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Contribution
Alg�rie : le syndrome tunisien peut-il op�rer ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 31 - 01 - 2011

En ce d�but 2011, l�Alg�rie a connu durant quatre jours, sur tout le territoire national, des �meutes sanglantes ayant entra�n� mort d�hommes. C�est le r�sultat d�une d�cennie d�un marasme g�n�ralis�, source d�un mal-�tre social qui a, d�ann�e en ann�e, gagn� en intensit� et en �tendue. Les franges les plus nombreuses de la soci�t� sont frapp�es par une paup�risation grandissante, qui contraste avec la richesse d�une infime minorit�, �videmment associ�e � la gestion des affaires (florissantes) de l�Etat.
La tension sociale est d�autant plus vive que le r�gime autoritaire a oppos� � toutes les formes de manifestation pacifique de la soci�t� civile une fin de non-recevoir depuis le d�but des ann�es 2000 en se pr�valant de l��tat d�urgence instaur� en 1992, devenu le pr�texte � un contr�le social omnipr�sent. Alors que le pays sortait � peine d�une guerre sans nom o� l�Etat a failli sombrer sous le poids des hordes terroristes, les �meutes se sont multipli�es, touchant toutes les r�gions et diverses franges de la population. En 2001, ann�e de triste souvenir pour la Kabylie, 123 jeunes sont tomb�s sous les balles des gendarmes. La r�pression bat son plein depuis, n��pargnant aucun groupe social, aucun corps professionnel qui, pour exprimer publiquement et pacifiquement leurs revendications, sont contraints de braver l��tat d�urgence. Les enseignants universitaires et les enseignants du secondaire, les journalistes et les employ�s de la presse �crite et audiovisuelle, les m�decins sp�cialistes et le personnel hospitalier, tous repr�sent�s par leurs syndicats respectifs dont la loi reconna�t l�existence ; les r�sidants de quartiers d�favoris�s, les jeunes sans emploi, dipl�m�s et non dipl�m�s, etc. ont, � un moment ou � un autre, �t� matraqu�s sans m�nagement par les forces de l�ordre, syst�matiquement d�ploy�es en grand nombre sur les lieux pr�vus des rassemblements. Partout et toujours, le pouvoir r�pond par la r�pression, les arrestations, le passage � tabac et l�emprisonnement des manifestants pris dans les rafles organis�es par les forces de l�ordre. En d�pit de l�existence de lois que le gouvernement a lui-m�me fait voter ou fait amender par le Parlement et qui, dans le texte d�j�, limitent drastiquement les libert�s individuelles et collectives, toute association de la soci�t� civile reste suspendue � la d�livrance d�un acte administratif d�nomm� �certificat de conformit� par les autorit�s en charge des associations sous peine d��tre frapp�e de nullit� aux yeux des institutions publiques. Sur instruction du d�sormais ancien ministre de l�Int�rieur de la d�cennie 2000, les services du minist�re de l�Int�rieur continuent de ne plus d�livrer aucun certificat de conformit� � quelque association que ce soit, celle-ci d�t-elle s�occuper d�ornithologie ou de quelque autre inoffensif hobby. Divis�e en deux courants antagoniques sur la question du projet de soci�t� (la�que pour l�un, th�ocratique pour l�autre), la soci�t� civile appara�t �clat�e, infiltr�e qu�elle est par les agents du gouvernement jusqu�au sein des groupes dirigeants. Un champ politique verrouill� par une pr�tendue alliance pr�sidentielle aux ordres d�on ne sait qui, un champ associatif r�duit aux soutiens circonstanciels d�un Pr�sident �vanescent, us� par l��ge, la maladie et les intrigues de palais, une administration client�liste, corrompue et incomp�tente, une justice ne poss�dant pas la technicit� n�cessaire pour traiter des affaires de corruption qui la submergent, soumise de surcro�t aux ordres de l�ex�cutif, tels sont, avec le d�sert culturel ambiant que l��chec du projet �ducatif n�a fait qu�accentuer, les aspects saillants de la situation de l�Alg�rie en ce d�but du vingt-et-uni�me si�cle, pourtant si prometteur � son av�nement. Il n�est pas �tonnant que les �meutes soient devenues la seule forme d�expression d�une jeunesse en mal de vivre, priv�e de travail et de loisirs, sans revenus, sans logement et sans perspective de fonder un foyer ; elle que le matraquage d�un discours religieux mortif�re et culpabilisateur a pourtant presque vid�e de sa vitalit�. Plusieurs interrogations interpellent l�observateur de la sc�ne politique alg�rienne, de quelque profil ou tendance qu�il soit.
