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«J'ai préféré partir pour éviter un bain de sang»
Abdelmoumène Khalifa nie et parle d'une fabrication de preuves contre
Publié dans La Tribune le 07 - 05 - 2015

Abdelmoumène a commencé par présenter sa filiation. Ce pharmacien de formation qui a terminé ses études en 1988, a travaillé, selon ses dires, durant une année dans la pharmacie familiale avant de créer deux entreprises, KRG Pharma pour la distribution des médicaments et KRG Pharma Production. Une fois la confirmation de l'identité de l'accusé terminée, le juge Menouar reprend la parole et commence par expliquer à l'accusé chaque chef d'inculpation et les raisons pour lesquelles il y a eu poursuites, avant de lancer l'audition à la barre par une première question liée aux faux et usage de faux pour lequel est poursuivi Abdelmoumène Khalifa, en raison de la falsification de deux actes notariés ayant permis l'obtention d'un crédit auprès de l'agence BDL de Staouali et qui est à l'origine de la création d'El Khalifa Bank.
Le juge Antar Menouar demande à l'accusé de répondre sur cette accusation et d'expliquer son lien avec les deux actes notariés où ont été mis en gage une villa à Paradou et un local à Chéraga. Et la réponse de l'accusé est toute simple : «J'ai entendu parler pour la première fois de ces actes notariés en 2004. Je n'ai aucun lien avec les deux actes notariés. Je n'ai signé aucun document, les biens décrits ne sont pas les biens de ma famille et pour conclure, le gage qui a été fait pour représenter une garantie d'un crédit auprès de la BDL de Staouali, n'a pas été fait au profit de mes sociétés mais d'une société d'approvisionnement en gros de produits de construction.» «Vous niez donc avoir bénéficié de deux crédits ?» demande le juge Menouar. Toujours aussi calme, l'accusé répond : «Je n'ai bénéficié d'aucun crédit auprès de la BDL Staouali. Pour obtenir un crédit, il faut faire une demande, déposer un dossier. Ce qui n'existe pas.» Et c'est à ce moment là que l'ex golden-boy glissera son premier sous-entendu : «Ces documents ne sont pas réels, ils ont été fabriqués.» Le juge prend son temps pour relancer l'ex P-DG sur ces crédits d'un montant de 60 et 50 millions de dinars, mais Rafik Abdelmoumène est formel : «Je n'ai eu aucun crédit, juste des facilités de caisses auprès de la BDl Staouali durant les années 90.» «Donc, vous n'avez pas mis en gage une villa et un local ?» demande le juge. L'accusé Khalifa, sûr de lui, répond par la négative. «Vous connaissez Issir Idir et Guelimi ?» demande à nouveau le juge. «Oui, le premier était directeur de l'agence BDL de Staouali avant de rejoindre El Khalifa Bank et le second est un ami». Le juge lit quelques extraits des aveux faits par Issir Idir lors de l'instruction. Ce dernier a déclaré s'être rendu avec Abdelmoumène Khalifa au bureau du notaire Amar Rahel où ils ont rencontré Guelimi Djamel, le clerc du notaire. Il a déclaré avoir communiqué les informations nécessaires permettant d'établir un acte notarié entre la BDL et les héritiers Khalifa propriétaires d'une villa et d'un local. Dans l'acte, il est fait état d'un gage d'une villa et d'un local des héritiers Khalifa en contrepartie d'un crédit. Une fois rédigé sur micro et imprimé, Issir Idir affirme avoir signé après que Abdelmoumène Khalifa lui ait assuré être en possession d'une procuration pour représenter les héritiers Khalifa. Il a ajouté, dans ses aveux, qu'il a demandé à Khalifa Abdelmoumène de lui rapporter l'acte notarié, une fois publié par le notaire. Ce qui n'a jamais été fait. Selon Issir Idir, Abdelmoumène a fini par lui remettre bien après avoir bénéficié du crédit, deux bons de caisses pour régulariser la situation.
