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Yebda : «C'est le sang et le drapeau qui m'ont attiré vers l'Algérie»
Publié dans Le Buteur le 17 - 12 - 2009

«En équipe de France, avec Meghni, à 17, 18 et 19 ans, on parlait tout le temps de l'Algérie. On se disait que ce serait magnifique d'y jouer un jour»
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On vous voit beaucoup sollicité par les médias anglais ces derniers temps. Est-ce en raison de la Coupe du monde ?
Oui, parfaitement, c'est l'effet Coupe du monde comme vous dites, car comme on est tombés dans le même groupe que les Anglais, il est normal pour les journalistes de se rapprocher des joueurs algériens d'ici. Ils veulent naturellement en savoir un peu plus sur l'équipe d'Algérie à travers nous.
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On vous découvre un peu plus, comme Paul Hart qui disait qu'il partait à l'aventure en vous recrutant, ou on vous connaissait déjà avant d'arriver en Angleterre ?
Non, ce n'est pas vrai, ce qu'il a dit, car bien sûr, il m'avait déjà vu jouer, sinon cela aurait été grave qu'on recrute un joueur à l'aveuglette, sans savoir ce qu'il vaut. C'est sûr qu'il avait vu beaucoup de choses de moi avant de me prendre. Maintenant c'est sûr qu'ils doivent me découvrir un peu plus en Angleterre et je pense que ça ne fait pas de mal.
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Quelles sont les questions qui reviennent le plus souvent chez les journalistes anglais ?
Sur moi, ils me demandent surtout à quel poste je joue en sélection d'Algérie, parce que, ici à Portsmouth, on m'utilise plus comme un milieu excentré plus à droite aujourd'hui, alors que pour les premiers matchs je jouais plutôt à gauche. Ils veulent savoir un peu plus si je joue plus à droite, à gauche devant ou derrière. La question qui revient le plus aussi chez les journalistes anglais, c'est celle liée à nos ambitions, à savoir si on a en tête de se qualifier et battre l'Angleterre.
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Et vous leur répondez quoi au juste ?
Eh bien, je leur dis que l'Angleterre est bien au-dessus dans ce groupe, mais que sur un match de 90 minutes, tout peut arriver.
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Ils le prennent comment ? Ils se disent que ce Yebda se la joue un peu malin ou il vous prennent un peu de haut ?
Non, non, ils sont plutôt contents car je joue un profil bas et ça les conforte dans leurs certitudes. Je leur dis que l'Angleterre est le grand favori du groupe, avec toutes les individualités de très haut niveau qui composent son équipe et que normalement, il n'y a pas de raison pour qu'ils ne gagnent pas tous leurs matchs. Ils voient que j'ai beaucoup de respect pour cette équipe d'Angleterre et je pense qu'ils ont aussi du respect pour nous.
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Maintenant si vous avez en face de vous un des supporteurs algériens qui ont fait le déplacement à Khartoum, vous lui diriez quoi par rapport à nos chances dans ce groupe et notamment face aux Anglais ?
Je lui dirai que quoi qu'il arrive et quel que soit l'adversaire, on va se donner à 200 % dans ce Mondial.
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Vous lui diriez qu'on les défoncera ces Anglais ?
(Il se marre) Oui, c'est ça en gros, mais il ne faut pas le répéter… (il rigole franchement).
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Comment les gens perçoivent le football algérien en Angleterre ?
Je n'en sais pas trop, parce que je pense qu'ils ne le connaissent pas trop.
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Ils savent au moins que les Allemands nous avaient pris de haut en 1982 et ils ont pris un 2 à 1 à la fin contre l'Algérie ?
Les plus anciens oui, mais les plus jeunes, pas trop. C'est de la vieille histoire pour eux. A nous d'en écrire une nouvelle.
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Après la victoire contre l'Egypte à Khartoum, on vous a vu pleurer de bonheur et d'émotion dans les vestiaires…
C'était incontrôlable, parce que ce n'est pas quelque chose qu'on vit tout seul, ni à onze, ni à 18, ni à 25. C'est un moment historique qu'on se doit de partager avec tout notre peuple. C'est ça qui donne cette émotion puissante qui vous déchire le cœur de bonheur.
