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Briser le silence : une faille dans le dispositif sioniste
Des soldats et des officiers israéliens dénoncent les crimes d'Israël
Publié dans La Tribune le 30 - 12 - 2010

Des soldats et officiers israéliens ont décidé de briser le silence. Ce mouvement s'est tout simplement appelé ainsi : «Briser le silence». En soi, ce titre souligne la difficulté de la tâche. Briser reste un verbe attaché à l'action sur une matière dure, compacte qu'on ne peut travailler sans rupture, sans rompre avec un état physique ou un état des faits.
Des crimes qui plongent aux racines sionistes
Ceux qui ont décidé de briser ce silence ont donc pleinement conscience qu'ils font face à un mur, à une immense résistance. Faut-il alors que le poids de ce qu'ils portent dans leur conscience soit à ce point lourd que même l'adversité et l'ampleur de la tâche n'arrivent plus à les décourager ? Se rapportant à des faits de guerre, cette action de briser le silence désigne le terrain ordinaire sur lequel se déroulent les faits de guerre : celui du rapport de force. C'est en cela que le terme «briser» prend toute sa pertinence. Se pose alors la question immédiate : ces soldats et ces officiers pourront-ils briser quoi que ce soit dans l'actuel rapport de force ? La lecture de ce qu'ils révèlent n'atteint en aucun cas le degré de terreur et d'effroi que dégage le travail de l'historien israélien Illan Pappe établi en Grande-Bretagne : «Le nettoyage ethnique de la Palestine» (latribune-online.com). Et à la limite, à ces soldats on aurait pu envoyer des exemplaires de l'ouvrage de l'historien. En matière de crime, cela aurait singulièrement relativisé les leurs et ils en auraient appris au moins une chose essentielle : Israël ne survit que par le crime seulement. Israël est le produit du crime. Il est l'essence même du crime et en la matière, Israël laissera loin derrière son palmarès l'Afrique du Sud de Botha. Seules peuvent le surpasser les grandes puissances coloniales, France et Grande-Bretagne, ou encore les Etats-Unis avec le génocide totalement réussi des tribus indiennes d'Amérique, avec la guerre du Vietnam et avec leurs sanguinaires ingérences en Amérique latine, dont on peut trouver une partie du bilan dans l'œuvre de Noam Chomsky.Pourquoi le travail d'historien, recoupé, vérifié, revérifié - et travail d'un historien israélien de surcroît - dont il faut saluer l'extraordinaire probité et l'extraordinaire courage, n'a pas ému au-delà de cercles très restreints ? Ce qu'on y lit reste autrement plus terrible dans les détails restitués, documents à l'appui, des plans de massacre, de la planification systématique de la terreur, de la programmation froide des villages palestiniens à brûler, terrorisés de proche en proche, alors que l'organisation sociale et politique de la Palestine laissait les villageois incapables de réagir et de se liguer contre les actes terroristes de la Haganah et de l'Irgoun. Le travail de découverte de la vérité historique d'Illan Pappe va se heurter au silence médiatique. Quelques brèves notes de lecture parcourues par les rares usagers des rubriques livres et le travail d'Illan Pappe devient un ouvrage vite oublié parmi d'autres. Pour le grand public, les mêmes journaux et les télés auront entretemps déversé le même jour, en propagande pro-israélienne, un espace équivalent à des millions de fois - bien lire des millions de fois - l'espace consacré à l'histoire réelle
d'Israël. On ne peut que constater que le silence a couvert ces révélations sur les racines sionistes anciennes des crimes actuels, culturellement et idéologiquement bien ancrées.
Une première différence
Il faut noter une première différence. Le travail d'Illan Pappe concerne des révélations sur des criminels. Le travail des autres intellectuels ou journalistes, le travail des militants portaient sur les crimes perpétrés par les sionistes. Parmi eux de nombreux Juifs, israéliens ou non, occupent une place prépondérante dans la dénonciation. Contre ces Juifs, le lobby sioniste et ses intellectuels médiatiques ont inventé la notion de «haine de soi». Leur parole en serait d'avance disqualifiée car porteuse d'une autodestruction. Peu importe que leur parole soit antisioniste et donc politique. Elle devient ipso facto une parole religieuse. Une parole antisioniste est forcément une parole antijuive. Comme il est difficile de traiter d'antisémite un Juif antisioniste - et parmi eux d'éminentes figures de savants comme Freud ou Einstein, de théoriciens comme Anna Arendt, de rescapés de camps de la mort ou de la résistance antinazie - les «philosophes cathodiques» ont trouvé l'astuce psychanalytique de l'intériorisation de la haine. Pour les personnalités non juives, c'est relativement plus facile : elles sont pro-palestiniennes. Alors que les agents du lobby sioniste interviennent ouvertement comme militants de la cause sioniste, ils récusent la qualité d'intellectuels aux personnalités qui entendent s'en tenir aux faits et à la vérité. Il faut évidemment de sérieuses contorsions mentales pour y parvenir, mais le mécanisme pour y réussir reste relativement simple. La formule «pro-Palestiniens» place d'emblée le lecteur ou l'auditeur au rang d'arbitre entre les pro-Palestiniens et les autres. Qui sont les autres ? On ne sait pas ! Littéralement, on ne sait pas. Quand vous lisez la formule dans le Nouvel Obs, dans le Figaro ou dans le Monde, ce n'est pas un pro-Israélien qui vous parle, c'est un journaliste avec toute la mythologie de la neutralité qui accompagne la fonction. Si c'est un type réputé neutre qui vous parle de pro-Palestinien, la messe est dite. Les points de vue, les analyses, les positions des pro-Palestiniens, comme l'indique la qualification, sont pro-palestiniens, et donc subjectifs et donc pas objectifs et donc partisans et donc partiaux et donc pas vrais et donc pas réels. A l'intérieur de cette enveloppe, il suffit d'appuyer sur pro-palestiniens ou son envers «anti-israélien». B. H. Levy abuse à n'en plus pouvoir de ce mécanisme simpliste pour opinions simplistes. Il lui suffit, pour tenir la place de l'arbitre, d'accuser tout antisioniste de vouloir «diaboliser» Israël et d'être bien sûr antisémite.
