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Scouts un jour, scouts toujours
C'est ma vie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 24 - 02 - 2018

La toute première fois où j'avais mis les pieds au belvédère, un endroit remarquable qui aurait sans doute mérité d'être classé et protégé, c'était juste après l'indépendance, en juin/juillet 1963. C'était à l'occasion d'un rassemblement national scout en vue de sélectionner une douzaine d'éclaireurs parmi les meilleurs des Scouts musulmans algériens, appelés à constituer la délégation algérienne devant participer au 11e Jamboree Scout mondial qui s'était ouvert le 1er août 1963 à Skinias, près de la plaine de Marathon, en Grèce.
Avec d'autres scouts du groupe En Nasr de Baraki, nous nous étions rendus à Rivet la veille du jour fixé pour le début du rassemblement, avant de gagner à partir de là notre point de ralliement. La route montait en serpentant à travers le village, petits jardins et maisons basses à toitures rouges. Parfois elle s'infléchissait mais c'était pour remonter de plus belle sous nos godasses qui martelaient gaiement le macadam. Après le sanatorium son bitume devenait disparate, mais elle montait toujours en suivant les ondulations d'une ravine. Au détour d'un tournant en lacet, la route qui avait finalement laissé place à un chemin caillouteux finissait une centaine de mètres plus loin. Les restes désarticulés d'un portail en ferronnerie d'art, un panneau au sol recouvert d'herbes folles et l'autre à moitié arraché limitaient ce qui semblait être un vaste espace clos.
Loin devant, entre une dense forêt de chêne-liège et un terrain vague, flottait à côté de l'emblème national le drapeau des Scouts musulmans algériens : «Fleur de jasmin à cinq pétales blanches et croissant vert sur fond rouge».
L'endroit, appelé à devenir pendant une dizaine de jours un immense camp de toile, grouillait déjà d'un nombre impressionnant de scouts venus des quatre coins d'Algérie et affairés à dresser leurs tentes sur les espaces réservés à chaque groupe.
Dès notre arrivée et durant toute la durée du rassemblement, je n'avais pu m'empêcher, avec cet «esprit scout» qui accompagne tout bon éclaireur, de consacrer une bonne partie de mon temps libre, avec perspicacité, à l'exploration et à la découverte.
Au bord du chemin, dans un enfoncement de la forêt, une grande maison en ruine détruite par un incendie. Des débris de murs effondrés, des tuiles, des carreaux de céramique cassés, des vitraux brisés, des portes et des poutrelles à demi-calcinées jonchaient le sol. Par endroits, le parterre recouvert d'une fort jolie mosaïque laissait croire qu'il s'agissait là d'une ancienne et belle demeure ou d'un important édifice. Quelques chambres sans toit étaient encore debout. Au centre du bâtiment une immense salle à deux niveaux, tout en longueur comme s'il s'agissait d'une nef et du chœur d'une église. Sur le pan de tout un mur, miraculeusement encore intact, visible malgré le temps et les intempéries, un tableau fait à grands traits de charbon de bois laissait perplexe : «A côté d'une vaste bâtisse ravagée par des flammes qui sortaient par les fenêtres et les toits, d'un petit feu de camp encore fumant, deux longues colonnes de soldats en tenue et chapeau de brousse, sac à dos et fusil à l'épaule, montaient vers le sommet d'une lointaine colline. A l'arrière d'une colonne, aux pieds d'une éolienne, le visage souriant nous faisant face, un soldat a la main levée comme dans un au revoir, un adieu...» De l'autre côté du chemin, un terre- plein entouré de maquis servait sans doute autrefois d'aire de stationnement pour les voitures des visiteurs. En son milieu un sentier dallé de pierres taillées, toutes recouvertes de mousse et de lichen, s'enfonçait dans les buissons touffus. A moins d'un jet de pierre de là, après un petit parcours sinueux, le sentier débouchait au moment où l'on ne s'y attendait point sur une belle esplanade en demi-lune, un promontoire à partir duquel le regard pouvait embrasser toute la Mitidja. Ici et là, des restes de bancs en granit. Au centre un socle en marbre noir encore debout, sur un sol entièrement pavé de larges dalles de pierres blanches aux joints recouverts d'herbes, complétait le tableau qui faisait penser à un jeu d'échecs, brusquement interrompu, sur un damier vert et blanc. Un parapet en fer forgé, complètement rouillé avec des bouts tordus ou manquants par endroits, servait de garde-fou. En contrebas, une profonde falaise rocheuse était toute recouverte d'arbrisseaux buissonneux et de quelques figuiers nains. Les longues tiges sarmenteuses des mûriers sauvages, telles des tentacules de pieuvre, s'agrippaient à chaque branche et à la moindre aspérité de la roche et montaient à l'assaut du belvédère.
