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Le cadre en Algérie est mal payé et mal considéré
Les conditions sociales font obstacle à l'ascension professionnelle
Publié dans La Tribune le 20 - 02 - 2010


Photo : S. Zoheir
Par Karima Mokrani
Autrefois, quand on parlait du cadre en Algérie, c'était avec considération, admiration et reconnaissance du savoir et de l'intelligence.
Le titre évoquait l'exercice d'une profession honorable avec un salaire gratifiant, la connaissance large des sciences et des langues, l'accès facile au logement… et bien d'autres avantages qui assurent une vie sociale tranquille, agréable. Le cadre avait sa place et son statut. C'est loin d'être le cas aujourd'hui. La société perd ses repères et l'intelligence son rôle dans le développement de la pensée individuelle et collective et la création des richesses.
Colère et indignation
Les cadres algériens souffrent en silence. Ils sont mal payés, mal compris, mal considérés… et mal pris en charge par des pouvoirs publics qui tournent le dos à leurs revendications. Les médecins peinent à arracher leurs droits.
Les enseignants n'arrivent pas à s'entendre sur une plate-forme commune de revendications. Des ingénieurs vivent dans des chambres d'hôtel sinistres, sinon ils partagent des appartements de location très peu commodes. De nombreux couples regrettent de s'être engagés dans une relation de mariage qui ne fait que se détériorer à cause du problème du logement.
«Ce mariage m'étrangle. Je n'aurais pas dû dire oui dès le départ… Ma sœur, pourtant plus âgée mais mieux payée que moi, mène une vie très épanouie, en restant célibataire», lance une jeune mère, la trentaine. «C'est quoi être cadre dans ce pays ? Des gens qui ne sont jamais allés à l'école gagnent mieux leur vie. Ils sont plus respectés et mieux considérés dans la société…» lâche-t-elle, abattue.
Son collègue (un homme), la quarantaine, a un deuxième emploi. Il travaille dans une autre entreprise. Il gagne donc mieux sa vie, sacrifiant toutefois ses heures de sommeil et se privant d'un repIl force sur la machine non sans ignorer qu'elle pourrait s'arrêter un jour, de façon brutale, avec des pannes difficiles à réparer. Le mariage ? Ça ne lui dit rien tant qu'il n'a pas trouvé le moyen d'acquérir un logement. «Il est hors de question que je me marie dans ces conditions. «Je suis un homme responsable», aime-t-il répondre à ses copains qui le taquinent sur la question. Il y a près d'un mois, des médecins se sont rassemblés devant le CHU Mustapha (Alger) pour crier leur colère contre la dégradation de leurs conditions de vie sociales et professionnelles. Au lieu de les inviter à s'asseoir autour d'une même table pour discuter de leurs problèmes et examiner les voies et moyens de satisfaire leurs doléances, on a préféré envoyer les brigades antiémeute. Cela s'est passé sous le regard réprobateur des citoyens et des photographes de presse.
«Ces médecins ont douze années d'études et plus dans l'exercice de la profession au service des citoyens, dont ces mêmes policiers», regrette un sexagénaire, ayant assisté, impuissant, à cette répression des blouses blanches.
Conditions de vie difficiles
Le problème d'accès au logement décourage de nombreux «cadres» qui aspirent à une vie sociale et professionnelle permettant un meilleur emploi du savoir et la libération de la créativité.
Il y avait l'AADL mais elle n'a profité qu'à une minorité. Aujourd'hui, on parle du LSP mais ce dernier tarde à voir le jour. Et ce ne sera pas ouvert pour tous.
Il faut avoir une bonne connaissance à la mairie et être appuyé par des responsables de haut niveau pour espérer en bénéficier. Elles ne sont jamais claires ces opérations d'octroi de logements en Algérie ! La preuve en est que des appartements ont été distribués à des personnes qui en avaient déjà bénéficié ou à d'autres qui n'en ont pas besoin dans l'immédiat, alors que des familles entières se disputent de petites pièces dans des habitations qui laissent à désirer. Des appartements AADL sont fermés ou sous-loués. Ce n'est un secret pour personne…
Un enseignant de 47 ans passe son temps à jouer aux dominos. «Il m'a dit qu'il n'a pas de logement et qu'il ne peut pas en avoir faute de moyens. Il est tellement dégoûté qu'il passe son temps à jouer aux dominos», raconte l'un de ses amis. Il joue aux dominos au lieu de lire un livre intéressant ou de suivre un bon documentaire à la télévision. Voilà ce que devient le «cadre» en Algérie quand les portes se ferment devant lui. La situation est encore plus difficile quand ce «cadre» refuse de se battre, voire de chercher un minimum de solutions à ses problèmes. Cette façon de fuir ses responsabilités –avec tout le bagage intellectuel qu'il a- n'est pas pour l'honorer. Bien au contraire, ça le diminue davantage en tant qu'homme et en tant que cadre, quoique ce mot ne signifie plus grand-chose. C'est juste une appellation, sommes-nous tentés de dire.
