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Oui, le mur d'El Bouraq, à Jérusalem, appartient aux Algériens !
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 03 - 2021


Par Kamel Bouchama, auteur
Bessam Abou Charif, un ancien conseiller du Président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, a fait dernièrement des révélations en ce qui concerne les biens des Algériens en Palestine occupée, principalement à Jérusalem. Il affirme que le quartier ouest de la ville sainte, «Hay El Maghariba», nous appartient, y compris le mur d'El Bouraq qu'Israël appelle le Mur des Lamentations. Le toponyme «El Maghariba», ici, veut dire tout simplement les habitants des pays de l'Afrique du Nord, en d'autres termes du Maghreb, en opposition au Machreq.
Ce qui ne doit pas signifier, absolument et uniquement, le pays frère du Maroc.
Cette information qui est juste a étonné plus d'un, et c'est normal, en cette période où notre Histoire n'a pas été soutenue par un tant soit peu d'attention. Cependant, je suis satisfait et plus que ravi par cette information, parce que je l'ai déjà donnée par le biais de mes écrits, déjà en 2010, notamment par mon ouvrage Les Algériens de Bilâd ec-Shâm, de Sidi Boumediène à l'Emir Abdelkader, (1187-1911), en emboîtant le pas – pour être plus honnête – à certains historiens algériens et étrangers qui m'ont précédé dans l'annonce de cette nouvelle.
De là, je me suis senti comme interpelé, encore une fois, par cette importante question des biens waqfs de notre pays, à l'extérieur. Ainsi, et en connaissance du sujet, je me permets d'expliquer et de réitérer, à haute voix, que ce patrimoine existe bel et bien et qu'il est algérien, n'en déplaise à ceux qui ne veulent pas reconnaître à notre pays le droit de propriété de ce bien historique. Remontons le cours de l'Histoire, pour mieux connaître cette étape où les nôtres, les Algériens, se sont caractérisés par un combat singulier en cette partie du Moyen-Orient pour défendre ce qu'exigeaient d'eux leurs principes et leurs valeurs aux côtés de leurs frères, en terre d'Islam.
De ce fait, nous saurons que ce sont ces mêmes sentiments qui entouraient nos combattants et particulièrement celui qui allait perdre un bras en pleine bataille dans cette colline en Galilée, le 4 juillet 1187, quelque part sur les bords du lac de Tibériade(1).
Il s'agit là du combattant Sidi Boumediène Choaïb El Ichbili, pôle du soufisme en Algérie et au Maghreb. Et ces explications, je les veux ainsi, claires et sans énigmes, non pas pour répondre aux écrivains émargeant dans le groupe des roturiers, parmi ceux qui barbouillent des pages d'Histoire – plutôt d'histoires –, mais pour éclairer la jeunesse sur des faits qui ne doivent soulever aucun embarras chez nous quand il s'agit d'expliquer ou, tout simplement, de nous remémorer les temps qui ne doivent pas nous faire rougir devant qui que ce soit et encore moins devant ceux que nous combattions jadis.
Sidi Boumediène était tout près de Saladin, dans cette bataille du destin. Avec lui, beaucoup de Maghrébins, beaucoup plus ceux qui venaient des régions du Centre, assurent les spécialistes de chroniques, sans toutefois évaluer leur nombre, faute de données exactes, notamment à partir de documents convaincants.
Cependant, cette lacune qui pèse sur la crédibilité des informations qui concernent cet épisode ne peut nous arrêter, car il est tout à fait certain qu'il y a eu, pendant toute cette période et les autres qui ont suivi, des relations étroites entre les gens du Maghreb et du Machreq, le Moyen-Orient.
Ces relations étaient matérialisées par des contacts permanents entre les politiques et les scientifiques, ces gens de caractère qui ne croyaient pas aux frontières entre les peuples qui, du reste, se confondaient à défaut de n'avoir jamais existé. Donc, comment ne pas croire à cette présence effective des Maghrébins, les nôtres, au Moyen-Orient ? Comment ne pas croire à l'engagement total de ceux qui, venus de l'Ouest, allaient écrire une glorieuse page d'Histoire avec leur participation concrète et leur plein engagement dans les conflits qui concernaient leurs frères de sang ?
