Photo : M. Hacène De notre envoyée spéciale à Mostaganem Wafia Sifouane C'est à la maison de culture Ould-Abderrahmane-Kaki, où la 44e édition du Festival national du théâtre amateur a élu domicile depuis le 21 juin dernier, que la troupe du Théâtre de la mer a présenté, samedi dernier, son spectacle Vengeance. Mise en scène par Ahmed Belalem, la pièce relate l'histoire d'une jeune fille au cœur meurtri qui n'arrive pas à faire le deuil de son père et ne rêve que d'une unique et seule chose : le venger. Père de trois filles et d'un garçon, l'homme a perdu une de ses filles suite à une grave maladie incurable selon les médecins. Mais sa femme l'accusera d'avoir négligé la petite enfant et de l'avoir tuée. Elle s'en éloignera et ira chercher refuge chez son amant. La femme finira par tuer le père de ses enfants pour épouser son amant, un homme richissime et sans scrupules. Emportée par les joies de la vie et ayant retrouvé une seconde jeunesse, cette femme fatale répudiera son fils et tentera de façonner ses filles à son image. Mais une des filles est imperméable aux suggestions de sa mère. Son cœur s'est durci. Elle n'arrive pas à oublier l'assassinat de son père, ni à faire son deuil. Passant ses journées à pleurer son père, la jeune fille attend impatiemment le retour de son frère pour rendre justice à leur défunt père. Jouée dans une semi pénombre qui illustre parfaitement ces sentiments noirs de vengeance, de haine et de trahison, la pièce a créé une ambiance angoissante. Jouée en arabe dialectal, elle a su captiver le public qui suivait attentivement la dégradation mentale que subissait la jeune fille, obsédée par une envie de vengeance aveugle. Telle une maladie la rongeant de l'intérieur, ce sentiment finira par lui faire perdre la raison et poussera son frère à commettre l'irréparable : tuer leur mère et son amant. Le crime accompli, les deux enfants prendront conscience de la gravité de leur acte, mais il est déjà trop tard. Le poids du crime est trop lourd à porter. La jeune fille se réfugie dans les limbes de l'aliénation. Véritable leçon de morale, le texte de la pièce est riche. L'auteur a opté pour une écriture en prose riche en sens. Hélas, le côté trop moralisateur a néanmoins alourdi la pièce, surtout si l'on ajoute le dialogue direct avec le public. Côté scénographie, le décor comprend des rideaux blancs sur lesquels étaient projetées des images. Mais cette projection était inutile. Elle n'a fait que distraire les gens sans apporter un plus à la pièce. Le metteur en scène aurait pu se contenter du tronc d'arbre mort mis sur le devant de la scène et qui renvoyait à l'esprit du père assassiné. S'agissant de l'interprétation, les comédiens ont donné l'impression de fournir un effort surhumain pour camper leurs personnages, mais ils n'arrivaient pas à dégager une émotion. La chorégraphie est également présente, exécutée par les chœurs qui tenaient les rôles des voix intérieures de la jeune fille. Par ailleurs, on notera que depuis le début du festival la qualité des représentations laisse à désirer. Certains justifieront cette baisse du niveau par le fait que les pièces soient des œuvres d'amateurs ! Mais depuis quand l'amateurisme est-il devenu synonyme de médiocrité ? Des amateurs n'ont-ils pas produit un théâtre de qualité qui a fait rougir des professionnels ? Et ce ne sont pas les exemples qui manquent.