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Beni Abbès, le rêve sur sable blanc
Oasis de la Saoura dans le Sud-Ouest algérien
Publié dans La Tribune le 24 - 06 - 2008


De notre envoyée spéciale à Beni Abbès
Badiaa Amarni
Perle saharienne de la Saoura dans le Sud-Ouest algérien, précisément dans la wilaya de Béchar, Beni Abbès, c'est le rêve d'une oasis blanche. Ici, le vert floral est peinture naturelle sur blanc, la couleur du sable qui a donné son nom à la célèbre oasis. Beni Abbès offre aux yeux avides de dépaysement et de lumières de très beaux paysages. Et pour s'évader, ils sont de plus en plus nombreux à y venir.
De jour comme de nuit, la magie du désert s'opère. A l'ombre des palmiers ou sous les étoiles, au pied des dunes, s'asseoir procure un bien-être et une quiétude insoupçonnables. Ceux qui le connaissent savent que le désert algérien est envoûtant.
Dans l'oasis blanche, le temps passe avec douceur, sans stress, sans préoccupation, l'esprit libre. Tranquillité et calme absolu dans cette région désertique où le vent caresse langoureusement les palmiers. Un séjour à effectuer absolument au moins une fois dans la vie. Beni Abbès, c'est aussi des dunes de sable blanc à perte de vue. Beni Abbès est blanche aussi bien que l'oasis voisine de Taghit est d'or comme la couleur de son sable fin. Le contraste est d'autant plus saisissant que Taghit n'est distante que de quelques kilomètres seulement. En arrivant, le visiteur y accède par une grande porte en pierres peinte en ocre et noir, au-dessus de laquelle on peut lire «Bienvenue à nos invités». Tout simplement, tout sobrement. Nous empruntons alors la route menant droit au musée de la ville qui renferme de nombreux trésors. Créé dans les années quarante, ce musée était au début un centre de recherche scientifique sur la géologie et la botanique. D'autres disciplines y seront introduites telles que la zoologie et l'hydrologie. Versé au patrimoine public en 1974, il sera placé sous la tutelle du ministère de l'Enseignement supérieur avant de passer successivement sous le contrôle de l'Office national de la recherche scientifique (ONRS) et du Centre national de recherche en zones arides dépendant de l'Université des sciences et des technologies Houari Boumediene d'Alger. «Le site est complètement délaissé à cause du manque de moyens financiers», dira son directeur, Laïd Hassani. Selon lui, «les dernières pièces jointes au musée sont des palmiers dattiers remontant à 1984-1985», dans l'objectif de faire des recherches sur cette variété d'arbres indigènes. Ces recherches visaient à déterminer les variétés mais aussi les maladies qui affectent les palmiers dattiers, de même que l'usage réservé à ce genre d'arbre… Malheureusement, le manque de moyens n'arrange pas les choses. «Ce centre devrait être informatisé pour une meilleure gestion», souhaite-t-il. Le musée renferme plusieurs trésors répartis sur plusieurs salles dont celle réservée à l'ornithologie où sont exposées toutes les espèces d'oiseaux de la région. Empaillées et de différentes couleurs, vert, jaune et bleu, ces volatiles sont restés intacts, figés. Les insectes du Sahara, dans toute leur diversité, y ont aussi leur place.
Dans une autre salle, toutes les pierres de la région et de l'erg occidental sont exposées aux visiteurs. Une pièce attenante est exclusivement réservée à l'artisanat local. On y trouve des poteries et des bijoux très anciens, ainsi que des tableaux retraçant les célébrations des mariages ksouriens. L'une des plus anciennes pièces exposées est la «kesria», du nom du plat qui sert à la préparation du couscous beniabbassien. Pourquoi avoir choisi Beni Abbès pour abriter ce musée ? M. Hassani, dira que la raison est toute simple. «La richesse de cette oasis qui renferme beaucoup de trésors ne pouvait qu'inciter à y implanter ce musée.» Dans un rayon de 50 kilomètres seulement, «nous pouvons trouver toutes les structures géologiques et botaniques […] Beaucoup de grands chercheurs ont séjourné dans cette région et ont pu découvrir des espèces rares», a-t-il également souligné. L'oued Saoura, la Hamada, et l'erg occidental sont très riches de leur faune et de leur flore,
a-t-il encore affirmé.
Au vu des merveilles qu'il renferme et considérant la richesse de la région, le musée de Beni Abbès mérite un intérêt tout particulier de la part des pouvoirs publics.
