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Voyage au cœur d'une zone d'infection au Covid-19
Virée à Iflissen
Publié dans Le Soir d'Algérie le 09 - 05 - 2020


Reportage réalisé par Saïd Aït Mébarek
Commune de 15 000 habitants répartis sur 38 villages, Iflissen, à une cinquantaine de kilomètres de Tizi Ouzou, est sortie subitement de l'anonymat pour être projetée au cœur d'une actualité agitée par la propagation du Covid-19, faisant de cette contrée le foyer le plus actif de l'épidémie sur le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou.
Vus de la RN 24 qui va de Tigzirt à Béjaïa via Azeffoun, les villages qui constituent la fédération des Iflissen (pirates en kabyle), et qui se jettent çà et là sur une constellation de collines boisées et difficiles d'accès, prennent l'allure d'une citadelle imprenable.
Une impression inspirée non pas par la difficulté du relief escarpé et fortement raviné de cette commune, ni par le caractère farouche et trempé des gens d'ici, les «Iflissen levhar» dont la légende dit qu'ils sont originaires de lointaines contrées outre-mer, mais par le statut de zone de forte infection de cette région et, surtout, par la mobilisation de dizaines de brigades de jeunes positionnés à l'entrée de chaque village pour en contrôler l'accès. Le panorama constitué d'un relief vallonné et accidenté qui se situe dans le sillage de la cité balnéaire de Tigzirt et prolonge vers l'est le massif forestier de Mizrana, offre une vue imprenable sur la mer située à quelques encablures de là. Mais en cette journée printanière, coincé que nous étions entre l'urgence imposée par les délais du confinement et la crainte de choper le virus, le spectacle ne nous paraît pas propice à une balade champêtre, à la villégiature. Et pour cause, Iflissen vit toujours dans le confinement et sous l'emprise de la peur suscitée par un ennemi fantôme qui a fait plusieurs victimes. Sur la route sinueuse et étroite qui monte vers Ighil N'chviha, le chef-lieu de cette municipalité de 15 000 habitants, où nous attend l'édile communal, le Dr Arezki Tizguine, on est tenaillé par d'indescriptibles sentiments. Une angoisse teintée de doute suscitée par la tentation de rebrousser chemin, et l'envie irrépressible d'aller jusqu'au bout d'une virée qui paraissait, d'emblée, risquée avec l'allure d'une expédition aux conséquences sanitaires imprévisibles.
Psychose et solidarité citoyenne pour vaincre l'adversité
Une sensation qui disparaît au fur et à mesure que l'on avance sur la route qui monte vers les hauteurs d'Iflissen. La relative densité de la circulation automobile en cette matinée printanière et le spectacle des gens, il est vrai peu nombreux, qui vaquent à leurs occupations sont des signes qui nous font presque oublier que l'on se trouve dans une région quasiment sinistrée par l'attaque virale et qui a enregistré le plus fort taux de prévalence des infections au Covid-19 au niveau de la wilaya : 6 décès et 23 cas positifs.
Cette situation épidémiologique a généré un état de psychose généralisé qui a poussé les villageois à s'imposer des mesures de confinement strictes et draconiennes. Des points de contrôle et de sas de désinfection de véhicules sont installés à l'entrée de chaque village. L'obligation du confinement s'est imposée même pour les villageois expatriés en ville qui reviennent pour une visite dans le village. Une situation que nous décrit le P/APC qui nous a reçus dans son bureau au milieu du bâtiment municipal déserté par la majorité des employés et par les usagers des différents services qui, habituellement, sont fortement sollicités. «J'ai signé plus d'une cinquantaine de décrets de confinement durant cette période», dira-t-il. Et d'expliquer qu'il s'agit des réquisitions administratives pour obliger les personnes suspectées de contamination à ne pas sortir. «Même les gens originaires des villages et qui reviennent pour une visite de circonstance sont concernés par ces réquisitions», note-t-il. «Dans le cas contraire, ces visiteurs sont invités à repartir», précise le Dr Tizguine.
Une contrainte qui vaut son pesant de prévention et de sécurité pour cet élu, médecin de son état. Pour lui, ces mesures de précaution comme le confinement à domicile, le respect strict par les villageois des codes de sortie et l'application avec précaution de la distance sociale imposée ont été salutaires et ont porté leurs fruits. «Nous constatons une trêve des infections depuis une vingtaine de jours», se félicite A. Tezgui qui reste encore, visiblement, sous le choc des premiers jours où la courbe des infections atteignit des pics inquiétants. Il évoquera un état de catastrophe qui a fortement ébranlé les comportements sociaux et causé des perturbations sur le plan psychologique. «Un état de psychose généralisé s'est saisi de toute la population. Nous avons vécu l'enfer, tout le monde avait peur», témoignera notre interlocuteur qui a salué la réaction civique de tous ses administrés qui se sont tous mobilisés pour gérer la situation de crise. «Depuis le premier décès enregistré au village Iqnach, l'ensemble des villages de la commune se sont auto-confinés. Ils ont mis en place des cellules de veille pour gérer cette situation afin de circonscrire le virus et parer à toute nouvelle contamination», nous confie le maire.
