Jamais une distribution de logements ne s'est déroulée sans remous à Oran et les contestataires étaient toujours nombreux à vouloir mettre un terme à ces «opérations de complaisance» au cours desquelles, dénonçaient-ils, ce sont toujours les mêmes qui bénéficiaient des logements : «Très peu sont dans le besoin et beaucoup ont déjà leurs propres appartements !», entendait-on parmi ces milliers de déçus qui hurlaient leur colère dans la rue en exigeant des commissions d'enquête.Depuis qu'il est question d'attribution de logements, les quartiers d'Oran ne connaissent pas de répit et chaque opération de distribution connaît son émeute et ses mouvements de colère. En 2005 par exemple, la remise des clefs aux bénéficiaires des 1 377 logements Aadl de l'Usto avait été chahutée par des demandeurs mécontents ; une année plus tard, le tirage au sort pour l'attribution des 790 logements au profit des habitants des Planteurs qui avait eu lieu au Palais des Sports avait tourné à l'émeute, de violentes manifestations ayant émaillé l'opération. En 2007, dans les mêmes lieux, l'attribution de 1 000 logements avait donné lieu à des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre qui avaient abouti à de nombreux blessés, des arrestations et des dégâts matériels. En août de la même année, des habitants de la nouvelle cité Haï Yasmine avaient profité de la visite du président de la République pour organiser un rassemblement et l'interpeller sur les conditions opaques qui entouraient la constitution des listes de bénéficiaires et le mode d'affectation des logements. Des dizaines d'autres mouvements de colère plus ou moins violents ont accompagné chaque opération de distribution de logements : cette année encore, des décisions controversées de préaffectation de logements dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire ont provoqué de violents affrontements entre exclus de la distribution et forces de l'ordre. Et aujourd'hui, l'absence de confiance en les pouvoirs publics aidant, la moindre rumeur annonçant la distribution de logements provoque des frémissements au sein de la sociétéAvant même que le nouveau ministre de l'Habitat rassure sur la détermination de l'Etat à «rétablir la transparence totale dans les opérations de distribution de logements», le wali d'Oran avait pris l'engagement de lutter contre les pratiques opaques qui marquent les opérations de distribution à Oran : «Nous avons identifié ces personnes (400 indus bénéficiaires des préaffectations de janvier dernier ont été débusqués, Ndlr) et s'il faut donner des noms, nous les donnerons. Notre mission est de lutter contre ces pratiques», avait-t-il promis au lendemain des événements, en rappelant le programme de construction mis en place, notamment celui portant sur plus de 39 000 logements qui devraient permettre, selon lui, de répondre à l'ensemble des besoins dès l'année prochaine. Le wali dispose de sérieux arguments dont une importante dynamique de construction de logements qui a permis la distribution de milliers d'unités et le lancement d'autres projets de réalisation de logements. Il est utile de rappeler, à ce propos, que les pouvoirs publics travaillent à l'éradication de l'ensemble des 155 bidonvilles recensés à travers le territoire de la wilaya : selon les chiffres officiels, plus de 30 bidonvilles, soit quelque 9 000 constructions illicites, se trouvent dans la commune d'Oran, les autres étant répartis dans les communes de Sidi Chami, Es-Sénia et El Hassi. Et que, de son côté, affirme-t-on, la Gendarmerie nationale continue d'enquêter - depuis la démolition du bidonville d'El Hassi en 2008 - sur la mafia des bidonvilles, une organisation que l'on soupçonne d'avoir fait main basse sur des parcelles de terrain pour y construire illégalement des maisons de fortune et les vendre à des demandeurs arrivant d'autres wilayas.