De part et d'autre de la ligne qui sépare l'opposition du clan au pouvoir, de part et d'autre de la ligne de fracture entre ceux qui étaient au pouvoir et ceux qui y sont actuellement, nulle part il n'est constaté que le dialogue est la base de l'action stratégique quotidienne. Or, sans le dialogue, les suspicions augmentent, les haines davantage, et ce sont les rapports de force qui tranchent, qui imposent mais qui, en réalité, ne font que couver les germes de conflits qui deviendront fatalement inévitables. Les émeutes par exemple, sont un appel au dialogue pour qu'à la logique des moyens de force succède celle des compromis. Un dialogue entre partis est peut- être biaisé avant qu'il ne commence car les partis dits de pouvoir n'apparaissent nullement maîtres de leurs propos. La preuve, le FFS n'a pas répondu à l'invitation du FJN. Ait Ahmed et Saadani n'ont pas le même poids en termes de crédibilité et d'engagement. Qu'est -ce qui empêcherait les vrais décideurs de faire un appel au dialogue aux partis et personnalités non partisanes mais potentiellement candidates à l'élection présidentielle? Il n'y a pas que des incompréhensions majeures sur lesquelles buttent les analyses portant sur les évènements politiques et économiques internes et externes du pays et sur leurs implications. Il y a plus grave. Les enjeux de pouvoir n'incitent pas au partage dans le cadre de l'intérêt général, c'est pour chacun, la loi du tout ou rien. Ou alors, du tout et du rien. En absence totale des informations, il ne reste plus aux analystes qu'à tenter d'accéder, avec une marge d'incertitudes peut- être, au code du cheminement de pensée des grands décideurs et des institutions de souveraineté plus particulièrement. Serait- il naturel de bâtir sa stratégie sur le meilleur usage à faire de la crise au lieu de tenter ensemble à la résoudre? Faire de l'hostilité de l'autre, le milieu générateur de sa propre stratégie ? Les objectifs se rejoignent ainsi pour l'entretien de la crise. Il faut croire qu'il y en ait qui cherchent à l'entretenir puisque celle -ci dure et perdure … On a l'habitude de désigner des institutions mais pas des hommes et pourtant, le président de la République avait utilisé un concept destiné à structurer la pensée des analystes et de la classe politique. Nous voulons, disait -il, construire une " démocratie qui soit conforme à nos valeurs ". Quelles valeurs ? Quel contenu à ce concept de démocratie ? Quels dividendes et qui doit les tirer ? Chacun reste sur ses positions. Cela revient à dire que ceux qui ont en charge d'empêcher l'entretien de la crise n'en ont pas les moyens, ou les capacités, ou les compétences, ou les mains libres ou tout simplement la volonté. Ceux- là existent tout de même tant au sein de ceux dont on dit qu'ils sont au (ou avec le) pouvoir qu'en dehors (ou en opposition) de celui-ci. La disponibilité des clans opposés à aller vers une guerre interne qui ne soit pas seulement d'ordre du vocabulaire laissera plus de séquelles que n'en a laissé la " tragédie nationale ".Le refus d'engager le dialogue, n'augure- t- il pas d'une autre tragédie ? Nous tenons peut- être là la réponse à la double question: Pourquoi alors tous les moyens sécuritaires de l'Etat accompagnés par ceux des volontaires civils armés ne sont pas arrivés à bout du terrorisme dans sa globalité? Pourquoi n'arrivons- nous jamais à relancer la machine économique ?