Le sionisme contre les juifs
A la racine, le sionisme est une idéologie non juive. Il est inutile d'entrer dans les détails des controverses théologiques qui concernent d'abord les juifs. Elles resteront dans l'histoire, mais après les côtés politiques. Car Herzl a proposé un Etat d'Israël qui soit l'avant-poste de la domination impérialiste au cœur de l'Orient. Israël est effectivement cet avant-poste. Il est l'avant-poste commun de toutes les puissances impérialistes, mais des Etats-Unis d'abord. L'Occident doit gérer l'humeur des Arabes, mais ne discute pas des besoins de son avant-poste ; il les satisfait sur tous les plans : armement, finances, diplomatie, soutien idéologique et soutien médiatique. Le tout sans faille et sans autre fard que le strict minimum à présenter aux Arabes si besoin est. Il réservera aux révélations des soldats et des officiers israéliens la portion congrue d'une curiosité. Les vraies analyses se feront ailleurs, loin des lecteurs. La grande différence entre l'œuvre d'Illan Pappe et ces révélations, c'est le moment historique : l'Etat israélien a atteint le sommet de sa puissance en tant qu'Etat occulté des Etats-Unis et de l'Union européenne. Il a réussi à créer de toutes pièces une société israélienne à partir d'éléments disparates venus de tous les coins du monde et surtout de toutes les armées des grandes puissances. Il a réussi à enterrer sous un silence de plomb tous ses crimes baptismaux. Mais il a réussi à les enterrer car les criminels étaient imbus de l'idéologie sioniste pour qui les Palestiniens étaient des «cafards», des «sauterelles», des «poux», un «non-peuple» qu'il fallait écraser. Avant et après l'agression sur Ghaza, d'innombrables modèles de tee-shirts appelaient à tuer «deux en un» la mère et son fœtus, à écraser les femmes et les enfants, etc. Ces appels au meurtre et aux massacres racistes ont fait l'objet de brefs articles des médias. Tout comme les recommandations des rabbins militaires de tuer sans scrupules les Arabes sous peine de damnation. Et chacun se souvient de la soldate israélienne étonnée qu'on lui reproche de s'amuser de «son prisonnier palestinien» à qui elle appliquait les recommandations ordinaires de sa hiérarchie. Qui sait que mille deux cents enfants palestiniens ont connu la prison cette année dans la seule ville d'El Qods ? Pour pouvoir perpétrer perpétuellement le crime, le criminel doit avoir sa conscience pour lui, être d'un racisme à toute épreuve et considérer l'autre comme un insecte ; d'où d'ailleurs les emprunts à la zoologie et à l'entomologie pour désigner les Palestiniens. Ce qui est nouveau dans ces révélations, c'est l'existence d'Israéliens qui ne sont pas suffisamment sionistes pour tuer et réprimer sans remords. C'est cela la différence : l'idéologie sioniste devient insupportable pour la conscience de membres de son armée, seule réalité humaine d'Israël. Or, si Israël échoue ne serait-ce qu'en partie à réifier les Palestiniens dans la conscience d'une partie d'Israël, à en faire des choses qu'on peut briser, anéantir, exposer ou s'en amuser, Israël se délégitimera. Les sionistes seront obligés de «re-sioniser» la société israélienne, de la livrer aux intégristes et en faire un enfer, un vrai pour tout non extrémiste. Ce sera la course à l'extrémisme, aux Avigdor Lieberman encore plus violents et plus expansionnistes et racistes. C'est déjà un signe que Netanyahou ait trouvé plus extrémiste que lui. Bientôt, il sera au centre.
