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Au pays des aveugles, le borgne Ouyahia est roi
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 14 - 03 - 2010

Deux jours après le monologue de presse d'Ahmed Ouyahia, personne dans ce qui sert de classe politique ou de média n'ose critiquer la plus désastreuse déclaration de mauvaise gouvernance que l'Algérie ait connu depuis son indépendance. A part trois ou quatre chroniqueurs, les intellectuels ne jouent pas leur rôle d'éclairer l'opinion publique sur ce qui se passe dans ce pays. Certains par ambition d'accéder à un poste, d'autres pour préserver leurs acquis, le reste par lâcheté. Ce n'est que dans des forums de blogs sur internet qu'on trouve des avalanches de critiques anonymes et inaudibles.
Le fait qu'Ouyahia soit imposé à la tête du gouvernement par le DRS suffit à tétaniser les élites qui ont l'obligation de s'exprimer, mais craignent les représailles des puissants et tentaculaires services de renseignement versés dans la police politique et de la pensée, comme aux temps les plus terribles de la Sécurité Militaire.
Ouyahia veut s'imposer en candidat unique
En tant que chef du RND, officine partisane préfabriquée et contrôlée par le DRS en 1997, Ouyahia n'a aucune légitimité parlementaire à la tête du gouvernement. Son parti ne compte que 47 députés sur 389, soit 12%, à peine plus que le parti El Islah (43 députés), contre 199 au parti FLN.
Pourtant, sa dernière apparition publique marque une nouvelle étape importante dans sa volonté de succéder à Bouteflika, déjà négociée en 2003 puis en 2008. Si l'option constitutionnelle de création d'une vice-présidence à l'américaine avait été adoptée, nul doute qu'il aurait été déclaré président sans avoir été élu.
Ouyahia se propose aujourd'hui comme candidat unique du système selon un timing qu'il veut imposer aux trois sociétés politique, économique et civile. Mais il rencontre des résistances au sein de trois appareils: le clan d'Oujda, le FLN et l'armée, sachant que la démobilisation, l'indifférence et l'impuissance des citoyens laissent toujours place aux luttes de clans et d'appareils.
Le candidat du clan d'Oujda serait toujours Saïd Bouteflika, celui du FLN actuel est Abdelaziz Belkhadem, et l'armée n'a encore ni tranché, ni avalisé le choix du DRS, ni choisi son propre candidat. C'est ce qui explique le maintien prolongé, hors de tout réalisme politique et médical, d'un Bouteflika très diminué depuis 2005.
Les hostilités entre les clans ont atteint un seuil critique par le déclenchement brutal des grosses affaires Sonatrach et l'autoroute Est-Ouest au milieu d'autres affaires secondaires. Les objectifs visés sont le remplacement des membres influents et protégés des clans, et le contrôle des sources de rente et réseaux de corruption.
Les lobbies intérieurs et extérieurs se sont aussitôt activés pour protéger leurs pions et leurs relais dans le système algérien en perspective de la dernière ligne droite du remplacement de Bouteflika où chacun joue des coudes pour sauvegarder ses intérêts.
Il faut noter qu'on ne sait pratiquement rien de toutes ces affaires de corruption. La rétention d'information et la distillation de bribes d'informations tronquées, toujours par la même source journalistique, ne permet pas de savoir exactement ce qui se passe. A titre d'exemple, l'opinion publique n'a découvert le fond de l'affaire Khalifa que lors du procès public en 2007, soit six ans après le déclenchement de l'affaire en hiver 2001.
L'assassinat surprise d'Ali Tounsi, membre du clan d'Oujda, est venu brouiller les cartes. Son éviction par démission n'ayant pu être obtenu depuis plus d'un an, il n'est pas impossible que le scénario de son élimination ait été sciemment provoqué. Le mystérieux colonel Chouaïb Oultache, homme de l'armée et du DRS au sein de la DGSN, a appris la nouvelle de sa future disgrâce par une fuite du journal Ennahar, très proche des sources d'information du pouvoir.
Ne voulant pas subir le même sort que le Pdg de Sonatrach, mis en examen avec deux de ses fils en prison, il a réagi spontanément et violemment… en militaire pour laver par anticipation le déshonneur qui allait être jeté sur sa famille.
