Photo : Riad Par Karima Mokrani Bien difficile seront la rentrée et l'année scolaire 2012/2013 pour l'ensemble des membres de la famille de l'Education nationale dans le cycle secondaire. C'est à cause d'un problème réel de surcharge des classes, en raison de l'arrivée de deux promotions d'élèves, issus des deux systèmes d'enseignement primaire : la sixième et la cinquième. Conséquence directe de la mise en œuvre des réformes du ministre de tutelle, Boubekeur Benbouzid, sans examen approfondi de la situation et sans consultation des concernés, les syndicats à leur tête. Ces derniers n'ont eu de cesse d'alerter les responsables du secteur sur ce risque de surcharge dans tous les établissements du secondaire à travers le pays. Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA), par la voix de son porte-parole, Idir Achour, parle d'un excédent de 150 000 élèves dans le secondaire, auxquels s'ajouteront les enfants des réfugiés syriens, dont le nombre n'est pas encore connu du fait du refus de certaines de leurs familles de rejoindre les sites ouverts spécialement pour leur hébergement. Le même syndicat évoque un chiffre de 45 à 50 élèves par classe. Vraiment triste dans un secteur qui prétend sortir définitivement de la crise et s'ouvrir au changement de façon à suivre la nouveauté et les transformations qui s'opèrent dans le monde. Quarante-cinq à cinquante élèves dans une classe du secondaire est inadmissible à l'ère des réformes, surtout que les nouveaux programmes ne sont pas à la portée de tous et la méthode d'enseignement aussi. Les taux élevés de réussite au baccalauréat sont trompeurs, sommes-nous tentés de dire, du fait qu'ils ne reflètent pas les conditions difficiles d'enseignement dans le secondaire, encore moins le niveau véritable des élèves. Du bâclage, rien que du bâclage, d'année en année, pour justifier une politique gouvernementale loin de la réalité du pays. Plusieurs fois, les responsables du secteur ont été alertés sur ce risque de surcharge, un problème parmi tant d'autres que le ministre et ses collaborateurs préfèrent plutôt fuir que d'identifier et de résoudre de la bonne manière. Depuis 2007/2008, l'année de l'arrivée des deux promotions dans le CEM, rien n'a été fait, sinon très peu de choses, pour préparer leur accueil dans le secondaire. Le Snapest donne un chiffre de seulement trois nouveaux établissements du secondaire, ouverts cette année, alors que les besoins sont estimés à 16 au minium. Sur le plan de l'encadrement, le même syndicat parle d'un besoin en postes de 940, alors que 252 seulement seront ouverts. A peine 25%! Un concours devra être organisé dans les jours à venir et, comme chaque année, les critères de sélection ne profitent pas toujours à ceux qui méritent. Surtout pas aux contractuels, dont certains se sont mis au service de la communauté éducative pendant plus d'une dizaine d'années sans la moindre reconnaissance. Un grand nombre d'entre eux s'est retrouvé sans emploi et sans indemnité. Le problème de ces contractuels continuera à se poser toujours dans le secteur de l'Education nationale et restera comme une tâche d'huile dans les dossiers de Boubekeur Benbouzid qui traîne à trouver les solutions adéquates malgré l'urgence de la situation. Sur un autre plan, ce sont pratiquement tous les syndicats du secteur qui comptent reprendre la protestation juste au début de l'année scolaire, non satisfaits des réponses du ministre à leurs doléances socioprofessionnelles. Les mêmes syndicats sont d'autant plus frustrés qu'un nouveau statut particulier a été adopté sans leur approbation et sans que ce dernier ne réponde à leurs aspirations. Bien au contraire, certaines dispositions contenues dans le nouveau texte les emprisonnent plus qu'elles ne les libèrent. Les promesses du même ministre de verser la deuxième tranche des rappels à partir du mois de septembre ne changent pas leur appréciation des faits. Peut être qu'ils n'y croient même pas. Une nouvelle année turbulente s'annonce dans le secteur de l'Education nationale. Aux responsables du secteur et du gouvernement de prendre les mesures qui s'imposent pour contrecarrer des conflits certains qui n'ont pas lieu d'être.