La période actuelle que traverse le pays se caractérise par une situation des plus critiques sur le plan économique en raison de la baisse brutale des prix des hydrocarbures sur les marchés mondiaux. " La situation à laquelle est confronté notre pays est délicate. Nous devons tous en être conscients. La baisse des prix des hydrocarbures risque de s'étaler dans le temps et d'impacter négativement les ressources des producteurs dans le monde. " Cet aveu du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, exprimé lundi devant les cadres du secteur de l'Energie, met en quelque sorte à rude épreuve les prédictions de croissance et autres capacités de développement. Cette vérité de M. Sellal vient au moment où le nouveau gouvernement peaufine son plan d'action, et voudrait que les secteurs public et privé soient réellement les deux moteurs de la croissance. Aussi toute la problématique est-elle de savoir comment changer de paradigme pour qu'il y ait plus de secteur public et privé en particulier, tout en promouvant un développement économique et social durable. Tout le monde en convient, le pays a enregistré, ces dernières années, d'importantes avancées en matière d'assainissement du climat des affaires. Cependant, l'impact attendu de l'amélioration de ce climat, notamment l'augmentation des investissements privés en vue de la création de richesses et d'emplois reste encore limitée et les défis à relever sont encore importants, notamment le renforcement des capacités des acteurs des secteurs public et privé à travers un accompagnement approprié. Dans cet esprit de rénovation, le Premier ministre insiste sur la mue de l'économie nationale à travers la production et la création de richesses et d'emplois. Pour cela, il dit : " Le gouvernement s'appuie sur les leviers de soutien à l'investissement productif, d'amélioration du climat des affaires, d'accélération des réformes structurelles, mais aussi de lutte contre toutes les formes de gaspillage et la rationalisation de la dépense publique." Le modèle de croissance retenu par M. Sellal dans cette stratégie semble faire du secteur public et privé le moteur de la croissance. En effet, la détermination politique vise à rendre ces deux secteurs plus dynamiques en termes de création de richesses et d'emplois. Elle met par conséquent l'accent sur la promotion des pôles de croissance dans le secteur industriel, agricole en vue d'un développement de filières porteuses, la promotion de niches et de grappes d'entreprises, ainsi que la promotion d'une croissance en faveur des plus démunis. De la même façon, le pays doit être doté des moyens de développement qui permettront à la production nationale de répondre aux besoins en produits de consommation et de biens d'équipement. En vérité, la diversification de la production nationale est une occasion pour le secteur national privé de participer à l'effort de développement global par une large mobilisation autour de l'après-pétrole, notamment à travers la création d'unités de production et PME. Cette participation du secteur privé national permettra, dans le cadre de la croissance en général, de booster la production nationale et sa diversification, ce qui aura pour résultat de dispenser progressivement l'économie nationale du recours à l'importation et de préparer sereinement l'après-hydrocarbures. Telle est la voie tracée face à la crise actuelle et pouvant du même coup aboutir à la densification de l'économie nationale et du réseau industriel à travers l'ensemble des régions du pays et des branches de production et, par-là, consolider la complémentarité de l'économie.