Le vieux ksar, gardien des traditions
Beni Abbès regroupe sept ksour dont certains sont encore habités. Le plus beau est celui qui est placé au cœur de la palmeraie. Il représente un type de localisation unique au Sahara et est inhabité depuis 1957. Il a été évacué de ses populations par l'armée française, nous explique notre jeune guide Younes. Construit en toub et troncs de palmiers, matériaux locaux, le vieux ksar date du 16ème siècle. Pas moins de 300 familles y habitaient à l'époque. Aujourd'hui, on n'y trouve aucune. Toutes ont quitté, de force, ce lieu paisible pour trouver place au centre-ville, ou encore à Béchar. Les briques fabriquées à base d'argile, de sable et d'eau, qui constituent les murs, sont intactes malgré les années qui se sont égrenées. Une rénovation a été entamée vers la fin des années 90, mais, malheureusement, elle n'a pas été achevée à ce jour. Il existe de nombreux vieux ksour dans la Saoura. Celui de Beni Abbès est doté d'une place où se regroupent les sages du village pour débattre et traiter des questions engageant l'avenir de toute la communauté. Le vieux ksar a été fondé par Sidi Mohamed Ben Abdesslam, Marocain d'origine, dont la tombe est encore sur le site.
Un monument où les visiteurs formulent, dans la ferveur, des prières à la mémoire du fondateur et saint tutélaire des lieux. A travers des dédales étroits, nous nous engouffrons dans ce vieux ksar, temple des traditions. Nous n'avons croisé aucune personne dans ce site où ne subsistent, hélas, que les souvenirs des temps anciens. Les murs portent encore les traces et les mânes des ancêtres y déploient leur esprit protecteur. Sur la terrasse, nous pouvons admirer la palmeraie en forme de scorpion, nous dit notre guide, et au loin les dunes d'or qui forment une chaîne harmonieuse à l'horizon. Des montagnes qui, parfois, muent sous l'effet du vent laissant transparaître des traces presque artistiques par endroits. La palmeraie est magnifique. En la regardant bien, nous arrivons à remarquer la forme de scorpion, dont la queue est dominée par une grande dune de sable rouge, la plus haute du grand erg occidental. Finalement, notre guide n'avait rien exagéré. Il avait raison. A contempler ainsi les beaux paysages, nous nous laissons bercer par le silence absolu qui nous enveloppe. Une sensation de quiétude nous envahit. Nous voulons rester plus longtemps, sauf qu'il fallait rejoindre le groupe pour aller découvrir la palmeraie. Et, surtout, son système d'irrigation très différent des foggaras connues à Timimoun. A Beni Abbès, c'est un système de partage équitable qui a été mis en place. Dans cette palmeraie, sont plantés de très nombreux palmiers donnant une quinzaine d'espèces de dattes. Les plus connues, aux noms exotiques, succulents, sont lahmouri, echerka et lhartane. De très belles dattes, un concentré de miel, disent les habitants, habitués et fins gourmets.
Piscine et bougainvilliers dans le désert
En plus de ces palmiers gigantesques qui se dressent vers le ciel, il y a une culture maraîchère sur place mais aussi beaucoup d'arbres fruitiers, dont des grenadiers, des abricotiers, etc. Dommage que cette palmeraie soit quelque peu délaissée. L'état de dessèchement avancé de certains palmiers en témoigne. Un vieux monsieur nous a confié auparavant que la jeunesse d'aujourd'hui se détourne des métiers de leurs ancêtres et se désintéresse complètement de l'agriculture, préférant partir chercher du travail en ville. «Nos jeunes croient chercher des solutions de facilité, alors que la difficulté c'est de quitter la terre léguée par les parents», dit-il, une intonation de regret dans la voix. Beni Abbès est par ailleurs dotée d'une piscine municipale appelée «Aïn Sidi Athmane». L'entrée est fixée à 50 DA. Les jeunes de la région et même des touristes étrangers s'y rendent. Juste après notre arrivée, nous avons vu y accéder un couple d'étrangers qui séjourne dans l'oasis.
La piscine est «plantée» au milieu d'un beau décor. Des palmiers et des bougainvilliers fleuris, de couleur violette, entourent le bassin alimenté par une source d'eau cristalline jaillissant à 24º. Elle est chaude en hiver, réfrigérée et rafraîchissante en été. Une invitation à la détente au cœur du désert. Une réponse à ceux qui adorent les clichés, pensant que ces endroits sont secs et désespérément arides ! Des tables et des chaises en plastique sont disposées çà et là, autour de la piscine. Certains ont profité du soleil pour prendre un bain bien mérité après une longue ballade à travers la ville. Les jeunes évoquent leurs problèmes et leurs difficultés au quotidien sans censure et sans aucune retenue. L'un d'eux affirmera que le taux de chômage «est très élevé à Beni Abbès».
Les jeunes, comme partout ailleurs à travers le pays, «ne trouvent pas de boulot et se contentent pour certains de dresser des tables de fortune pour vendre des cigarettes». Même si notre interlocuteur a réussi à décrocher un travail dans la piscine, il n'est pas moins sensible à la situation de ses concitoyens en proie au chômage. D'autres beniabbassiens nous ont dit que ce phénomène «fait souffrir beaucoup plus les jeunes qui n'ont pas de niveau et qui, de ce fait, tournent en rond, tandis que les universitaires, parce qu'ils savent lire et écrire, peuvent «perdre» leur temps dans la lecture, entres autres.
