secteur sont au vert du moins pour la partie des disponibilités des ressources. Le stress hydrique est également derrière nous, assurent les responsables du secteur. Ainsi, l'Algérie a réussi à atteindre les Objectifs du millénaire pour le Développement (OMD) grâce à une mobilisation massive des capacités financières du pays pour la construction de pas moins de 9 stations de dessalement d'eau de mer. Ces dernières seront renforcées par quatre autres ouvrages prochainement. Ces stations assureront au pays un total de 2,1 millions de mètres cubes/jour au terme de l'année 2019, avait affirmé le ministre des Ressources en eau. Ce dernier avait également mis l'accent sur le prochain plan quinquennal et la conséquente enveloppe financière qui lui sera consacrée. Il sera question en effet de la bagatelle de 20 milliards de dollars qui seront destinés à consolider les acquis du secteur. Ce plan prévoit, en fait, la réalisation de 26 nouveaux barrages, dont 12 projets en construction, pour mobiliser une capacité totale de 985 millions de mètres cube. D'autres projets dont l'impact sur le développement local est indéniable sont aussi en chantier à travers les quatre coins du pays. Mais en dépit des efforts et des sommes colossales consenties, il n'en demeure pas moins que le secteur est confronté à de multiples défis et contraintes qui se posent avec acuité et plus particulièrement sur le plan local. Il en est ainsi du taux d'alimentation de certaines régions qui restent encore mal loties ou encore de la distribution qui demeure insuffisante ou régulièrement perturbée en raison d'une gestion parfois classique des ressources. Ainsi, il convient de noter qu'en dépit des grands transferts réalisés à travers les différentes régions du pays, le problème de la distribution persiste. Certes, le travail sur ce plan n'est qu'à ses débuts, mais il faut tout de même souligner qu'hormis les grands centres urbains, l'alimentation en eau potable demeure une des revendications phares des populations des régions isolées ou reculées du pays. Une raison qui inciterait, à coup sûr, les responsables du secteur à peaufiner, voire consolider, les politiques publiques en la matière de manière à assurer une répartition des ressources en eau équitablement entre les régions. Sur ce plan, les responsables du ministère assurent que la stratégie adoptée commence à porter ses fruits. En fait, ils expliquent que l'approche de l'Algérie en matière de gestion intégrée des ressources en eau s'articule autour de trois axes fondamentaux. Il s'agit du système d'information, d'une planification à moyen et long termes ainsi que de la sensibilisation des consommateurs sur l'utilisation rationnelle de l'eau. Cette approche, fruit d'une trentaine d'années d'évolution technique et réglementaire, a permis l'établissement du cadastre hydraulique des bassins versants et la confection d'atlas de ces bassins, ainsi que la création et la mise à jour annuelle des banques régionales de données sur l'eau. Ce sont les principales réalisations obtenues par cette approche. Elle a également permis de mettre en place un diagnostic permanent du service public d'alimentation en eau potable et aussi d'assurer le suivi de la pollution des grands cours d'eau. Dans ce cadre, une cartographie des points de rejets des eaux usées domestiques et industrielles des agglomérations de plus de 10 000 habitants a été réalisée, entre autres. Quant aux défis du pays à moyen et long termes, les travaux des spécialistes se focalisent encore sur la disponibilité de cette ressource vitale et sa gestion rationnelle. Selon les experts, les défis du secteur à moyen terme sont énormes. On estime que la population sera de 46 millions en 2020, «soit une consommation en eau potable et industrielle de l'ordre de 6 milliards de m3/an». «Ce qui signifie qu'il fallait mobiliser, uniquement pour ces deux secteurs, 3 milliards de m3 supplémentaires, sans inclure les eaux d'irrigations ni les fuites dans les conduites, soit au total 10 milliards de m3 d'eau. Un réel défi à relever, mais surtout une stratégie et une politique à définir», concluent les spécialistes. S. B.