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Mais quels sont les éléments qui vous ont le plus touché au point de vous arracher ces larmes ? Est-ce les prières répétées derrière Cheniouni, ou la Fatiha récitée en groupe ou une de ces choses que vous découvriez pour la première fois ?
C'est tout cela à la fois en fait, toute cette communion nous a tous marqués. Personnellement, ce sont des choses que j'ai vécues depuis que je suis arrivé en sélection et c'est sûr que ça donne envie d'en savoir plus et de continuer…
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Quel était votre rapport à l'islam avant d'arriver en sélection d'Algérie ?
En fait, je connaissais certaines choses de l'islam, mais depuis mon arrivée en sélection, ça m'a donné envie d'en savoir plus, à voir toute l'équipe vivre ces moments ensemble. On en apprend tous les jours un peu plus.
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C'est un véritable coup de cœur que vous avez eu pour cette équipe d'Algérie, après avoir vécu des moments historiques dans lesquels vous avez pleuré ensemble, rigolé ensemble, souffert ensemble, prié ensemble dans une parfaite harmonie, non ?
C'est sûr qu'en venant en sélection, je n'imaginais pas pouvoir vivre de telles émotions. Tout le monde a vu qu'il y avait une ambiance de folie au sein de l'équipe. On rigolait tous ensemble et on vivait très bien tous ensemble. Après le match, vous avez vu qu'on pouvait aussi pleurer tous ensemble. En sélection, on fait tous la prière ensemble, donc voilà…
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Vous avez fait aussi la prière avec le groupe ?
Oui, le vendredi quand c'est un imam qui vient, on se met tous derrière lui, ou alors c'est Boubekeur (Cheniouni) qui fait l'imam.
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Vous faisiez la prière régulièrement avant de venir en sélection d'Algérie ?
Oui, un petit peu, je la connaissais un peu, mais c'est quelque chose sur laquelle je ne veux pas trop m'étaler, car c'est trop intime tout ça.
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Mais c'est juste pour que les gens sachent un peu plus sur l'ambiance saine qui règne au sein des Verts. Vous faisiez les cinq prières avant de venir en sélection ?
En fait, je les faisais avant, mais il y a des moments où je m'arrêtais comme tous les jeunes, puis je reprenais un peu plus tard. Mais le fait de venir en sélection et vivre cette ambiance avec les potes, forcément ça donne envie de ne plus la délaisser, car cette ambiance saine qui règne à l'intérieur du groupe nous a rapprochés tous de la religion et entre nous, Hamdoullah.
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A quoi aviez-vous pensé la veille du match de Khartoum ?
Je pensais à toute la pression qui reposait sur nos épaules. Je pensais plus au peuple algérien. Je ne voulais pas voir des millions d'Algériens déçus après le match. C'est ce qui me motivait toujours plus en fait. Je chassais de ma tête toutes les images négatives pour me concentrer sur la joie qu'on pouvait offrir aux Algériens après notre qualification.
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Et la nuit qui a suivi la qualification ?
Une fierté totale de vivre cette qualification avec tous les miens, avec les Algériens des quatre coins de la planète. Lorsqu'on a débarqué à l'aéroport d'Alger, c'était carrément la folie. Je me suis dis que c'est pour vivre des moments comme cela qu'on a tout donné sur le terrain. C'était incroyable bon !
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Comment avez-vous vécu le but de Yahia ?
Lorsqu'on est sur le terrain, on le vit forcément différemment des supporteurs. On se dit tout de suite que le match n'est pas encore terminé, on est contents, mais on se remet aussitôt au travail pour ne pas baisser de rythme. J'étais plus con centré que content.
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Vous n'avez pas joué beaucoup de matchs avec l'EN. Mais vous avez pris part au plus important on va dire, celui de la qualification. Vous vous dites que le plus beau reste à venir ?
C'est sûr que le plus beau reste à venir. Je l'espère en tout cas, car je n'ai joué que 90 minutes contre l'Egypte et quelques minutes face au Rwanda. Ce n'est pas en si peu de temps qu'on peut voir le vrai visage d'un joueur.
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Comment voyez-vous justement nos chances dans cette CAN ?