1� Un r�gime autoritaire qui se nourrit de ce qu�il d�pense en pr�bendes. On peut s�interroger en premier lieu sur les raisons de la permanence d�un mode de gouvernance qui proc�de par la r�pression des droits et libert�s des citoyens et qui d�nie toute forme d�existence � la soci�t� civile tout en se targuant de pratiquer la d�mocratie (r�duite en v�rit� � des �lections pluralistes truqu�es, dont attestent les taux ubuesques de suffrages exprim�s en faveur des �lus-d�sign�s). Bien qu�h�ritier d�un r�gime non moins autoritaire (dont l�actuel chef de l�Etat avait �t�, au demeurant, une des figures marquantes), le r�gime pr�sidentiel instaur� par Abdelaziz Bouteflika se distingue par maints traits pourtant de celui de Houari Boumedi�ne auquel nous faisons r�f�rence ici. Au populisme de ce dernier qui, en d�pit de tout ce qu�on a pu ou qu�on pourra lui imputer comme crimes politiques et humains (le livre de Sa�d Sadi est �difiant sur ce sujet ), a cherch� � donner au pays les bases d�un d�veloppement �conomique dont on pouvait attendre, � d�faut de libert�, un certain progr�s social, le r�gime actuel a substitu� le n�potisme et la corruption comme forme de gestion des affaires de l�Etat sur fond de distribution de pr�bendes, de privil�ges et de passe-droits dans un climat g�n�ral de gabegie. Sans doute a-t-il aussi h�rit� des deux r�gimes pr�sidentiels qui l�ont pr�c�d� (celui de Houari Boumedi�ne et celui de Chadli Bendjedid) la pratique honteuse du bourrage des urnes, que les Alg�riens associaient, avant la guerre, au nom de triste m�moire de l�un des gouverneurs g�n�raux de l�Alg�rie coloniale � le socialiste Naegelen. Mais au moins ces deux r�gimes ne se pr�valaient-ils pas de la d�mocratie pluraliste comme c�est le cas de l�actuel. Jamais, except� peut-�tre sous le r�gime finissant de Chadli Bendjedid, le pays n�a connu pareille d�cr�pitude sociale, ni un tel degr� de corruption du personnel politique et administratif. Par-del� les similitudes des trois r�gimes pr�sidentiels (qui ont en commun le m�me noyau dur constitu� par les anciens du MALG ), le r�gime autoritaire actuel se distingue par un degr� inou� de concentration des responsabilit�s publiques entre les mains d�un personnel politico-administratif corrompu, issu en quasi-totalit� d�une seule et m�me r�gion du pays (voire en majorit� d�une seule localit�) � celle dont est originaire le Pr�sident lui-m�me. Une r�ponse partielle � l�interrogation ci-dessus est � rechercher dans l�existence de la rente p�troli�re dont le r�gime use comme d�une manne providentielle. Co�ncidant avec la phase ascendante des prix du p�trole sur le march� mondial, le r�gime pr�sidentiel de Bouteflika s�est instaur� sous les meilleurs auspices. Noy� sous une masse d�argent qui d�passe de loin les capacit�s d�absorption de l��conomie du pays (dont le potentiel productif a �t� an�anti plut�t que revigor� par le programme d�ajustement structurel adopt� en 1995 sous la f�rule du FMI), il a pouss� jusqu�� l�absurde la pratique de la sous-estimation syst�matique des prix du p�trole dans l��laboration du budget de l�Etat. Le r�sultat aberrant recherch� (et obtenu) peut �tre formul� comme suit : tandis que le dit budget est fortement et structurellement d�ficitaire au point que le fonctionnement normal de certaines institutions et organismes publics ne peut �tre r�guli�rement assur�, les banques publiques et les institutions financi�res croulent litt�ralement sous le poids des surliquidit�s qu�elles n�arrivent pas � placer en la forme habituelle de cr�dits � l��conomie. Une �pargne oisive s�est donc constitu�e, grossissant chaque ann�e de sommes faramineuses qui ne demandaient qu�� �tre d�pens�es ; ce que les soutiens du Pr�sident allaient s�atteler � faire pour assurer une base sociale �largie au r�gime � et, le cas �ch�ant, une succession dynastique. Soustraite aux contr�les institutionnels les plus �l�mentaires d�s lors qu�elle n�est pas inscrite en ressources au budget, retir�e du circuit �conomique pour �tre accumul�e dans les coffres des banques publiques agissant en autant de doublures du Tr�sor sans �tre soumise aux m�mes r�gles de contr�le de la d�pense que les ressources de ce dernier, cette �pargne est livr�e � tous les app�tits. Outre les d�tournements d�argent en la forme de commissions sur march�s publics, de faux en �criture, de passation de march�s de complaisance, de cr�dits � des entreprises sans fonds propres etc., des sommes faramineuses ont �t� d�pens�es � l�occasion des �lections pr�sidentielles dans ce qui