Sa stratégie étant bien préparée, le principal accusé se suffit de dire : «Il ne s'agit que des déclarations d'un accusé qui sont contredites par celles de Guelimi. Il faut dire aussi que Issir Idir parle d'un acte notarié alors que dans l'instruction, il est fait état de deux actes notariés. Ce qui confirme qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Ces actes dont vous parlez sont de faux documents et personne de ma famille n'a assisté.» «Justement !», dit le juge confirmant que lors de la signature de l'acte mettant en gage les biens des héritiers Khalifa, la sœur de Abdelmoumène, mariée au Maroc, ne pouvait pas effectuer le déplacement alors que son frère Lakhdar était au service national. Abdelmoumène insiste encore et encore sur le fait qu'il n'y avait rien qui le liait à ces actes qui sont faux. Le juge explique : «Il s'agit bien de faux actes et une expertise a démontré que la signature n'était pas celle de Amar Rahal, le notaire. Il a aussi été confirmé que les actes n'ont pas été publiés et que les numéros fiscaux et la domiciliation qui leurs ont été attribués sont erronés et renvoient à d'autres biens.» L'accusé maintient sa version des faits et répète : «C'est une histoire imaginaire. Le crédit n'est pas à mon nom, je n'ai rien signé, je n'ai pas de dossier de crédit [...]. Guelimi vous a confirmé que cette histoire est fausse. Je n'accuse personne, mais tout est fabriqué.» «Pourquoi ? Par qui ? Et dans quel intérêt ?», interroge le président. Khalifa dit : «Je ne peux pas répondre à cette question.» Il vient de laisser glisser son deuxième sous-entendu et de créer le doute dans les esprits.
Intestin : «Je n'accuse personne, mais tout est fabriqué». «Pourquoi ? Par qui ? Et dans quel intérêt ?», interroge le président. Khalifa dit : «Je ne peux pas répondre à cette question.»
Le juge affirmera que lors de l'enquête, les actes notariés falsifiés n'ont pas été retrouvés au niveau de l'agence de Staouali, mais la traçabilité pour les crédits accordés a été prouvée. Abdelmoumène répondra qu'il n'avait pas besoin de crédits pour créer sa banque. Le juge lui demande alors d'où il avait les fonds ? L'accusé soutiendra que ses deux entreprises étaient prospères, surtout après l'ouverture d'une filiale en France. «Qui gérait les deux entreprises ?», demande le juge Menouar. «Mon ex femme. J'étais directeur technique et je ne pouvais pas avoir les deux casquettes de gérant et de directeur technique», répond l'accusé. Le juge revient juste après à la charge : «Vous avez bien parlé de facilitées de caisses auprès de la BDL. De combien de liquidité s'agit-il ?» «J'ai bénéficié d'une facilité de 10 milliards contre des bons de caisses», commence par dire Abdelmoumène Khalifa avant d'entrer dans des explications techniques voulant convaincre le juge que la BDL était plutôt gagnante en ayant en contrepartie des bons de caisses. Le juge sent la diversion et l'interrompe : «Vous avez créé la banque le 25 novembre 1998. Comment l'idée a germé ?» «A cette date, j'ai eu l'autorisation pour créer ma banque, mais l'idée avait fait son chemin depuis un moment déjà avec l'ouverture du champ bancaire aux privés. Il y avait un besoin, alors j'ai décidé de me lancer», explique l'accusé. Le juge étonné insiste : «N'est-ce pas loin de votre formation de pharmacien ?» Mais Abdelmoumène Khalifa qui a eu près de 8 ans pour se préparer, a réponse à tout : «Au début, on devait créer une banque de la santé parce que les pharmaciens, entre autres, sont les premiers à avoir besoin de facilités de caisses. Par la suite, l'idée a évolué.» Le juge interrogera ensuite Abdelmoumène Khalifa sur le fait qu'il n'avait pas de qualifications dans le domaine technique bancaire. Mais l'accusé affirme avoir suivi des formations de courtes durées en France, «des stages d'une semaine. D'autres de deux ou d'un mois». «Donc, il y avait une préparation bien avant pour cette idée de banque», dit le juge et Abdelmoumène de répondre de go : «J'ai déposé une demande en 1996.» Il s'arrêtera un moment se sentant piéger par la question et essaye de rattraper le coup : «Je n'avais aucune certitude que