La première partie de la soirée a été entièrement consacrée au malouf constantinois avec l'interprétation durant près d'une heure de la nouba Raml El Maya dans ses déclinaisons rythmiques et mélodiques. La chanteuse iranienne rejoindra la scène pour la seconde partie. Créant un véritable dialogue interculturel, Faouzi Abdennour et Khatoon Panahi ont interprété des duos dans les deux langues, algérienne et perse Le Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA) a accueillis dans la soirée de samedi dernier, un concert animé par l'interprète du malouf constantinois Faouzi Abdennour et l'Iranienne Khatoon Panahi. Durant plus de deux heures, les mélomanes présents ont été conviés à un véritable voyage musical, transcendant l'espace et le temps, survolant le patrimoine musical de la ville du rocher jusqu'à la Perse antique en passant par des chants qui ont marqué les temps modernes. Installé à Paris depuis 2006, Faouzi Abdennour, chanteur-pélerin, tel qu'il aime se définir, aspire depuis une trentaine d'années à dédier son art au dialogue entre les cultures et les religions en créant des passerelles entres les différentes traditions musicales ancestrales. Pour sa part, installée à Paris, Khatoon Panahi, chanteuse, conteuse, comédienne et professeur de danse, a dédié son long parcours artistique à la femme iranienne en particulier et la valorisation des anciennes chansons du terroir iranien tombées dans l'oubli pour les remettre au goût du jour dans de nouveaux enregistrements. La première partie de la soirée a été entièrement consacrée au malouf constantinois avec l'interprétation durant près d'une heure de la nouba Raml El Maya dans ses déclinaisons rythmiques et mélodiques. Les présents ont été gratifiés par l'interprétation des différentes pièces de ce patrimoine musical andalous à l'instar de «Fah el banafsedj», «Idha habibek wafa bi aâhdih», «Mata nastarihou», «Allah, Allah, Ach D'aâni», «Beyna Ed'Doulouâï», «Ya saqi wesqi habibi», «Ya moulet el khana», «Mal hbibi malou» et «Lakitouha fine». Avec sa voix mélodieuse Faouzi Abdennour, maîtrisant son instrument «semi-mandole» à douze cordes, était accompagnée par sept talentueux musiciens aux percussions, ney, luth et violons. Les sonorités de chaque instrument s'entremêlaient dans une valse harmonieuse où chaque note jaillissait dans une clarté limpide dans une ambiance paisible du prélude, dans un rythme crescendo jusqu'au final explosant tel un feu d'artifice en échos des youyous et applaudissements du public présent. Pour la seconde partie de la soirée, la chanteuse iranienne, élégamment vêtue, rejoindra la scène. Créant un véritable dialogue interculturel, Faouzi Abdennour et Khatoon Panahi ont interprété des duos dans les deux langues, algérienne et perse, mettant en relief la beauté des deux patrimoines musicaux millénaires dans une fusion harmonieuse à travers le langage universel de la musique. Les mélomanes présents ont ainsi apprécié avec engouement «Bent Ech'chalabiya» de Faïrouz, sur laquelle Faouzi Abdennour a rendu le texte de «Selli houmoumek fi del aâchiya» et «Billahi ya hamami» ainsi qu'une autre pièce du terroir constantinois sous les applaudissements du public conquis par cette fusion harmonieuse des genres. Il est à noter que les musiciens algériens ont été rejoints par le musicien iranien Nima au «setar», instrument traditionnel iranien à quatre cordes, à la petite caisse busquée et au long manche mince et au «def» (bendir d'une petite épaisseur périphérique et d'un diamètre plus large). La troisième partie de la soirée a été tout naturellement dédiée aux chants millénaires de la Perse dont même une chanson d'Azerbaïdjan et du village natal de la talentueuse artiste iranienne, à l'instar de celle intitulée «Goo be saghi», «Jame Tala », «Dashligala» et «Banoo Banoo» où un amoureux décrit sa bien aimée la comparant à une rose. Créant une réelle complicité avec le public, Khatoon Panahi, expliquera aux présents que ses chansons, parlent «d'amour, de paix, de la beauté de la nature et du monde, avant qu'il ne soit plongé dans le chaos, dans un message d'espoir». S. B.