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«La beauté est liberté et la liberté, beauté», disait Mahmoud Darwich
Le film palestinien le Sel de la mer d'Anne-marie Jacir présenté au 61e Festival de Cannes
Publié dans La Tribune le 18 - 05 - 2008


De notre envoyée spéciale à Cannes
Dominique Lorraine
Le film palestinien le Sel de la mer (Milh hadha al bahr), réalisé par Anne-marie Jacir (qui est aussi monteuse, cadreuse et enseignante en cinéma), a été résenté dans la section Un certain regard, à la date anniversaire du 60e anniversaire de la Nakba.
En mai 1948, Israël a été déclaré «État juif» en dépit du fait que la majorité de la population autochtone était composée d'Arabes palestiniens, de chrétiens et de musulmans. Le dirigeant sioniste, David Ben Gourion, mit en place le «Plan Dalet» afin de modifier la composition démographique de la Palestine historique et garantir un contrôle physique sur le territoire. La suite est la dépossession et l'expulsion de 780 000 Palestiniens de leurs maisons et de leurs terres (75% de la population). Plus de 530 villages palestiniens ont été dépeuplés et/ou complètement rasés, donnant naissance à l'une des plus grandes et des plus anciennes populations de réfugiés.
Le Sel de la mer (cette mer si proche, à quinze minutes en voiture, mais inaccessible pour les habitants de Ramallah qui n'ont pas l'autorisation de se rendre à El Qods) raconte l'histoire de réfugiés de la troisième génération en quête de liberté et de bonheur. Soraya, jeune femme de 28 ans, née et élevée à Brooklyn, décide de rentrer en Palestine pour s'installer dans le pays d'où sa famille s'est exilée en 1948. Dès son arrivée à Ramallah, elle se heurte aux réalités de la vie dans les territoires et à d'insolubles problèmes administratifs. D'abord, à l'aéroport où elle doit répondre à d'interminables et répétitives questions des douanes israéliennes, ensuite, à la banque où elle tente vainement de récupérer l'argent de ses grands-parents gelé sur un compte à Jaffa, puis, auprès de l'Autorité palestinienne qui ne peut lui accorder un passeport palestinien en vertu d'un accord avec Israël.
Sa route croise celle d'Emad, un jeune Palestinien né à Dawwayma (dont la population a été massacrée en 1948) qui, au contraire, ne souhaite qu'une
chose : poursuivre ses études au Canada, mais il avait déjà essuyé quatre refus de visa. Pour échapper aux contraintes liées à la situation du pays et pour gagner leur liberté, Soraya et Emad prennent leur destin en main quitte à transgresser les lois. Dans cette course à la vie, ils nous emmènent sur les traces de leur histoire en Palestine perdue. Mais ils sont aussi les témoins des vicissitudes infligées aux Palestiniens : attente interminable aux check-point, contrôle permanent de l'armée israélienne, humiliations quotidiennes. La qualité de la mise en scène, l'interprétation impeccable de ses deux acteurs, Suheir Hammad et Saleh Bakri, l'émotion qui se dégage du film n'en font pas seulement une œuvre essentielle de l'histoire de la Palestine mais aussi une fiction importante dans la cinématographie palestinienne aux côtés de Noces en Galilée de Michel Khelifi, son aîné, présenté et salué ici à Cannes en 1987. «Le cinéma peut beaucoup en Palestine. De plein de manières. Nous avons été réduits à l'invisibilité toute notre vie, peu de gens le savent, tant de choses ont été interdites, nos livres, nos voix ont été tus, dans les années 1970 et 1980, nos écrivains, nos artistes ont été assassinés. Alors, il y a ce silence imposé qui a duré et qui dure encore, et le cinéma est juste un moyen différent de s'exprimer. Chaque film palestinien réalisé est un miracle selon moi», explique la réalisatrice. Devant les difficultés de tourner un film en Palestine, pour réussir à produire ce long métrage, le producteur français, Jacques Bidou a dû réunir une dizaine de coproducteurs qui ont apporté leur contribution, parfois modeste.
Parmi eux, l'acteur et producteur noir américain Danny Glover, toujours très engagé, qui était présent à Cannes pour soutenir toute l'équipe du film. Juste avant le festival de Cannes, le 30 avril dernier, Anne-marie Jacir devait se rendre chez elle, en Palestine, pour la première mondiale du film. Elle a été retenue à la frontière jordanienne pendant six heures, questionnée à maintes reprises, son téléphone lui a été confisqué puis on lui a interdit l'entrée. «J'attendais cette semaine depuis des mois. Cela devait être l'un de mes moments les plus importants -la première mondiale du Sel de la mer en Palestine. La première devait avoir lieu dans le camp de réfugiés d'Amari à Ramallah. Les acteurs et l'équipe, les gens qui ont contribué à la production du film et ceux qui y ont cru devaient assister à la projection en plein air du film et c'était une occasion de partager l'achèvement d'un projet qui a été le résultat de cinq ans de lutte. Ce qui devait rendre cet événement aussi spécial, c'est que cela devait être une grande fête pour nous. Nous avions appris la nouvelle incroyable que le film avait été sélectionné pour le Festival de Cannes en tant que sélection officielle. Je ne voulais rien de plus au monde que de revenir, enfin, en Palestine pour partager le film. Le ministère israélien de l'Intérieur a refusé mon entrée. J'ai demandé s'il y avait un motif. On m'a répondu : ‘‘Vous passez trop de temps ici.'' J'ai été ensuite expulsée : escortée par deux des agents à l'extérieur du terminal et mise dans un bus à destination de la Jordanie. Je suis montée dans le bus. J'ai cru que mes jambes ne seraient pas assez fortes pour me porter», raconte Mme Jacir Déjà Anne-marie Jacir, qui est originaire de Cisjordanie, n'avait pas été autorisée à entrer en Palestine pendant neuf mois, les dernières prises de son film n'ont pu être filmées en Palestine et elle a dû les tourner dans un autre endroit, avec la coopération des Français de Marseille.
«Etre Palestinien n'est ni un métier ni un slogan. Un Palestinien est, d'abord, un être humain qui aime la vie, tremble à la vue des fleurs d'amandier, a la chair de poule au contact de la première pluie de l'automne, fait l'amour pour assouvir un désir physique naturel et non pas pour répondre à un mot d'ordre, fait des enfants pour transmettre le nom et conserver l'espèce et la vie et non pas par amour de la mort, sauf s'il s'avère par la suite que la mort est préférable à la vie !» a dit Mahmoud Darwich dans un texte prononcé à Ramallah lors de la cérémonie de dédicace du recueil Comme les fleurs d'amandier ou plus loin. Le film d'Anne-marie Jacir est en parfaite adéquation avec cette si belle déclaration du poète.


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