j'allais avoir un agrément. J'ai fait les formations à toute fin utile.» Le juge demande des détails : la date du dépôt de la demande ? A quel niveau ? Et qui était le premier responsable de cette institution. Moumène répond : «J'ai déposé ma demande en 1996 au niveau de la Banque d'Algérie et c'est Keramane qui était Gouverneur, mais ce n'est pas à lui que j'ai remis ma demande. Il y a des services compétents. Ma demande a été étudiée par la commission bancaire et le Conseil de la monnaie et du crédit.» «Et est-ce qu'il y avait des conditions relatives aux compétences du gestionnaires ?», interroge à nouveau le juge Menouar. «Tout a été fait dans le respect des lois», dit Abdelmoumène, avant de citer les noms qui ont été inscrits sur l'acte constitutif d'El Khalifa Bank à savoir Abdelmouène, son épouse Nadia, sa belle-sœur Khalifa Faïza, sa sœur Kheïrredine Hafida, son oncle Kebbache Ghazi, Guelimi Amar, le père de l'accusé dans cette affaire, et Kaci Ali, un ex député qui était membre de la commission finances de l'APN durant les années 1980. Et c'est ce dernier qui a été choisit comme P-DG de la banque lors du dépôt du dossier d'agrément.
Intestin : «Les déclarations du trésorier d'El Khalifa Bank sont le fruit de son imagination. D'ailleurs, il parle du franc Français qui n'existait plus en 2003. Il n'y a jamais eu de trou dans la caisse et techniquement son histoire ne se tient pas.»
Le juge demande alors à Abdelmoumène : «Keramane est un parent par alliance de ta mère non ?» L'accusé, un peu gêné, répond : «Je n'en savais rien. Je l'ai appris bien après. Son cousin est mariée à une cousine, mais je ne l'avais jamais rencontré dans les mariages.» Eclat de rire dans la salle. Le juge revient alors à l'établissement de l'acte constitutif de la banque et demande : «Il est spécifié que vous avez déposé la somme de 125 millions de dinars au niveau du Trésor public, le quart du capital comme le prévoit la loi, afin retirer le registre du commerce, or ce n'est pas le cas et le notaire ne devait pas vous remettre l'acte sans s'assurer de ce dépôt. Il a été prouvé que vous avez déposé la somme de 85 millions de dinars seulement bien après la création de la banque.»
Très serein face à cette nouvelle accusation, Abdelmoumène dit : «C'est là un autre problème justement. Je n'aurai jamais pu avoir mon numéro fiscal si je n'avais pas déposé la somme exigée.» En fait, Abdelmoumène Khalifa tente de se disculper en rejetant la faute sur tous ses complices. Le juge n'insiste pas et aborde un autre point. Le changement des membres de l'acte constitutif de la banque ainsi que son P-DG au bout de deux mois dans la transgression totale des articles de la loi sur la monnaie et le crédit. Mais pour l'accusé, le P-DG Kaci Ahmed avait un différend avec Nanouche et il a décidé de démissionner et vendre ses actions. «J'ai dû le remplacer. Le rôle d'un P-DG est plus politique que de gestion, j'avais des techniciens pour ça», a expliqué l'ex golden-boy en réponse aux multiples questions du président de la séance. Quant à la transgression de la loi qui impose une autorisation de la Banque d'Algérie et du Conseil de la monnaie et du crédit avant tout changement statutaire, l'accusé a expliqué que Kaci Ahmed a suivi la procédure en se présentant devant la Banque d'Algérie pour lui remettre une copie de sa démission ainsi qu'une demande de retrait de signature. «Le notaire n'a pas attiré votre attention sur l'obligation d'avoir des autorisations ou encore la Banque d'Algérie ? Et pourtant Ali Kaci connaît ces procédures», demande le juge qui rappelle que cette transgression de la loi a été constatée lors de l'établissement du rapport de la première inspection effectuée par la Banque d'Algérie. Encore une fois, l'accusé rejette la balle : «Laksaci qui était membre de la commission bancaire, en a parlé dans son témoignage affirmant que ce n'était pas un grand problème et qu'il n'y avait pas de mauvaise foi. Il a bien dit qu'aucune mesure disciplinaire n'a été décidée. En plus, tous les courriers que je recevais de la Banque d'Algérie m'étaient adressés, sans aucun problème, en ma qualité de P-DG».