s�apparente � un achat massif des voix des �lecteurs dans toutes les r�gions du pays. Sur simple instruction du Pr�sident, les dettes des agriculteurs (dont de riches propri�taires terriens qui se sont lanc�s dans des investissements de reconversion sur cr�dits publics) ont �t� effac�es lors des pr�campagnes �lectorales de 2004 et de 2009. Des octrois de fonds � des institutions-relais du r�gime (telles les zaou�as) sont effectu�s tandis que de pr�tendus programmes r�gionaux de d�veloppement non inscrits au budget de l�Etat ont �t� financ�s � fonds perdu sur d�cision intempestive de la m�me autorit� lors de ces m�mes pr�campagnes ou � d�autres occasions. Ne parlons pas des investissements pharaoniques dont les co�ts exorbitants int�grent commissions et int�ressement des parties alg�riennes contractantes (autoroute Est-Ouest, projets de Sonatrach, etc.), ni des projets de pur prestige d�un co�t estimatif d�passant l�entendement (Grande Mosqu�e d�Alger). Tels sont quelques-uns des proc�d�s par lesquels l�argent public a servi (et sert encore) � �tendre la base sociale du r�gime sans que personne ne soit redevable de comptes � la nation.
2� L�effet boomerang de la lib�ralisation �conomique. On peut se demander en second lieu pourquoi la lib�ralisation n�a pas produit les effets attendus sur l��conomie et sur la soci�t�. D�cr�t�e lors d�une p�riode de contraction drastique des recettes de l�Etat cons�cutive � la chute brutale des prix du p�trole et du gaz, la lib�ralisation a d�abord consist� � d�manteler des pans entiers du secteur public �conomique repr�sent� par les entreprises de production de biens et services. Instrumentalis�es par le r�gime de Chadli Bendjedid dans sa qu�te de l�gitimit� pour octroyer pr�bendes et privil�ges en situation de p�nuries, ces entreprises �taient devenues des gouffres financiers pour le budget de l�Etat qu�elles �taient cens�es alimenter en ressources. Comme, de surcro�t, elles �taient sous la tutelle administrative des minist�res qui les obligeaient � contribuer � une pr�tendue politique de plein emploi, elles se sont vite trouv�es en situation de sureffectifs ; situation dont les effets pervers n��taient pas que d�ordre financier : souffrant grandement de l�impossibilit� d�organiser efficacement la combinaison productive des facteurs, ces entreprises ont vu leur productivit� tomber en chute libre et le principe de comp�tence ne plus d�terminer les niveaux de hi�rarchie, de responsabilit� et d�autorit�. Client�lisme et n�potisme �taient �rig�s en crit�res de gouvernance des administrations publiques � et des entreprises d�Etat ! Le d�mant�lement de ces derni�res a lib�r� une masse de travailleurs de tous �ges, de toutes conditions et de toutes qualifications, venus grossir les rangs des ch�meurs effectifs (personnes en demande d�emploi) et potentiels (�tudiants, lyc�ens, jeunes en formation et autres futurs exclus de l��cole). Par suite, la lib�ralisation a bien eu pour effet de lib�rer les initiatives. Mais c�est pour faire exploser litt�ralement le commerce d�importation de produits de base (monopolis� par les barons du r�gime usant de noms d�emprunt et acc�dant sans formalit�s aux ressources en devises du pays) et le commerce informel consistant en la revente non contr�l�e des produits d�importation de toutes natures. Ni les entreprises publiques ayant �chapp� au d�mant�lement ou � la privatisation, ni les entreprises priv�es de production n�ont pu faire face � la d�ferlante des produits d�importation comprenant p�le-m�le les biens alimentaires (dont la date de p�remption �tait parfois contrefaite), les biens durables, les biens interm�diaires et les biens d��quipement ; le tout envahissant le march� alg�rien dans une anarchie propice � tous les trafics et � toutes les arnaques. La part de la production industrielle hors hydrocarbures dans le PIB chuta de 16-20% � 4-5% entre 1980 et 2010. Subissant les contrecoups des importations massives en provenance de Turquie, de Chine et des autres pays asiatiques via Duba�, les activit�s artisanales connurent un d�clin brutal, ajoutant � la situation dramatique des sans-emploi, leur lot de nouveaux ch�meurs, compos�s de familles nombreuses soudainement priv�es de tout revenu. Des r�gions enti�res du pays, traditionnellement vers�es dans telle ou telle activit� artisanale, se sont retrouv�es plong�es dans la d�solation, tandis que les jeunes qui en sont issus n�avaient plus pour perspective que l�exil � parfois en payant de leur vie leur r�ve chim�rique de quitter le pays pour l�Europe.