Iqnach, un village au cœur de l'épidémie
Quid de la genèse de cette situation ? Comment la commune d'Iflissen s'est retrouvée au milieu de ce tourbillon qui a semé la peur et l'effroi au sein de la population ? «Tout a commencé le vendredi 13 mars, jour de l'enterrement d'un vieil immigré de la commune, soupçonné, alors, d'être positif. Mais le défunt et sa femme qui accompagnera sa dépouille à partir de la France ne tarderont pas à être mis hors de cause par l'enquête épidémiologique qui accréditera la thèse de la contamination par un sujet venant d'une ville d'une wilaya voisine. Il s'agit d'une parente à la famille du défunt venue présenter ses condoléances, trois jours après la veillée funèbre à laquelle ont assisté tous les villageois.» Puis, c'est la déferlante des contaminations et une succession de morts. «Cinq sur les six décès enregistrés dans la région étaient originaires de la commune. Sur les 23 cas positifs, 17 sont issus d'un seul village : Iqnach, détaille le P/PAC.
Les soignants de l'EPH de Tigzirt au front de la lutte contre le Covid-19
À l'hôpital Ighil-Ahriz de Tigzirt, les blouses blanches sont vite montées au front pour faire face à la déferlante de malades suspectés ou infectés au coronavirus : médecins, infirmières, aides-soignants et autres personnels, jeunes ou moins jeunes, s'étaient mis en ordre de marche, oubliant parfois leur repos, leur repas et leur famille. Un engagement évoqué par Ali Berbour, le directeur de cette structure hospitalière qui s'est mis en état d'urgence sanitaire bien avant le confinement qui débuta vers la mi-mars.
«Il y a eu des moments de grand stress, de peur que nous avons pu surmonter par une ambiance de travail, une synergie, un esprit de corps qui a animé toute l'équipe qui a fait preuve de dynamisme, d'engagement et de détermination. Il fallait gérer le stress du personnel dont la moyenne d'âge est de 25 ans, une équipe jeune qui s'est forgée au contact de cette épreuve», témoignera le directeur de l'EPH Ighil-Ahriz, se félicitant de l'approche organisationnelle mise en place qui a permis une prise en charge efficace des malades. «Il s'agit d'un dispositif mobile en termes de capacité d'accueil et d'effectif qui s'adapte à l'évolution de la situation de l'épidémie, et permettant une répartition des malades pour éviter le mélange des cas suspects et ceux identifiés comme positifs. Le schéma de circulation dans tous les compartiments de la structure adopté, selon le principe de ‘'marche en avant'', a surtout évité au personnel d'être contaminé», témoigne encore le responsable qui n'a pas manqué de remercier les bienfaiteurs qui ont apporté leur soutien, notamment pour la prise en charge de l'hébergement, de la restauration et du transport du personnel soignant de l'hôpital qui connaît depuis le début de la deuxième moitié du mois d'avril une accalmie. Depuis le 11 avril dernier, l'EPH de la ville n'a enregistré aucun cas positif. «Un calme précaire», craint M. Berbour qui relève un certain relâchement quant au respect des mesures de confinement et des règles de prévention.
La cellule de solidarité Covid-19, réceptacle des initiatives citoyennes
Une inquiétude partagée par les membres de la cellule de solidarité (Covid-19). Le Dr Chaba Walid et le Dr Habet, qui animent cette cellule de solidarité en compagnie de plusieurs jeunes bénévoles issus du mouvement associatif local, insistent sur l'observance du réflexe de vigilance qui doit prévaloir au sein de la population qui ne devrait pas baisser la garde, alertant sur un possible rebond de l'épidémie.
Le local situé à Taksebt, à la sortie est de la ville de Tigzirt, et mis à la disposition du collectif de bénévoles par un entrepreneur de la ville, ressemble à une espèce de vaisseau amiral d'où partent toutes les actions de solidarité.
«Cette cellule de solidarité est le réceptacle de toutes les initiatives citoyennes», résument nos interlocuteurs. Abondant dans le même sens, Mohand Acherfouche, élu à l'APW et membre actif de longue date du mouvement associatif tigzirtois, mission qu'il accomplit en compagnie de son camarade Amar Chekrit, enseignant à la retraite et ancien responsable de la ligue de voile de la ville, qui nous ont accompagnés pour les besoins de notre reportage dans la région, ajoutent : «Même les associations de l'immigration en Europe et au Canada participent à cet élan de solidarité.»
Un élan de solidarité qui s'est déployé dès le début de l'épidémie. Les actions d'aide ont été orientées au profit des structures de santé et du personnel médical. Ils se sont portés également au secours des démunis et toutes les personnes impactées par les effets de la pandémie et du confinement.
S. A. M.


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