Dès nos activités scoutes de la journée terminées, je venais avec quelques autres éclaireurs sur l'esplanade, en courant presque, pour admirer le soleil encore suspendu à l'horizon virer au rouge et inonder de ses derniers rayons crépusculaires toute la Mitidja avant de disparaître dans une féerie de couleurs.
Accoudés au parapet, silencieux, admiratifs, l'imagination fertile, on se laissait griser pendant de longs moments encore, tandis que l'astre du jour transformait peu à peu la grande plaine en un océan de verdure, ses derniers et magnifiques rayons flamboyant comme des vagues et scintillant comme des myriades de petits poissons sur l'eau.
Quand la grande plaine, tel un immense champ de blé s'étendant à perte de vue et ondulant sous les brises printanières, se laissait finalement conquérir par l'ombre encore claire du crépuscule, on savait qu'il était temps pour nous de regagner les bivouacs afin d'allumer les feux de camp pour nos joyeuses et longues veillées.
De la Grèce, du 11e Jamboree scout mondial qui avait pour devise : «Plus haut, plus loin» et où l'idéal scout fut chanté dans toutes les langues par plus de 11 000 éclaireurs venus de 92 pays, j'en garde des souvenirs inaltérables. Et tout d'abord l'insigne honneur qui nous fut rendu à l'aéroport d'Alger avant notre embarquement où nous avions été salués par une pléiade de responsables avec à leur tête le premier magistrat du pays. Malgré notre jeune âge nous étions conscients de la charge qui pesait sur nos épaules, d'autant plus qu'on constituait la toute première délégation algérienne post-indépendance appelée à représenter le pays à l'étranger. Malgré le tragique accident aérien près de Bombay qui avait coûté la vie à toute la délégation philippine, 21 éclaireurs et 3 chefs scouts qui les accompagnaient, ce qui endeuilla quelque peu les premiers jours du jamboree, celui-ci fut néanmoins un total succès sur tous les plans ; d'autant plus que la Fédération scoute des Philippines, animée d'un «esprit scout» qui mérite d'être cité en exemple, n'avait pas hésité à recruter sur place 3 scouts parmi sa propre communauté pour que leur pays soit quand même représenté à ce jamboree. Après la cérémonie d'ouverture présidée par le prince héritier et au-delà des activités scoutes proprement dites, axées au cours de ce jamboree sur le sport et les «douze travaux d‘Hercule», permettant à chacune et à chacun de nous de mesurer sa force, son agilité et son habilité, les meilleures images de cet évènement resteront sans aucun doute celles du défilé nocturne des délégations au stade mythique de Panathinaïkos (construit pour les jeux de 1896) devant plus de 85 000 spectateurs et où sera organisée également l'exposition scoute mondiale. Puis viendront, tour à tour, la découverte d'Athènes avec ses ruines et ses héros de légende et le «Jour Grec» où nous avons pu découvrir également toute la culture grecque et apprécier l'hospitalité de son merveilleux peuple.
Quant à l'émouvante cérémonie de clôture où tous les scouts présents avaient renouvelé leurs promesses, elle fut marquée, autant par le passage de la torche, symboliquement, à trois éclaireurs américains, pays où devait se tenir le prochain jamboree, que par le mémorable message d'Olave Baden Powell(1) adressé aux scouts du monde entier : «Je veux inventer un nouveau mot pour que vous vous souveniez ; ce mot est : Welgo. Suis maintenant ton chemin, prends avec toi la lumière du scoutisme tout comme une flamme olympique, travaille bien et joue bien, et transmets l'esprit du scoutisme aussi loin que tu le peux. Nous avons confiance en vous, scouts du monde, pour aider à instaurer le règne de la paix et de la volonté de Dieu à travers le monde. Welgo à vous tous !... »
Puis ce fut le début de la fin quand tous les présents se prirent par la main et entonnèrent dans toutes les langues, le cœur serré, l'émouvant chant d'adieu des scouts : «Ce n'est qu'un au revoir, mes frères, ce n'est qu'un au revoir...»
Une fois de retour à Alger, on avait su qu'on avait fait après notre départ la une d'El-Moudjahid : une photo de toute la délégation avec le président Ben Bella à l'aéroport d'Alger. Un moment fort où l'homme avait su, avec un langage simple, nous galvaniser pour être à la hauteur des espoirs placés en nous et surtout être les dignes représentants du pays.
D. H.
Ancien scout ayant fait partie de la délégation des Scouts musulmans algériens au 11e Jamboree scout mondial en Grèce (1963)
(1) Olave Baden Powell (1859-1977), Baronne et épouse de Lord Robert Baden Powell, fondateur du mouvement scout, à qui elle succéda et anima le mouvement à travers le monde pendant près de 35 années.


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