Ces mêmes spécialistes, crédités d'une conscience professionnelle, pensent que les Berbères ont participé aux différentes batailles qui ont eu lieu pendant le siège de Ptolémaïs, Akka (Saint-Jean d'Acre) ou, à tout le moins, ont contribué à la dernière bataille après avoir été sollicités par Saladin lui-même, contraint d'envoyer une ambassade au sultan almohade Abou Youcef Yacoub El Mançour, en appelant à ses services, au moment où l'aide des frères de sang était très attendue. De même que des imams prêchaient dans toutes les villes, exhortant les peuples à s'armer contre les ennemis du Prophète Mohamed (QSSSL) :
«D'innombrables légions de chrétiens, disaient-ils, sont venues des pays situés au-delà de Constantinople, pour nous enlever les conquêtes qui avaient réjoui les disciples du Coran, et pour nous disputer une terre où les compagnons d'Omar avaient planté l'étendard du pprophète. N'épargnez ni votre vie ni vos richesses pour les vaincre [...] Si vous n'obéissez pas, vos familles seront chassées de la Syrie, et Dieu mettra à votre place d'autres peuples meilleurs que vous. Jérusalem, la sœur de Médine et de La Mecque, retombera au pouvoir des idolâtres qui donnent un fils, un compagnon, un égal au Très-Haut, et veulent éteindre les lumières de Dieu. Armez-vous donc du bouclier de la victoire ; dispersez les enfants du feu, les fils de l'enfer que la mer a vomis sur nos rivages, et rappelez-vous ces paroles du Coran : ''Celui qui abandonnera ses foyers pour défendre la religion sainte trouvera l'abondance et un grand nombre de compagnons''.»
N'est-ce pas une importante information qui s'ajoute aux autres, celles qui révèlent la présence des Berbères, plutôt ce support utile, en des moments où les musulmans de Palestine attendaient de sérieux appuis(2) ? Et pourquoi ne devaient-ils pas participer, eux qui s'étaient déjà distingués à Hattin ? Fallaient-ils laisser des troupes chrétiennes affluer de partout et les regarder investir ce qu'ils avaient défendu, quelques années plus tôt, avec autant d'impétuosité et de courage ?
Nonobstant toutes ces données, il y en a celles qui ne peuvent passer sous silence, bien qu'elles soient peu connues, peut-être mal exploitées —ou mal exprimées — par ceux qui écrivent l'Histoire. Nous en avons parlé..., précédemment. Et elles sont là, concrètes, crédibles, fiables et surtout matérialisées par leur constance et leur persistance à travers les âges. Ces données sont pérennes et font état des biens maghrébins en Terre sainte, à Jérusalem, et même dans les environs de Tibériade. En effet, ces biens existent en tant que waqfs(3) et leurs fondements historiques remontent, encore une fois, à cette fameuse bataille libératrice de 1187. Ainsi, «le lieu occupé par le waqf Abû Madyan a une valeur exceptionnelle pour l'Islam tout entier, et aussi, très particulièrement, pour l'Islam maghrébin», souligne Louis Massignon, car il est le symbole tant de la libération de Jérusalem des croisés que de la légitimation historique de la Ville sainte(4).
Le même professeur, Louis Massignon, a soutenu les actions de Cheikh Tayeb El Okbi, éminente personnalité de l'Association des oulémas algériens, en faveur de la Palestine, et s'est rendu en 1950 à Jérusalem et à Hébron en compagnie du Cheikh pour la défense des lieux «Habous» algériens (waqfs) de Sidi Boumediène, à Jérusalem. Le Cheikh a été reçu par le roi Abdallah à Jérusalem et par le roi Saoud en Arabie Saoudite(5).