Intestin : «C'est exactement le cas aussi pour l'agence de Koléa où il a été dit que j'ai couvert à l'époque le compte de Abdessalam Bouchoureb pour une somme de 8,5 milliards ou encore le compte d'une autre personne pour 1,5 milliards.»
Le juge tient à montrer les erreurs de l'ex Gouverneur, condamné par contumax dans cette affaire, en rappelant qu'un rapport sur ces irrégularités lui a été adressé dont une copie à l'ex Golden-boy qui soutient qu'en tant que P-DG il a chargé ses directeurs de se charger de rectifier les insuffisances et de réparer les irrégularités.
Le juge reviendra ensuite à la création des agences, le choix des cadres responsables dont la majorité a été récupéré de la BDL de Staouali par Nanouche. Le juge s'interrogera sur la raison qui a poussé El Khalifa Bank à louer ses sièges au lieu de les acquérir et demandera à Abdelmoumène de parler des raisons qui auraient poussé les entreprises publiques à retirer leurs dépôts des banques publiques pour les placer dans sa banque. Ce dernier parlera des avantages mais le juge mettra en exergue le taux du risque qui doit être respecté par une banque. En fait, El Khalifa bank offrait un grand taux d'intérêt au dépôt et un taux réduit pour les crédits, «il n'y avait pas d'équilibre et vous risquiez la faillite», dit le juge Menouar. Khalifa n'est pas d'accord et tente des explications techniques mais sans convaincre. Le président de la séance évoque ensuite la manière dont a été recruté le personnel d'El Khalifa Bank pour certaines agences où tout s'est fait grâce au bouche-à-oreille. Il soulignera l'expérience de ces ex cadres de banques publiques avant d'évoquer toutes ses «sorties» d'argent sans aucun document. Le juge Menouar commence alors à lire les aveux de tous les directeurs d'agences ainsi que celle du responsable de la trésorerie principale Akli Youcef. Tous avaient déclaré que Abdelmoumène Khalifa envoyait des personnes pour récupérer des sommes importes d'argent contre un «bout de papier signé». Certains ont même parlé de faire sortir l'argent dans de grands sacs. Pour Abdelmoumène Khalifa, il ne s'agit que de mensonges et que la responsabilité de chaque trou bancaire prétendument trouvé dans une agence relevait du directeur de cette agence. Mais il ne manquera pas de demander : «S'il y a des sorties d'argent avec des bouts de papiers ou sur des coups de téléphones comme vous le dites, les caissiers de chaque agence sont complices alors et je ne les vois pas ici.» Et à propos des déclarations du chef d'agence de Koléa qui d'ailleurs n'a pas été cité par le juge, Khalifa tient à dire : «C'est exactement le cas aussi pour l'agence de Koléa où il a été dit que j'ai couvert à l'époque le compte d'Abdessalam Bouchoureb pour une somme de 8,5 milliards ou encore le compte d'une autre personne pour 1,5 milliards.» En fait, Abdelmoumène Khalifa préfèrera ne pas citer l'actuel ministre de l'Intérieur dont le nom a été cité publiquement dans cette affaire en 2007 pour l'agence de Koléa. Pour Akli Youcef qui avait fait de graves révélations contre son ex P-DG, Abdelmoumène ne se gêne pas pour dire que s'il y a un trou, c'est qu'il a pris cet argent. Concernant tous ceux qui l'ont accusé de donner des ordres pour faire sortir illégalement de l'argent de la banque et le distribuer à «ses» amis et connaissances, l'ex golden-boy tentera de trouver des explications mais peu plausibles. D'ailleurs, il dira qu'un des accusé était peu crédible parce qu'il a donné trois versions différentes, qu'un autre a tout imaginé et qu'un troisième a menti. «Dans ce dossier, il y a une belle histoire, mais qui ne se tient pas techniquement», lâche Abdelmoumène Khalifa alors le juge lui réplique : «Qu'est ce qui poussent tous ces gens là à dire la même chose concernant votre gestion et vos ordres. Vous êtes leurs bienfaiteurs et il ne peut y avoir un complot contre vous ?» Abdelmoumène répond alors : «Ils les ont peut-être rendus fous. Il faut leur demander.» Le juge refuse de tomber dans ce jeu et lance : «Akli Youcef a été entendu la seconde fois, 3 ans après sa première audition et il a répété la même chose. S'il avait quelque chose à dénoncer, il l'aurait fait.»
