Les couleurs algériennes seront bel et bien présentes à la 59ème édition du Festival international du film de Berlin (5 au 15 février) grâce à River London (la rivière de Londres) du réalisateur d'origine algérienne Rachid Bouchareb. Ce long métrage dans le genre fiction coproduit par l'Algérie, la France et l'Angleterre a été récemment sélectionné en compétition. Aussi, comme le veut la tradition du monde cinématographique qui offre au réalisateur la liberté de choisir la nationalité de son œuvre (tradition qui fait polémique, ndlr), Rachid Bouachareb a opté pour l'Algérie. Un geste somme toute prévisible de la part du réalisateur qui, lors de la nomination de son précédent film Indigènes à l'Oscar du meilleur film étranger en 2007, avait aussi opté pour la nationalité algérienne. London River relate l'histoire d'un père et d'une mère, issus de deux mondes complètement différents, sinon opposés, qui se rendent dans capitale anglaise pour chercher leurs enfants portés disparus depuis les attentats terroristes de juillet 2005. Le film a été inspiré par une rencontre dans des circonstances tragiques que le réalisateur a décidé de rendre en images en accentuant son regard sur les rapports humains dans des perspectives psychologique, culturelle et historique. Ce «regard» est porté par un scénario qui fait une analyse critique de la situation du monde actuel faite de conflits, d'affrontements, de déchirements et de violence dans tous ses états. L'Agence du rayonnement culturel souligne dans un communiqué que l'Algérie assurera la promotion de ce film au festival de Berlin pour attirer l'attention des professionnels sur la production cinématographique algérienne. Né à Paris, Rachid Bouchareb a commencé sa carrière comme assistant metteur en scène à la télévision algérienne où il a travaillé de 1977 à 1984. Durant cette période, il réalisa quelques courts métrages. En 1984, il réalise son premier long métrage, le Bâton rouge. Quatre ans plus tard, il s'associe avec Jean Bréhat pour créer la maison de production 3B. Il réalise ensuite plusieurs longs métrages. Il est à plusieurs reprises nominé pour ses films. En 1995, Poussières de vie est nominé pour l'oscar du meilleur film étranger. En 2001, c'est Little Senegal qui sera nominé pour l'Ours d'or de la Berlinale. Mais la distinction viendra avec Indigènes qui, nominé pour la Palme d'or du Festival de Cannes 2006, a reçu le prix d'interprétation masculine. A ces longues œuvres, s'ajoutent quelques courts métrages tels le Vilain Petit Poussin (2004), l'Ami y'a bon (2005) et Djebel (2007). Malgré la modestie relative de sa production, Rachid Bouchareb s'est distingué par son travail de qualité et arrivera à acquérir une notoriété dans le monde du 7ème art mais aussi dans son pays adoptif, la France, qui lui a offert en avril dernier la médaille de chevalier de la Légion d'honneur. W. S.