Mais ces biens qui existent là-bas, parlons-en encore pour édifier les jeunes sur un pan méconnu de la mémoire maghrébine. Oui, méconnu, parce que ceux-là et les autres, les moins jeunes, n'ont pas eu accès à ces nouvelles qui nous reconsidèrent et racontent, à leur façon, combien étaient grands nos ancêtres, dans tous les domaines, et combien est prestigieux historiquement ce «Hay El Maghariba» à Jérusalem qu'ils ont acquis grâce à leur engagement total, au cours de cette édifiante épreuve du destin. Ces biens, ils les ont reçus en récompense de Saladin qui a su gratifier de braves combattants et de surcroît des hommes de grande ferveur religieuse, venus de notre région, en leur octroyant un quartier jouxtant l'Esplanade des Mosquées (El Haram Ec-charif). Et pourquoi l'aurait-il fait, s'il n'y avait eu cette participation déterminante ? A-t-on vu des souverains, musulmans ou autres, dans l'Histoire de l'humanité, distribuer mal à propos des biens importants, d'une valeur significative, à des gens qui ne le méritaient pas ? Ce fameux «quartier des Maghrébins» – appelons-le ainsi en langue étrangère – est resté, pendant des siècles, un point de chute pour tant de pèlerins venus du Maghreb. Son rayonnement était incontestable du fait qu'il a produit, sur le marché des sciences et de la culture, et notamment à la Ville sainte, un nombre considérable d'érudits et de savants de grande renommée. Cependant, certains Occidentaux qui ont écrit ou essayé d'écrire l'Histoire – nous y revenons – ont toujours occulté la vérité, pour l'émousser ou la mésestimer, concernant ce quartier et l'origine de son existence. Nous en avons un exemple en la personne de Youval Baruch qui affirmait en février 2007 : «On dispose de très peu d'éléments sur l'histoire du quartier des Maghrébins. C'est même le cas dans les essais monumentaux intitulés, La Jérusalem des Mamelouks et La Jérusalem ottomane, qui ne contiennent que des informations partielles et dénuées de signification sur ce quartier. On estime du quartier des Maghrébins appartenant à de basses couches sociales. On ne dispose pratiquement d'aucune information sur les structures publiques et religieuses qui se trouvaient dans ce secteur.»(6)
Alors qu'en réalité, il y a dans ce «Hay El Maghariba» beaucoup de biens immobiliers qui occupent le cœur de la Ville sainte, et qui sont adjacents à la Mosquée d'El Aqça. Dans l'un de ces biens, et principalement dans l'un des immeubles, il y avait une mosquée et une «zaouïa» du nom de Sidi Boumediène El Ghouth, destinée à l'éducation et à l'hébergement des pèlerins maghrébins. Le tout se situe dans le même quartier de Jérusalem, en sus du domaine de Aïn-Karm, renfermant des terres de labours, des locaux d'habitation pour les fermiers, des jardins où coulent des sources et où existent des puits pour l'irrigation.
Ces biens, évidemment, ont été répertoriés en 1320 par le petit-fils de Sidi Boumédiène, qui devait classer toutes les propriétés offertes à son grand-père par Salah Ed-Dine, affirme Louis Massignon, déjà cité. De toutes les façons, tous ces biens sont dûment reconnus sur le plan international, précisément durant la période du protectorat de la Palestine.
Par ailleurs, il est spécifié que les revenus qui s'y rattachent depuis le XIVe siècle ont été toujours destinés aux Maghrébins résidant dans la Ville sainte ou de passage, se rendant au Hedjaz, aux Maghrébins nécessiteux résidant à La Mecque et à Médine, et, le cas échéant, au profit des deux Villes saintes. De plus, il est stipulé qu'«aucun gouverné, aucune autorité exerçant un pouvoir absolu ne pourra modifier le présent waqf, l'annuler, le méconnaître [...]»
Pour ce qui est du décret du mur ouest ou Mur des Lamentations en 1931, on y relève en annexe I :
«C'est aux musulmans seuls qu'est reconnue la pérennité du mur ouest, c'est à eux seuls qu'appartient le fonds qui, avec l'enceinte du Lieu Saint, est un tout indivisible ; cette enceinte est un bien waqf. C'est également aux musulmans qu'appartient la chaussée bordant le mur de la cité dite quartier des Maghrébins» faisant vis-à-vis au-dit mur. Il est précisé aussi que «les juifs pourront se rendre librement au mur ouest, en vue de leurs lamentations, à tout instant, mais à charge pour eux de se conformer aux dispositions suivantes... (diverses)»(7) .