M. B.
Extraits :
*«Certaines photos sont troublantes, admet-il, mais je ne suis ni fier ni honteux d'avoir fait ce que j'ai fait. On m'a envoyé à Hébron, je n'ai pas choisi d'y aller.» Le jeune homme marque une pause, tire longuement sur sa cigarette et poursuit : «La plupart des militaires finissent par se conduire de manière immorale, mais c'est l'occupation qui corrompt», dit-il. Quelque 1 200 militaires assurent la sécurité des 600 colons retranchés dans le quartier d'Al Khalil. Sur deux écrans de télévision des films vidéo qui font froid dans le dos sont diffusés en boucle. Les visages des militaires et leurs voix sont masqués pour éviter de les identifier. «Vendredi, une unité a tué deux Palestiniens. J'ai vu trois soldats exhiber leurs corps et poser avec eux», dit l'un des militaires dans le film. Un autre évoque le cas d'un enfant palestinien heurté par une voiture de colons : «Ils ont examiné les dommages causés à la voiture et ont dit à propos de l'enfant : ‘'C'est pas grave, c'est un Palestinien''». Un troisième raconte l'histoire de funérailles palestiniennes interrompues par un officier en colère : «Il les a insultés et a pointé son arme sur un vieillard de 80 ans. Ce n'est pas humain de faire ça.» «J'ai réalisé combien l'on devient ‘'accro'' au pouvoir de domination», explique un autre soldat. «J'en suis physiquement malade», dit Keren Arnon, une mère de trois enfants, dont le fils est sur l'une des photos exposées. «Je n'avais pas réalisé que c'était si terrible», ajoute-t-elle, les yeux rougis par les larmes.
*«J'ai été terrifié par mon reflet dans le miroir. J'ai décidé qu'il fallait que les Israéliens se rendent compte de ce que leurs enfants faisaient dans les territoires.» En 2004, il crée Breaking the Silence et organise à Tel-Aviv une exposition réunissant des témoignages audio et vidéo de ses collègues soldats. L'expo fait la une des journaux et bouscule les certitudes. «Les Israéliens ont confiance en leurs soldats. Lorsque nous affirmons que les règles d'engagement étaient très permissives lors de l'opération Plomb durci, que des crimes de guerre ont été massivement commis, les Israéliens sont nombreux à nous croire.» Ce qui explique que, depuis l'été 2009, Breaking the Silence est la cible d'une campagne de dénigrement de la part du gouvernement. L'ONG est bannie des plateaux de télévision et le ministère de l'Intérieur a demandé à Bruxelles de lui couper toute subvention.
*Yehuda Shaul tient au caractère juif d'Israël, «mais cela dépend de quel judaïsme nous parlons. Si c'est celui des colons, non ! s'exclame-t-il, en colère. A Hébron, je ne portais pas ma kippa, pour ne pas être assimilé à eux. Le judaïsme n'a rien à voir avec la discrimination d'un autre peuple, ni avec le vol des terres palestiniennes.» Son judaïsme est respectueux des Commandements, comme celui de son père, le seul de la famille à s'être exprimé sur son engagement : «Il est venu à l'exposition de 2004, il a écouté le témoignage d'un soldat qui disait que sa brigade avait interrompu un enterrement dans une ville palestinienne. Le cercueil était resté en plan. Il m'a alors demandé si j'avais commis ce genre de choses. J'ai répondu oui. Il est parti.» Une semaine après, le père réapparaît. «Il est venu vers moi et m'a dit : ‘'Je veux que tu saches que je comprends ton combat.”» Une brèche dans le silence.

* La chose dont je me souviens, et qui m'a affecté le plus émotionnellement pendant tout mon séjour à Hébron, c'est alors que je venais d'arriver. J'étais de garde quand, soudainement, une jeune fille colon arrive et crie : ‘'Soldat, soldat, venez vite, il y a un Arabe ici qui attaque une fille !'' Je m'alarme, et approche, mon arme enclenchée. La scène qui se déroule sous mes yeux est celle d'un Arabe avec ses deux enfants. Il essaye de les protéger d'une fille colon qui leur jette des pierres. Je pète un plomb et me mets à lui hurler dessus : ‘'Mais qu'est-ce que tu fais, qu'est-ce qui se passe ici ?'' Et me voici déchiré entre, d'un côté la gamine qui jette des pierres et qui hurle que c'est un Arabe et qu'on devrait le tuer, qu'ils ne devraient pas être là, et de l'autre, le père, pauvre gars, qui semble me dire avec ses yeux désarmés : ‘'On est habitués, ça fait longtemps qu'on vit là, c'est pas grave.''»
* «Ce que j'ai fini par réaliser après six mois là-bas (Hébron), c'est que nous devions protéger les Palestiniens des Juifs, plutôt que de protéger les Juifs. Les Juifs sont ceux qui menacent les Palestiniens dans cette zone.»
* «Ce que j'ai fini par comprendre à la fin de mon service, ce qui m'a le plus dérangé était de savoir si je m'étais protégé moi-même ou si j'avais protégé mon pays. Vers la fin, j'ai mieux compris, j'étais au point où je ne protégeais que moi-même, parce que je ne m'identifiais pas à l'idéologie... Ce qui m'a le plus dérangé, c'était de voir ces gens que j'étais supposé protéger me regarder avec mépris, et que je finissais par protéger en fait les gens qui étaient censés être un danger pour eux...»


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