Je pense qu'on a les mêmes chances qu'en Coupe du monde. C'est-à-dire que nous allons aborder nos matchs pour les gagner tous. Il suffira juste de garder cette envie qui nous pousse à bien faire qui a caractérisé l'équipe jusque-là. Je pense qu'il n'y aura pas de souci à se faire.
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Vous avez joué avec les Bleus, puis avec les Verts. Quel moment est le plus fort des deux : un titre de champion du Monde des U17 avec les Bleus, ou une qualification avec les Verts en Coupe du monde ?
Non, ça n'a rien à voir. Une qualification avec les Verts c'est beaucoup plus fort ! C'est un autre monde, carrément ! Déjà avec tout ce qu'on a vécu à notre retour en Algérie avec le peuple, c'est le jour et la nuit. C'est vrai que gagner une Coupe du monde avec les U17, c'est quelque chose, mais là, on entre dans la cour des grands. C'est la vraie Coupe du monde, celle que dont tout le monde rêve. C'est celle que toute l'Algérie attendait depuis 24 ans. C'est là que le monde entier nous verra.
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Quel a été votre état d'esprit lorsque vous mettez le maillot des Verts pour représenter l'Algérie, en comparaison avec celui que vous aviez lorsque vous jouiez pour la France ?
Quand on est chez les Bleus, c'est quelque chose, parce que déjà, on est jeune, on découvre cet honneur d'être retenu parmi les meilleurs joueurs de France. Mais quand on met le maillot des Verts, c'est autre chose, parce qu'on sait qu'on représente nos origines, nos parents, nos grands-parents, nos oncles et toute la famille qui vit en Algérie. C'est plus sanguin, je veux dire. C'est impossible de décrire tout le bien que j'ai ressenti en mettant le maillot de l'Algérie. C'est très profond comme sentiment, plus authentique. C'est parfois même un peu trop profond, car c'est un sentiment qui dépasse l'entendement, surtout au moment de l'euphorie des victoires. En fait, c'est indescriptible tout simplement.
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Portsmouth va perdre ses six joueurs africains durant la CAN. Ça fait jaser à l'intérieur du club ?
Non, ils ne nous en parlent pas trop, mais ils vont sans doute essayer de faire sans nous pendant la CAN. On n'y peut rien, c'est l'appel du pays.
Ancelotti a l'air de bien prendre le fait de se séparer de Drogba, Essien et le reste.
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Vous auriez aimé avoir la même souplesse au sein de Pompey ?
Non, je crois qu'ils savent qu'on va partir à la CAN et personne ne dit rien de méchant à ce sujet. C'est sûr que ce n'est jamais évident de se séparer de ses joueurs pendant un mois, mais d'un autre côté, on ne peut rien faire contre ça. Il faut l'admettre et c'est tout.
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Si vous jouez la Coupe du monde, vous aurez sans doute d'autres propositions. Vous y pensez un peu ?
Non, ce n'est pas encore le moment. On verra cela l'été prochain. Aujourd'hui, c'est encore tôt pour penser à ces choses. Pour l'instant, je me concentre sur la CAN et sur la manière de sauver Portsmouth de la relégation en fin de saison. C'est ça le plus important aujourd'hui.
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Après seulement quelques matchs avec Portsmouth, vous donnez l'impression d'avoir joué toute votre vie pour ce club. Vous vous sentez un vrai Pompey aujourd'hui ?
A 200% même ! Avant de signer à Portsmouth, je savais que le club était en difficulté. Quand je suis arrivé, ils avaient perdu cinq matchs sur cinq, donc je savais que ça allait être dur cette saison. Mais j'ai accepté de relever le challenge et je ferai tout pour sauver le club de la descente, car le public qu'on a ne mérite pas d'être déçu en fin de saison.
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Que vous disent aujourd'hui les supporteurs de Portsmouth après la qualification au Mondial ?
Ils nous félicitent tous, Nadir (Belhadj) et moi, pour cette qualification et nous souhaitent aussi bonne chance, car ils savent qu'on va jouer contre l'Angleterre en Coupe du monde. Ils sont bons joueurs, très fair-play.
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C'est incroyable cette communion avec vos supporteurs qui vous applaudissent chaleureusement même lorsque vous perdez un match à domicile, non ?