3� D�mocratisation des besoins, creusement des �carts de revenus et d�valorisation du pouvoir d�achat des salari�s. La situation sociale et politique bri�vement d�crite ci-dessus para�t d�autant plus intenable � moyen terme que, sous l�effet de la mondialisation, il y eut, au cours des deux derni�res d�cennies, une d�mocratisation irr�pressible des besoins. Cha�nes de t�l�vision satellitaires �trang�res, internet et autre t�l�phonie mobile ont successivement d�ferl� sur le pays, ouvrant pour les jeunes Alg�riens de toutes conditions une fen�tre virtuelle sur le monde. Si l�effet imm�diat produit sur eux a �t� de g�n�raliser une perception �d�nique du monde v�hicul�e par le mod�le de consommation des pays riches dont, d�j� dans les ann�es 1980, la voiture �tait le produit-phare, ce changement de perception a gagn� les sph�res sociale et politique. Bien que de fortes contradictions se font jour dans la sph�re sociale o� s�affrontent deux projets de soci�t� antagoniques, la m�me exigence d�ouverture du champ politique �mane des deux versants de la soci�t� civile depuis que les forces int�gristes ont �t� militairement vaincues et que leurs succ�dan�s islamistes (dits mod�r�s) ont accept� de jouer la carte de la l�galit�. Mais le r�gime a moins � faire � la soci�t� civile dans ses formes traditionnelles d�organisation et d�action qu�� une jeunesse d�bordante de vie, peu encline aux conciliabules de salon, dont la situation �conomique tranche avec le mod�le de consommation auquel tout la convie � se conformer. Ni sur le plan social, ni sur le plan politique, ni sur le plan �conomique, le r�gime ne r�alise ne serait-ce que le smic des conditions exig�es par le nouveau mod�le de consommation.
- Au plan social, le creusement des in�galit�s de revenus se double d�un acc�s discriminant aux ressources et aux produits soutenus par l�Etat (comme le logement) en raison de la pr�valence des rapports personnels sur la r�glementation au sein m�me de l�administration publique.
- Au plan politique, la contradiction est criante entre le poids de la composante �Jeunes� dans la population totale (et plus encore dans la population active ) et le monopole du pouvoir par une g�rontocratie qui n�en finit pas de s�accrocher � une l�gitimit� historique qu�elle a au demeurant confisqu�e aux vrais acteurs de la guerre de Lib�ration nationale.
- Au plan �conomique, le mode de gouvernance tel que d�crit ci-dessus ne cesse d�accro�tre l��cart des revenus, de rogner sur le pouvoir d�achat des salari�s et d�accumuler les frustrations des jeunes sans emploi �pisodiquement pourchass�s pour exercer quelque activit� informelle de subsistance.
Telle est, bri�vement d�crite, la situation potentiellement explosive de l�Alg�rie en ce d�but 2011, aggrav�e par des tensions soudaines sur les produits de premi�re n�cessit� � fort contenu en importation (lait, c�r�ales, huiles v�g�tales), dont l�augmentation des prix sur le march� mondial a �t� r�percut�e sans transition sur les prix int�rieurs.