Cela dit, il y a également d'autres preuves concrètes qui nous viennent d'organismes internationaux, surtout après cette furie des sionistes qui les a poussés à profaner, coûte que coûte, la Mosquée d'El Qods et, bien avant cet acte criminel, un tout autre acte barbare, celui d'incendier le minbar (chaire) de Saladin en 1969, une pièce rare dans tout le monde musulman.
Ce minbar a été utilisé pour la première fois après la libération de la Ville sainte, en l'an 1187. Du point de vue artistique, il s'agit d'un objet unique en son genre, aucun minbar n'a sa taille ni ne comporte autant de décors. Il a été confectionné par Nour Eddine Zenki qui l'avait conservé dans un endroit appelé «El Halouiyeh», à Alep, en Syrie, avant que Saladin ne l'amène à El Qods, en 1187.
Parmi ces éléments qui attestent de la présence maghrébine, il y a eu, du temps de la colonisation de l'Algérie par les Français, cette réaction du grand Mufti d'Alger Mohamed El 'Açimi, une réaction fortement soutenue par des politiques compréhensifs de l'autre côté de la Méditerranée. Le principal responsable du culte algérien a réagi à chaud au lendemain de la constitution de l'Etat d'Israël (le 15 mai 1948) et ses retombées sur la Ville sainte et, par voie de conséquence, sur les biens de Sidi Boumediène... C'est ainsi que dès la fin octobre 1948, il s'est rendu à Paris, muni d'authentiques actes remontant à des waqfs de Sidi Boumediène, et le 28 du même mois, il a défendu énergiquement ce dossier en faisant part au Quai d'Orsay «des appréhensions que ressentent les musulmans d'Algérie devant les menaces qui planent sur la Palestine et spécialement sur la vieille ville de Jérusalem où se trouve la mosquée d'El Aqça [...]»(8).
Il y a aussi cette décision de l'Unesco d'avril 2007 – puisqu'on parlait d'organismes internationaux – qui stipule en son article 50 :
«Le gouvernement israélien devrait ensuite définir clairement la conception finale de la structure d'accès, qui devrait viser essentiellement à restaurer la rampe d'accès à la «Porte des Maghrébins» sans en modifier de façon majeure la structure et la forme, afin de préserver l'authenticité et l'intégrité du site.
Un plan d'opérations précis devrait donc être communiqué au Comité du patrimoine mondial dans les plus brefs délais.»(9)
Quoi de plus rassurant, concernant la présence des Maghrébins là-bas, quand on prend connaissance de preuves pareilles qui plaident l'existence et l'état des biens de nos ancêtres ? Il n'y a nul doute d'abord sur notre participation aux côtés de nos frères en Islam dans leur lutte contre les croisés, et ensuite sur nos possessions en Bilâd ec-Shâm, connues et... reconnues par tous – nous le souhaitons – et qui prouvent, s'il en est besoin, les raisons de la présence de cette importante communauté, aujourd'hui, dans cette région.
Et j'ajoute pour conforter mon propos, que bien après mon retour de Damas, après ma fin de mission en tant qu'ambassadeur, et après avoir assisté chez moi, en Algérie, à Béjaïa, à d'importants colloques et conférences au sujet de ce même volet – que j'explique clairement, je l'espère, dans cette présente contribution –, j'ai eu l'heureuse occasion d'échanger des informations avec un jeune Américain qui préparait, avec grand enthousiasme, un doctorat d'Etat sur le Waqf de Sidi Boumediène. Après lui avoir offert mon ouvrage Les Algériens de Bilâd ec-Shâm – d'ailleurs, il en avait grand besoin pour ses références –, il m'avait remis les copies de deux documents officiels qui concernent les échanges de correspondances entre les autorités françaises et israéliennes, en 1962, relatives au waqf de Sidi Boumediène à Jérusalem.