C'est vraiment incroyable en effet ! Il n'y a qu'en Grande-Bretagne qu'on peut voir des réactions aussi formidables. Franchement, c'est quelque chose à vivre au moins une fois dans sa carrière. C'est très émouvant.
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On peut dire que Portsmouth vous a porté bonheur dans votre carrière ? C'est sûr que Portsmouth m'a porté bonheur. J'ai connu ma première sélection après avoir signé ici, puis une qualification pour la Coupe du monde. Je n'ai pas à me plaindre c'est sûr de ce côté-là. Mais après, le truc, c'est que je suis seulement en prêt, avec option d'achat. Donc on verra après, en fin de saison si je dois retourner au Benfica de Lisbonne, rester ici ou aller dans un grand club. On suivra le mektoub comme il vient.
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Comment avez-vous vécu à Portsmouth le feuilleton Mehdi Lacen ?
Sincèrement, je n'ai pas trop suivi ce qui s'est dit à son sujet, vu que depuis que je suis à Portsmouth, je n'ai pas Internet chez moi. J'ai juste entendu que peut-être il allait venir, mais sans plus.
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Yahia a affirmé clairement que Lacen devrait choisir le bon moment pour venir en EN. Vous auriez pu vivre la même levée de boucliers de la part de certains joueurs, si vous aviez retardé votre venue, non ?
Et bien, je suis content tout simplement d'être venu au bon moment, parce que je n'aurais pas aimé vivre ce que Lacen va peut-être vivre en venant en sélection. Mais ce qu'on devrait faire, nous les joueurs, c'est de l'aider et tout faire pour lui permettre de s'intégrer sans difficulté. Après, il n'y a qu'une seule personne qui décide dans l'équipe, c'est le coach. C'est à lui de faire le nécessaire pour ne pas laisser les choses s'envenimer. De toutes les façons, quoi que le coach décide, tout le monde doit l'appliquer et s'y soumettre.
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Lors de l'interview que vous nous aviez accordée à l'aéroport d'Alger, le jour du match aller entre l'Algérie et l'Egypte, vous paraissiez un peu hésitant pour rejoindre l'EN. Pourquoi ?
A vrai dire, je savais parfaitement ce que je voulais, mais parfois, on ne peut pas dire clairement ce qu'on a dans le cœur, de crainte de trop se dévoiler au mauvais moment.
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Maintenant que vous y êtes, dites-nous ce que vous aviez alors sur le cœur ?
La loi de la FIFA qui nous permettait de jouer pour l'Algérie venait de passer. J'étais à Taourirt Adden avec ma famille. J'ai eu Mourad (Meghni) au téléphone et je lui ai dit : «Qu'est-ce tu en penses ?» Comme on avait déjà parlé tous les deux depuis longtemps de cette éventualité, on s'est dit qu'il fallait saisir l'occasion sans réfléchir.
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Vous en aviez parlé quand avec Meghni ?
On en parlait déjà à 17, 18, et 19 ans, lorsqu'on était en équipe de France. A vrai dire, on en parlait tout le temps. On se disait, si un jour on allait jouer en équipe d'Algérie, ce serait vraiment magnifique.
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Pensiez-vous faire partie de cette équipe d'Algérie le jour du match aller contre l'Egypte, lorsque vous aviez pris le vol pour rentrer chez vous, ratant la première mi-temps et vivant la seconde chez vous à Alfortville ?
Je l'espérais vivement en tout cas. C'est sûr que cette équipe me donnait envie à chaque fois que j'avais la chance de la voir jouer. Dieu merci, j'ai pu réaliser ce rêve dès que l'occasion m'avait été offerte.
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Avez-vous déjà vu jouer Lacen ?
Non, pas encore, malheureusement. A part quelques séquences, mais ce n'est pas suffisant pour se prononcer sur son jeu.
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Certains commencent déjà à penser à vous associer à Lacen au milieu, mais au détriment de Lemmouchia et Mansouri qui sont pourtant aussi forts. Qu'en pensez-vous ?