Avant d'expliquer qu'il n'a rien avoir avec les 11 EES (Ecritures entre sièges) qui ont été effectués dans l'espoir de dissimuler un trou de 200 millions de dinars et 8 millions d'euros. Il soutiendra d'ailleurs que ses avocats allaient prouver que rien n'a été dissimulé et que les écritures trouvés étaient complètement fausses, car, au lieu que la caisse principale soit accréditée, elle a été débitée.
Abdelmoumène Khalifa, qui a créé 11 sociétés dont aucune liée à sa formation, expliquera au juge qu'il ne s'agit que d'une filialisation des directions d'El Khalifa Bank. «On a jugé qu'il était préférable de leur donner un registre de commerce afin qu'elles puissent gagner de l'argent.» Pour le principal accusé dans ce procès, «il n'y a jamais eu de problème ou d'incidents dans la comptabilité de la banque qui n'a jamais rencontré un problème de liquidité». Le juge évoquera ensuite, et dans le détail, avec l'accusé l'histoire de l'acquisition de 2 stations de dessalement pour la somme de 3,5 millions d'euros et qui se sont avérés usées et contenant un liquide cancérigène. En fait, le juge a expliqué que cette opération, où 3 autres stations ont été commandées mais jamais réceptionnées, a permis à l'accusé de faire sortir la modique somme de 30 millions de dollars. Ce qui lui a permis d'acquérir la villa de Cannes. Abdelmoumène Khalifa s'en défend, parlera de sa dose de «nationalisme» dans cette opération, évoquera la réception médiatisée de ces stations en disant «revenez aux archives de l'ENTV et vous saurez». En fait, en 2001, c'est le chef du gouvernement Ali Benflis qui avait assisté en personne lors de la cérémonie de la réception de ces stations de dessalement et Abdelmoumène Khalifa tenait à y faire référence, mais sans citer de noms. Il soutient toujours sur cette question que cette villa est le bien de Khalifa Airways qui a décidé d'investir dans l'immobilier. Le juge posera ensuite la question des questions à Khalifa en disant : «Pourquoi avez-vous décidé de fuir l'Algérie ?» Et l'accusé répond : «Une décision illégale de nous retirer l'agrément du commerce extérieur a été prise. J'avais compris qu'ils avaient décidé de fermer la banque. Il y a deux façons de mener le combat : la violence ou partir et tout laisser derrière soi. J'ai choisis la seconde pour éviter un bain de sang.» «De quel sang parlez-vous ?», demande le juge. «J'avais 20 000 travailleurs, il risquait d'y avoir des manifestations, des heurts etc. J'ai préféré partir.» Le juge insiste : «Ce n'est pas parce que Guelimi a été appréhendé avec d'autres à l'aéroport alors qu'il tentait de faire sortir 200 000 euros ?» «J'étais déjà parti à cette époque et Guelimi a été condamné pour cette affaire. Il était une victime.» «Mais pourquoi n'êtes vous pas revenu lors du procès de 2007 ?», questionne le juge. «J'étais déjà en prison à Londres», conclu Moumène.
H. Y.


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