Ces documents, qui concernent l'ambassadeur de France en Israël, Jean Bourdeillette, ainsi que la ministre des Affaires étrangères d'Israël Golda Meir et son homologue français Couve de Murville, sont explicites tout en étant convaincants pour ce qui est de l'appartenance de ce Waqf, c'est-à-dire qu'ils reconnaissent de facto que ces biens appartiennent aux Algériens.
Maintenant, pour revenir à cet important sujet relatif à la présence effective – et d'aucuns disent efficace – des Berbères du Maghreb au Moyen-Orient et à leur participation à la lutte contre les croisés, voyons qui sont-ils et d'où viennent-ils, ces habitants de Noula, tout près de Damas, ou ceux de Hourane, dans le Sud syrien, et des autres villages de Tibériade en Galilée. Par la suite, nous comprendrons pourquoi sont-ils restés là-bas, et dans quel esprit ils demeurent attachés à ces terres de Bilâd ec-Shâm, «le grand Shâm, des grands moments», qu'ils considèrent jusqu'à l'heure comme une partie d'eux-mêmes, parce qu'imbus de cette unité créée autour de l'importante communauté qui s'est formée dans le combat pour de nobles causes.
En effet, qui sont ces habitants qui peuplent les (20) vingt villes et villages qu'ils ont édifiés eux-mêmes, Noula, dans la plaine «d'El-Ghouta», à proximité de la localité de «Merdj Es-Soltane», dans la banlieue de Damas, ou ceux qui vivent depuis des générations dans la zone est du Golan, à «Shadjara», «Abidine» et «Beït Arreh», ces trois villages où l'Emir Abdelkader Ibn Mohieddine El Hassani El Djazaïri possédait de la terre ? N'y a-t-il pas jusqu'à l'heure ce fameux caravansérail qu'on appelle «Khan El Emir» et qui accueillait, du temps où ce dernier résidait en Syrie, beaucoup de voyageurs et surtout des étudiants qui parcouraient le pays en quête de sciences et de savoir ? Qui sont ceux qui habitent encore dans ce grand quartier populaire désigné par le toponyme «Bab es-Souiqa», ou dans les autres appelés «El Haywatia», «Bab es-Seridja», «Souq Saroudja», «Ec-Châghour», toujours dans cette antique capitale, Damas ?
Qui sont ces autres, dans les quatorze villages du lac de Tibériade en Galilée et tout près de «Samakh» principalement, cette région opulente de Palestine, dont «Maâdher», «Dichoum», «'Oulem», «Kefr Sebt», «Chaâra», «Krad El-Khit», «Et-Tlil» ou encore «Chafa Amr», un beau village tout près de Akka (Saint-Jean d'Acre), «El 'Amouqa», «Hay El Maghariba» dans Safad, «Hay El Maghariba» dans Haïfa, «Houcha», «El Hassaniya» ou «El Baydha» ? Qui sont-ils ceux qui y demeurent jusqu'à maintenant parce qu'ils ont refusé de s'expatrier en laissant leurs maisons et leurs terres à d'autres colons fabriqués de toutes pièces par ce «fameux» affront – et là, l'expression n'est pas noble – que fait le monde aux Arabes en général et aux Palestiniens, en particulier, par la création du nouvel « Etat d'Israël» le 14 mai 1948 ?
Ma réponse est que ce sont des Algériens qui, il y a très longtemps, ont émigré là-bas, dans ces territoires, pour diverses raisons. Certains sont partis convaincus de faire leur devoir en combattant les ennemis de l'Islam, du temps des Croisades au XIIe siècle ; d'autres ont rejoint le grand Shâm pour s'instruire de science et de culture, cette richesse qui était répandue, en ce temps-là, dans ces contrées où la civilisation brillait de mille sémaphores ; les derniers, enfin, se sont exilés bien après, à l'époque de l'occupation française en Algérie, et encore plus à l'issue des soulèvements de cheikh El Haddad et du bachagha El Mokrani, parce qu'ils refusaient le joug colonialiste qui nous a été imposés par les soudards de cette armée dite de «pacification». Ceux-là sont restés en «Bilâd ec-Shâm» pour les raisons déjà évoquées et ont profité pour s'assimiler, perpétuant leur sacrifice, pendant la guerre de Palestine, dans les rangs des combattants du destin contre le sionisme, l'ennemi de la nation arabe.