Moi, je pense qu'il n'y a qu'une seule personne qui doit décider de qui va jouer : monsieur Saâdane. C'est lui seul qui pourra répondre à une telle question. Après, le reste n'est que spéculation. Avec nous quatre, il n'a que l'embarras du choix et c'est tant mieux pour l'équipe nationale. Il vaut mieux avoir plus que moins de bons joueurs.
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Vous qui avez vécu un peu la même situation, que doit faire, à votre avis, Lacen pour mieux intégrer l'équipe ?
Je ne sais pas, car pour moi, c'était différent, car je connaissais déjà plusieurs joueurs dans cette équipe. Je ne sais pas s'il connaît quelques joueurs aussi dans l'équipe ou pas. Je pense qu'il n'a rien à faire de particulier, à part rester comme il est et venir jouer son football. C'est plutôt à nous de faire le nécessaire pour le mettre à l'aise et lui faire sentir qu'il est le bienvenu.
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Sofiane Feghouli hésite à dire oui à l'Algérie. Qu'en pensez-vous ?
Je pense c'est un homme et en tant que tel, il doit être capable de faire son choix tout seul. S'il fait le choix de nous rejoindre, tant mieux pour lui et s'il décide de ne pas venir, tant pis pour lui. Mais il faut qu'il écoute son cœur, c'est tout et qu'il assume les conséquences après.
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Assumer les conséquences amères comme l'a fait Camel Meriem qui, s'il avait fait le bon choix, aurait pu jouer ce Mondial avec vous l'été prochain, non ?
Exactement ! C'est dommage pour lui. Meskine, le pauvre c'est un super joueur. Il a vécu de très belles choses et puis, aujourd'hui, il va rater une Coupe du monde. Il doit être sans doute dégoûté d'avoir fait le mauvais choix. Il doit se dire, j'aurais dû choisir de jouer pour l'Algérie.
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Vous êtes bien placé pour décortiquer le mental d'un jeune talent prometteur qui peut jouer pour son pays de naissance ou celui de ses origines. A quoi pense-t-on à cet âge ?
La vérité, c'est que ce qui a fait fuir tant de joueurs de la sélection d'Algérie, c'était les clichés qu'on avait sur son organisation. Tout le monde avait peur d'aller perdre son temps et rater sa carrière internationale. Moi-même, j'avais entendu beaucoup de mauvaises choses sur la sélection d'Algérie. C'est ce qui fait hésiter le plus les jeunes au moment de choisir entre la France et l'Algérie.
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Mais une fois venu, comment avez-vous trouvé l'organisation de la sélection d'Algérie ?
Franchement, l'organisation, c'est ce qu'il y a de mieux ! On m'a dit que depuis que M. Raouraoua et M. Saâdane sont revenus à la tête de l'EN, tout a été arrangé. L'organisation est tout simplement parfaite aujourd'hui. En Egypte par exemple, on avait tout l'étage de l'hôtel pour nous seuls. Il n'y avait aucun Egyptien qui pouvait y accéder. On nous met tout le temps dans les meilleures conditions possibles. On est respectés et considérés. Il n'y a rien à redire.
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Que pouvez-vous dire à des jeunes comme Belfodil, Tafer, Boudebbouz, Feghouli et les joueurs qui peuvent rejoindre les Verts dans un futur proche ?
Je voudrais leur dire que s'ils font le choix de l'Algérie, leurs parents, toute leur famille, les cousins et le peuple algérien seront fiers d'eux. C'est très important cela. Ils ne peuvent pas imaginer le bien que ça va faire à leurs parents de les voir jouer avec le maillot de l'Algérie.
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Un mot pour tous les supporteurs algériens qui vous aiment ?
Je ne les remercierai jamais assez pour tout leur soutien que ce soit au Caire, au Soudan ou en Algérie. C'était vraiment magique de les voir gagner leur match à Khartoum contre les supporteurs égyptiens. Ils étaient plus forts que nous sur le terrain ! Les images de notre retour au pays, avec la qualification dans la poche, ne veulent plus me quitter. Il suffit de fermer les yeux pour revoir tout ce monde qui est sorti dans la rue pour nous dire merci. A mon tour de leur dire une fois de plus merci, car nous avons vraiment le meilleur public du monde.
Entretien réalisé par
Nacym Djender


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