En guise de conclusion
Ironiquement, l�on voit appara�tre de temps en temps dans la presse nationale et les revues d��conomie, des discussions byzantines sur la n�cessit� de r��valuer le dinar pour les uns, de lever les obstacles administratifs devant sa convertibilit� compl�te pour les autres, chacun se pr�valant d�enseignements de la th�orie �conomique dont ni les uns, ni les autres ne per�oivent le ridicule de leur simple transposition au cas alg�rien. Pris dans la nasse des contradictions de la logique de l��conomie de rente qu�il a pouss�e jusqu�� son extr�me limite, le gouvernement ne sait plus, quant � lui, s�il faut d�valuer le dinar pour pr�server un tant soit peu la production nationale (quitte � r�duire d�autant le pouvoir d�achat des salari�s et susciter un plus grand m�contentement social aux cons�quences impr�visibles) ou le r��valuer pour pr�server le pouvoir d�achat des salari�s (quitte � porter un nouveau coup dur � la production nationale qui se r�duit comme peau de chagrin sous le poids des importations bon march�). Dans cette �quation de l�absurde, et en attendant que les jeunes manifestent de nouveau leurs frustrations et leur d�sarroi face � l�avenir de la seule fa�on qu�il leur soit donn� de le faire � c�est-�-dire par les �meutes � chacun s�emplit les poches comme il peut. Sait-on jamais en effet o� tout cela peut d�boucher ? Le syndrome tunisien est dans toutes les t�tes tandis que se profile d�j� l��ch�ance du troisi�me mandat d�un Pr�sident qui pourrait vouloir � en d�pit du bon sens et de la sagesse � se succ�der � lui-m�me ou pis, amorcer une succession dynastique dans un pays r�fractaire � tous les pouvoirs ill�gitimes.
A. A.
*Universitaire, enseignant-chercheur en �conomie
1 La derni�re �lection pr�sidentielle (avril 2009) aurait �t� remport�e par Abdelaziz Bouteflika � plus de 90% des voix exprim�es, le second en nombre de voix � Madame Louisa Hanoune � n�ayant obtenu qu�un peu plus de 4%.
2 Amirouche, une vie, deux morts, un testament. Une histoire alg�rienne, mai 2010, (sans Maison d��dition), imprim� sur les presses Les Oliviers, Tizi-Ouzou, Alg�rie. L�auteur impute � Boum�diene le d�terrement des ossements de deux h�ros l�gendaires de la guerre de lib�ration nationale � les colonels Amirouche et Si El Houes � pour les s�questrer dans les caves de la gendarmerie nationale � Alger o� ils ont �t� d�couverts en 1983 (r�-inhum�s dans le carr� des martyrs au cimeti�re d�El Alia � l�est d�Alger). Notons en outre que sous le r�gime de Boum�diene, de grandes figures de la guerre de lib�ration nationale ont �t� assassin�es dans plusieurs capitales �trang�res o� elles ont trouv� refuge contre l�emprisonnement et la torture.
3 Il est �difiant de constater combien les anciens du MALG sont nombreux aujourd�hui encore dans les rouages de l�Etat : dans une contribution �crite publi�e en r�ponse � un article de presse de Azzedine Mabroukine paru dans le Quotidien El Watan des 26 et 27 d�cembre 2007, Dahou Ould Kablia, actuel ministre de l�Int�rieur et n�anmoins Pr�sident de l�Association des anciens du MALG, citait pas moins de 150 membres (non compris l�actuel Pr�sident qui en �tait issu) exer�ant ou ayant exerc� des responsabilit�s politiques ou militaires. VoirEl Watan du 3 janvier 2008.
4 Les liquidit�s dormantes accumul�es dans les banques publiques ne cessent d�augmenter : plus de 4 200 milliards de dinars (soit environ 60 milliards de dollars) � fin 2008 selon l�ancien ministre des finances Abdellatif Benachenhou, plus de 5 200 milliards de dinars (soit environ 75 milliards de dollars) � fin 2009 selon le secr�taire g�n�ral de l�Association des Banques et Etablissements financiers (ABEF).
5 Au plus fort de la phase ascendante des prix du p�trole (qui ont atteint 147 dollars en 2008), les autorit�s ont continu� � estimer les recettes budg�taires sur la base d�un prix du baril de 37 dollars.
6 On estime � plus de 70% de la population active les jeunes de moins de trente ans.


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