Ainsi, les uns et les autres avaient raison – pour toutes ces raisons – d'effectuer ce voyage en cette terre qui les a vus combattre, se cultiver, prendre et donner, aimer leur prochain et surtout ceux qui les ont accueillis, hébergés et adoptés...
Aujourd'hui, ils sont là-bas, fondus dans ces populations hétérogènes – le Moyen-Orient ayant toujours agréé des races diverses et des confessions plurielles –, adoptant le mode de vie du pays hôte, avec ses us et ses coutumes, mais n'oubliant jamais les leurs, en toutes circonstances, quand ils manifestent avec fierté leur appartenance à l'Algérie dont plusieurs ne connaissent pourtant pas..., encore moins leurs enfants.
Ainsi, pour revenir à ces Algériens du pays du Levant, je peux vous assurer que quand vous rencontrez en Syrie, en Jordanie, au Liban et, demain, en Palestine libérée, des gens qui se reconnaissent en votre pays, l'Algérie bien sûr, ou en d'autres pays du Maghreb, ce grand ensemble qui a été morcelé, malheureusement, par d'«absurdes» frontières, et qu'ils vous parlent, à votre grand étonnement, la langue amazighe pure, expurgée des mots étrangers, ne vous étonnez surtout pas.
Sachez qu'ils sont là, dans cette partie du Moyen-Orient, comme expliqué auparavant, depuis le XIIe siècle..., dans cette partie, elle aussi, divisée par les Européens, pour des raisons de stratégies coloniales. Ils sont là et ils s'identifient à ces populations dans leurs us et coutumes sans oublier pour autant les leurs, parce qu'elles vivent en eux et se transmettent, heureusement, de génération en génération.
K. B.
Notes :
1) Sidi Boumediène a, effectivement, perdu son bras lors de la bataille de Hattin le 4 juillet 1187. Les historiens palestiniens affirment que le bras a été enterré en Palestine. Il serait judicieux de faire encore des recherches pour arriver à déterminer le lieu exact où il est enterré. Mais quoi qu'il en soit, Sidi Boumediène peut être considéré comme d'autres saints à qui l'Histoire ou la légende donne l'appellation de «Bouqabrine», c'est-à-dire des saints qui sont enterrés dans deux tombes.
2) Amine Maalouf parle dans son livre Les croisades vues par les Arabes de cet épisode du siège de Akka (Saint-Jean d'Acre) avec beaucoup d'explications, sans toutefois donner des précisions. L'historien René Grousset explique dans Histoire des croisades - III. 1188-1291, l'anarchie franque (Paris, 1936) l'envoi d'une ambassade au sultan almohade.
3) Les biens waqfs, étendus dans toutes les régions du monde musulman et possédant une ampleur exceptionnelle, ont constitué depuis toujours une part importante du patrimoine des pays d'Islam. Ils ont joué un rôle non négligeable dans les destinées économiques et politiques de ces Etats et de leur peuple. De tout temps, considérablement développés par les fidèles, certains waqfs ont pris la forme de grandes propriétés, et la modernité aidant, se sont transformés en associations aux multiples activités économiques, sociales et caritatives.
4) Louis Massignon : documents sur certains waqfs des Lieux Saints de l'Islam, principalement sur le waqf Tamimi à Hébron et sur le waqf tlemcénien Abû Madyan à Jérusalem (1951). Références contenues dans l'article du docteur Djillali Sari, paru dans El Watan du 26 novembre 2007.
5) Par Benchaouki Arslan : El Watan du 29 septembre 2005
6) Youval Baruch, archéologue de la région de Jérusalem, février 2007.
7) «Sidi Boumediène, Jérusalem et l'Algérie» par le docteur. Djillali Sari, publié dans El Watan du 26 novembre 2007
8) Cette déclaration a été reprise, en dernière page, par le quotidien parisien du soir Le Monde, du 31 octobre 1948.
9) Décision de l'Unesco des 16 et 17 avril 2007, selon le Rapport de la mission technique dépêchée par l'Unesco dans la vieille ville de Jérusalem.


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