Le 30 juin dernier, la ligue de football professionnel se fendait, auprès des clubs qui lui sont affiliés, d'un rappel d'une correspondance qu'elle leur avait adressée presque deux mois auparavant (4 mai). Dans cette première missive, il semblerait que la Ligue sollicitait des directions desdits clubs, et tout autant sociétés sportives par actions, l'acheminement dans les temps impartis par la réglementation de leurs comptes sociaux au titre de l'exercice 2014. Toutefois étayant sa demande, la Ligue avait tenu à rappeler que par l'appellation générique «comptes sociaux» il fallait également comprendre : -Les états financiers réglementaires (actif -passif-comptes de résultats, flux de trésorerie, variations des comptes propres). - Le rapport du commissaire aux comptes de l'exercice 2014. - Le procès-verbal du conseil d'administration ayant arrêté les comptes de l'exercice 2014. - Le procès-verbal de l'assemblée générale ordinaire ayant statué sur les comptes sociaux de l'exercice 2014. Le dossier en question devait être transmis avant le 15 juillet et, comme il fallait presque s'y attendre et connaissant l'extrême capacité de compréhension des services concernés de la LFP, une brèche ouverte, sans nul doute innocemment, laissait la latitude aux clubs qui n'auraient pas tenu leur assemblée générale avant le 30 juin de justifier un éventuel report par une décision délivrée par le tribunal territorial compétent. En somme, une simple question de routine d'autant plus que la date limite de l'envoi du dossier n'est plus remise à l'ordre du jour. Autrement dit, elle resterait à l'appréciation du club concerné qui pourrait, si l'on s'inscrit dans la logique du raisonnement de la LFP, la différer autant de fois qu'il ne tiendra pas son assemblée générale. Connaissant, les problèmes qui rythment la vie des mêmes clubs, il demeure alors peu probable que les comptes sociaux aboutissent sur les bureaux de la Ligue et le temps que celle-ci les route vers le Cnrc, que d'eau aura coulé sous les ponts. Mais en fait, les comptes sociaux c'est quoi exactement ? Il y a nécessité d'expliquer au lecteur lequel n'est pas obligé d'être un fossile de l'administration ou expert-comptable pour savoir de quoi il s'agit. La définition classique est la suivante : les comptes sociaux sont composés du bilan, du compte de résultat et des annexes, du rapport de gestion, des documents relatifs à l'affectation du résultat et des annexes. Le dossier doit être obligatoirement déposé chaque année. En fait, le plus important est que les comptes sociaux doivent refléter la situation financière réelle de la société. Ce qui ne pourrait que prêter à rire au regard de la gestion d'épicerie qui semble caractériser les SSPA et ce même si ces comptes sont établis par des commissaires aux comptes et validés par les conseils d'administration. En effet, à travers tout ce qui se passe depuis la professionnalisation du football, voire bien avant même, ne serait pire aveugle que celui qui se refuserait à admettre que, dans la réalité, la gestion d'un club de football telle qu'elle se fait depuis deux décennies est une véritable carambouille. Maintenant, il est vrai que les dossiers peuvent être déposés dans les temps mais il ne s'agira à l'évidence que de documents très théoriques et rarement suivis d'un audit effectif. Nous donnons pour exemple unique, le non payement des redevances sociales, des impôts et de tout ce qui est en relation avec le fisc par la quasi-totalité des clubs pour rappeler que toutes les démarches engagées jusque-là et les semblants de mécanismes administratifs mis en place ne sont que formels. Sinon comment expliquer que sur le tard la DJS de Béjaïa conclut que les bilans du club ne sont pas sincères ou encore que le comité de sauvegarde dénonce ou présume une gestion malhonnête de la JSK depuis quelques années. Il aurait bien fallu durant toutes ces années que les dossiers de comptes sociaux parviennent à qui de droit. La question qui se pose alors : sont-ils aussi clean que cela ? Ou tout simplement sont-ils classés en attendant qu'arrive l'exercice prochain ? Dans tous les cas de figure, la situation prête à suspicion. A. L.