Depuis quelques jours, on parle d'un décret signé par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, pour des crédits de 4 à 7 millions de dinars pour l'achat d'un logement. Peut-être que cela va marcher… Et pourtant, 4 millions de dinars, ce n'est pas une petite somme. Car, devrions-nous le souligner encore une fois, être cadre ne veut pas dire avoir forcément un bon salaire. «C'est quoi 39 000 DA pour un médecin après 20 ans de travail ?» s'exclame l'un de ces médecins en colère. Une même question posée par des enseignants du secondaire qui attendent désespérément la mise en application du nouveau régime indemnitaire, avec effet rétroactif à partir de janvier 2008. D'autres «cadres» dans d'autres professions perçoivent des salaires de 20 000, 25 000 et 30 000 DA. C'est à prendre ou à laisser. Malheureusement pour eux, c'est pratiquement la même situation partout ailleurs, si ce n'est pire. Ce n'est pas la peine alors de protester ! Un dilemme pour un grand nombre de «cadres». Certains ont toutefois réussi l'exploit de gravir très vite les échelons pour occuper des postes de responsabilité et être bien payés en conséquence. D'autres prennent le large et tentent de nouvelles expériences. Réussir ou ne pas réussir importe peu. L'essentiel, c'est de tenter sa chance. C'est oser dire non au mépris, à l'injustice… mais aussi à la routine et à la médiocrité. C'est cela justement l'autre gros problème dont souffrent les «cadres» en Algérie.
Rares sont les personnes qui trouvent du plaisir à faire leur travail. «On justifie notre salaire», entend-on dire de la part de certains de ces «cadres» qui ne pensent qu'à tout abandonner. Ils se plaignent de la routine, des conditions de travail médiocres. «C'est un métier que j'avais choisi par amour, par conviction mais dans lequel je ne me retrouve plus aujourd'hui. Je suis en train de refaire les mêmes choses que j'ai déjà faites plusieurs fois durant des années», affirment-ils. Des enseignants du moyen et du secondaire, voire du supérieur, ne prennent pas la peine d'actualiser leurs cours. Un ingénieur en travaux publics reconnaît qu'il se consacre plus à son travail dans un bureau d'études privé qu'à l'entreprise étatique qui l'emploie. «Ils ne méritent pas que je dépense plus», dit-il, en critiquant le fonctionnement de l'entreprise qui l'emploie.
De toutes les façons, affirme-t-il, «je ne compte rester ni dans l'une ni dans l'autre».
Le jeune homme a pris contact avec des responsables d'une entreprise étrangère qui «travaille mieux» et «paye mieux» pour se lancer vraiment dans ce qu'il aime faire.
Dans de nombreux établissements de santé, à travers le pays, des médecins sont recrutés dans le cadre du pré-emploi. Ils perçoivent un salaire de 10 000 à 12 000 DA. Une fois le contrat terminé (généralement 12 mois), ils rentrent chez eux. D'autres jeunes diplômés, dans d'autres spécialités, subissent le même sort. A quoi bon consacrer alors de longues années à des études universitaires qui ne mènent finalement à rien ? Travailler comme manœuvre -sans discréditer le métier (il n'y a pas de sot métier)- dans un chantier de construction fait gagner plus. Par ailleurs, devrions-nous le souligner, des cadres qui se débrouillent parfaitement bien, usant de leur intelligence, de leur savoir-faire, de leur sens des relations publiques… ont bien réussi à accéder aux postes souhaités, imposer le respect autour d'eux et aspirer à des postes plus importants. Malheureusement, dans leur quête de prospérité et de grandeur, certains ont fini par tomber trop bas. Ils ont abusé de leur pouvoir pour s'approprier des biens d'autrui, de la communauté, et salir, en fin de compte, leur propre nom. Heureusement que ce n'est pas le cas de tout le monde. Des hommes et des femmes intègres veillent au maintien des valeurs sociales.


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