Interrogé pour savoir si les jeunes du Sud sont concernés par le phénomène des harraga, certains nous ont raconté que plusieurs sont déjà partis. Mohamed dira que deux de ses cousins sont établis en Allemagne et mènent la belle vie. «Ils sont partis en tant que harraga, se sont mariés et ont pu obtenir leurs papiers.»
Pour entreprendre cette démarche, les concernés ont dû séjourner dans le nord de l'Algérie avant de prendre la mer. Rêve de tous les jeunes Algériens, mais la solution ne réside pas dans la fuite mais dans la volonté de résoudre leurs problèmes localement. Un appel, un vrai SOS est lancé par ces jeunes aux autorités concernées par la prise en charge de leurs difficultés au quotidien, qui doivent leur offrir plus de loisir et surtout des emplois. Pour eux, pour le moment, c'est le vide total.
Touristes de plus en plus nombreux
Chaque année, la fête du Mouloud, la nativité musulmane (naissance du Prophète Mohamed, QSSSL) est célébrée remarquablement dans les anciens ksour. C'est l'occasion de présenter les bébés d'un an et un grand défilé avec musique folklorique et baroud, celui que fait parler la poudre des mousquetons et autres vieux fusils, en commémoration de la paix entre les tribus et pour célébrer la fondation du ksar de la palmeraie. Toutes les populations se donnent rendez-vous au centre-ville pour assister à ce spectacle haut en couleur, tout simplement grandiose. Des habitants formant un grand cercle, chantent et dansent au rythme du baroud et sous les youyous stridents et incessants des femmes. L'oasis de Beni Abbès, c'est aussi l'ermitage fondé par le père Charles de Foucauld qui a résidé au début de la conquête française, de 1901 à 1905, dans cette oasis. La petite chapelle où étaient formulées des prières ardentes tous les soirs est encore ouverte. Cet ermitage est encore habité par des Petits Frères de l'Evangile et des Petites Sœurs de Jésus. Pour ceux qui veulent se rendre à Beni Abbès, deux hôtels existent pour les accueillir. Il s'agit de l'hôtel Rym, construit au pied de la grande dune, et de l'hôtel Grand Erg, en instance de réouverture non loin de la piscine.
De plus en plus de touristes étrangers viennent dans cette oasis, affirme notre guide, essentiellement des Français et des Italiens. L'oasis de Beni Abbès se distingue aussi par son festival international «Les nuits de la Saoura». Cette année, il s'est déroulé du 14 au 17 avril avec au menu des échanges artistiques, des soirées spectacles, gratuites pour le grand public. L'une des particularités de sa 4ème édition, c'est la rénovation de la résidence Hadj Benrahou, une maison traditionnelle. Vous pouvez aussi faire des ballades à dos de chameaux ou effectuer des sorties à pied vers les dunes, le soir sous le clair de lune. En toile de fond, la musique locale qui, telle une berceuse, vous fait oublier, stress, soucis et brouhaha des grandes villes.
Des instants inoubliables mais qui, hélas, passent comme le vent. Juste au moment de s'habituer, et c'est l'heure de repartir, emportant dans ses bagages de beaux souvenirs mais aussi beaucoup de tristesse amère à l'idée de quitter un endroit où les populations sont chaleureuses, vous accueillant à bras et à cœur ouverts, avec le sourire, celui de la bonté et de la générosité, celles des pauvres et des humbles.
B. A.
Histoire de Beni Abbès
Les premiers habitants sont constitués par la tribu des Beni Hassan. Ils quittent ensuite les lieux pour Seguia El Hamra et la Mauritanie au XIIe siècle. Quarante ans plus tard, et de la Seguia El Hamra, il y a eu l'arrivée d'El Mehdi Ben Youssef (Ouled Mehdi), descendant des Beni Abbès de la tribu de Beni Hassan (premier occupant de la ville). Il s'installe avec Ali Ben Moumen de la tribu Arib.
Ali Ben Yahia (Ouled Rahou), puis Moussa Ben Ali (Ouled Ali Ben Moussa) se sont installés au XIVe siècle. Ils ont habité dans des ksour séparés jusqu'a l'arrivée de Mouhamed Ben Abd Eslam (mrabtine) qui fonda le nouveau ksar au sein de la palmeraie en 1605. Un peu plus tard, de Tmentite est venu Taleb Belkacem Ben Abdellah (Ouled Hamed). L'association des descendants de ces personnes avec les Haratine forme la population dite Ababsa. Une autre population («Ghenanma») (Ouled Hamou) vit dans un ksar indépendant. Le 1er mars 1901 les Français s'installent dans la région. Beni Abbès a participé à la guerre de libération nationale entre 1954 et 1962. En 1957, les habitants du ksar de la palmeraie sont expulsés par les troupes françaises et doivent construire un nouveau ksar. En 1972, la gestion du centre de recherches sahariennes fondé par le CNRS (actuel centre de recherches sur les zones arides) est transmise par les autorités françaises aux autorités algériennes et dépend depuis de l'Université des sciences et des technologies Houari Boumediene


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