L'affaire Orascom est au cœur de ces conflits d'intérêts géo-politiques entre Occident et Moyen-orient. Ouyahia, en liquidateur confirmé a tenu à montrer qu'il conserve son pouvoir de destruction et de nuisance contre tous les opérateurs économiques qu'ils soient nationaux, étrangers, publics, privés, puissants ou faibles.
Il agit comme le ferait le dernier des fonctionnaires algériens qui, pour vous inciter à vous soumettre à ses désirs, commence d'abord par vous réprimer durement jusqu'à ce que vous soyez vous-même le demandeur de protection et de corruption.
En confirmant l'étranglement de l'activité économique par le maintien des mesures drastiques de resserrement du crédit aux entreprises et l'interdiction du crédit aux particuliers, Ouyahia lance un message aux détenteurs d'intérêts économiques qui veulent négocier.
En déclarant qu'il rejette l'ingérence étrangère au Sahel, il veut rassurer les militaires sourcilleux sur l'intégrité territoriale.
Par contre, après avoir prouvé qu'il était anti-maghrébin, anti-arabe, anti-africain, anti-chinois, il vient de clamer haut et fort son anti-nationalisme qu'il considère avec mépris comme un registre de commerce. Son rejet par anticipation de la loi criminalisant le colonialisme est un signal fort lancé à l'ex-puissance coloniale avec les intérêts de laquelle Ouyahia a toujours été en phase.
Pour un scénario à la turque
Il faut des années, voire des décennies pour former, encadrer et protéger des hommes d'Etat et des présidentiables. C'est le rôle dévolu aux services secrets nationaux et étrangers qui gèrent ce qu'on appelle un «programme cadres» dans lequel ils suivent, protègent, favorisent ou éliminent des candidats selon certains critères d'excellence pour les uns ou de médiocrité et de corruptibilité pour d'autres.
Comment se fait-il qu'aujourd'hui dans l'Etat algérien on se retrouve face au seul Ouyahia qui s'auto-propose. Où sont donc les solutions de rechange et de concurrence?
Quand on compare l'Algérie aux pays voisins, on mesure avec effarement les reculades d'un pays dont les potentiels lui permettent d'être une puissance régionale incontournable du carrefour Europe-Afrique, au même titre que la Turquie dans le carrefour Europe-Moyen-Orient.
Au Niger, l'armée a pris ses responsabilités pour mettre fin aux graves dérives du pouvoir personnel de Tandja. Le Mali, pauvre et sans ressources, a montré qu'il est bien plus respecté par la France que l'Algérie. La Mauritanie est sortie sans dommages du coup d'Etat et s'est rapprochée du Maroc et de la France. Quant au Nigeria, l'establishment n'a pas hésité à remplacer le président malade, Umaru Yar'Adua, par le vice-président, Jonathan Goodluck.
Au Maroc, Mohamed VI est monté sur le trône la même année que Bouteflika en 1999. Depuis cette date, non seulement le Maroc a rattrapé tous ses retards dans tous les domaines, mais il a largement dépassé l'Algérie au point de devenir le partenaire stratégique et privilégié de la politique séparatiste de l'UE contre l'UMA. A la dernière réunion de Grenade le 7 mars, José Luis Zapatero, Président de l'UE, Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, et José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, se sont déplacés à trois pour transformer le « statut avancé » accordé au royaume chérifien en octobre 2008. Ils ont manifesté « leur volonté de mettre en place, à terme, un espace économique commun, s'inspirant des normes qui régissent l'espace économique européen », en signant un « agenda opérationnel », en vue d'un futur accord de libre échange approfondi.
La retentissante gifle diplomatique marocaine doit suffire à elle seule à enterrer la gouvernance de Bouteflika, Mediene et Ouyahia, qui ont gravement rabaissé et ridiculisé l'Algérie.
Il n'y a plus d'illusions à se faire, ni de temps à perdre. La classe politique est un champ de ruines. Seule l'armée peut mettre fin à la chute libre de l'Etat algérien, le désoeuvrement des élites, et redonner espoir au peuple. Un scénario à la turque est aujourd'hui plus que jamais une urgence d'actualité.


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