Un �mouvant hommage a �t� rendu du 23 au 25 juillet, au journaliste Allaoua A�t-Mebarek, ex-directeur de la r�daction du Soir d�Alg�rie, ravi aux siens dans l�attentat � la bombe perp�tr� le 11 f�vrier 1996 contre le si�ge du journal, ainsi qu�� Akir Salem et A�t-Mebarek Ouramdane, deux jeunes appel�s du service national tomb�s en service command� lors de la d�cennie noire, par les habitants de Tanalt, dans la commune d�Imsouhal. La c�r�monie d�di�e aux martyrs de la d�mocratie a �t� organis�e par l�association culturelle Temzi qui porte le nom du d�funt journaliste depuis 1996. Tanalt, un village hospitalier Tanalt, litt�ralement �le go�ter �, est le nom donn� par les habitants de la r�gion � ce village � cause de son hospitalit� l�gendaire. A la djema� de la localit�, des mets et de l�eau �taient toujours disponibles � l�intention des �trangers de passage pour leur permettre de se rassasier et d��tancher leur soif apr�s un harassant p�riple � travers monts et vaux. Un nom dont est aujourd�hui fier ce village de 1 200 habitants qui a donn� 25 martyrs � la R�volution pour quelque 300 �mes � l��poque. Signe des temps, la route menant au village, r�alis�e il y a trois ans en monocouche, selon les villageois, est �ventr�e. Les voitures crapahutent pour parvenir au si�ge de l�association et � la djemaa perch�e sur la pente raide. Les bourgeons de la m�moire L�initiative de l�hommage est le fait des jeunes membres qui animent l�association Allaoua A�t Mebarek. V�ritables bourgeons de la m�moire, ces jeunes entendent perp�tuer la m�moire du d�funt et de tous ceux qui sont tomb�s pour l�id�al de libert� pour lequel se sont sacrifi�s un million et demi de martyrs. La pr�occupation majeure de ces jeunes, qui avaient 5 ou 6 ans au moment du drame de la d�cennie noire, est de lutter contre l�oubli, d�honorer la m�moire des disparus et de faire reconna�tre la dignit� des victimes transform�es en bourreaux par un syst�me pr�t � tout pour se maintenir au pouvoir. En avance sur leur temps, ils ne comprennent pas qu�on puisse passer aussi facilement sous silence tous ces drames qui ont endeuill� les familles alg�riennes. Une �mouvante c�r�monie Les villageois de Tanalt, � qui se sont joints des invit�s et des amis du d�funt, ont fait montre d�une extraordinaire mobilisation pour honorer celui qu�on d�finit comme le h�ros de toute l�Alg�rie. Lors de l�inauguration de la st�le �rig�e en l�honneur des trois victimes du devoir, les youyous stridents ont fait corps avec la salve de coups de feu comme pour rappeler que le sacrifice de ces martyrs n�a pas �t� vain. Le drapeau officiel ayant servi de linceul � A�t-Mebarek Ouramdane lors de son inhumation il y a 15 ans a �t� ressorti � l�occasion pour dire la noblesse de la cause pour laquelle sont tomb�s les trois martyrs de Tanalt. L�on ne comprendra pas d�s lors l�absence du P/APC d�Imssouhal dont d�pend le village Tanalt. D�ment invit� au m�me titre que le chef de da�ra, il brillera par son absence, d�plorent, sans le regretter, les villagois, dignes et fiers. C�est le maire de la commune voisine d�Iferhounene qui officiera l�inauguration du m�morial. Les prises de parole des familles des trois victimes du devoir feront dresser les cheveux sur les t�tes des pr�sents. Les amis de Allaoua t�moignent... Moment fort de la comm�moration, les t�moignages des amis de Allaoua. En plus de ses qualit�s de visionnaire, d�homme de culture, d�histoire et d�art, connaissant par c�ur le r�pertoire d�A�t-Menguellat, Allaoua �tait un passionn� du malouf et un fan de El Hadj Tahar Fergani. Il aimait avec un �gal amour la Kabylie et le Sud. Pour mieux nous �clairer sur sa personnalit�, l�association a fait appel � trois personnes qui l�ont connu pour animer la conf�rence- t�moignages. Amri Salem, ex-gloire nationale du football des ann�es 1970 et ami du d�funt dira les qualit�s d��coute de Allaoua et sa r�serve mais aussi ses �crits dont on ne se lasse jamais de lire. L�avocat Fellahi Abdelkader louera la dimension nationale de Allaoua qui mettait sa plume au service de ses id�es et de ses prises de positions courageuses � l�or�e de l�ouverture politique o� il diluait ses id�es lib�rales �pour un cerveau sans fronti�res �. Ibelqissen Tahar, qui a rencontr� le d�funt lors d�une rencontre du Comit� national de sauvegarde de l�Alg�rie (CNSA), pr�sid� par le regrett� Benhamouda, t�moignera, quant � lui, que Allaoua �tait de ceux qui croyaient en l�Alg�rie. Kamel Bougdal, vice-pr�sident de l�association des journalistes et correspondants de la wilaya de Tizi Ouzou, est �galement intervenu pour dire son �motion, sa joie de partager l��v�nement avec la population de Tanalt et son espoir de voir se p�renniser l�initiative. L�on apprendra ainsi que Boudiaf voulait avoir Allaoua dans son staff et qu�il �tait l�initiateur du premier t�l�thon alg�rien. Plaidoyer pour le changement du syst�e et non pour un changement dans le syst�me Lors des d�bats ayant suivi la projection du film documentaire �L�encre de la libert� et d�un extrait radiophonique � Allaoua �tait co-fondateur de l�une des premi�res radios communautaires en tamazight �, une voix s��l�ve pour s�interroger sur �le myst�re� ayant entour� sa mort. Notre confr�re SAM, neveu du d�funt, expliquera que le d�funt �tait cibl� comme journaliste qui usait de sa plume contre ceux qui utilisaient l�islam � des fins politique et que sa mort n�avait rien de myst�rieux. �J�ai moi-m�me identifi� le corps de mon oncle � la morgue o� gisaient 23 autres victimes de la barbarie�, dira-t-il. Le d�funt appelait � un changement du syst�me et non pour un changement dans le syst�me. �J�aurais aim� qu�il ne soit pas mort pour entretenir l�illusion de le voir revenir un jour, mais ce n�est pas le cas car les morts ne reviennent jamais�, conclura-t-il. �Notre seule d�marche est de vous voir partir� Le riche programme concoct� par l�association a �galement inclus une conf�rence sur le parcours et la vie de Allaoua A�t- Mebarek qui a �t� pass� en revue par le conf�rencier Arezki Hammami, une exposition sur l�artisanat berb�re mais aussi une exposition de photos et d�articles de presse sur l�horreur du 11 octobre 1996 dans des articles �mouvants de Zoubir Soussi qui a relat� les derniers moments du journaliste et de Na�ma Yachir qui est revenue 10 ans apr�s sur cette trag�die qui avait �galement touch� deux autres journalistes, Rebihi Fay�al et Chihoub Sa�d soulevant une vague d�indignatio, notamment de la part de F�d�rico Mayor, DG de l�Unesco et de la FIJ. Lors d�une m�morable table ronde � la radio Cha�ne II anim�e par Ahmed Salim une semaine avant la disparition de Allaoua, et qui avait mis face-�-face des partisans du changement et des hommes du pouvoir qui pensaient qu�il �tait possible de canaliser l�ex-FIS, Allaoua avait r�torqu� qu�il �tait inenvisageable de faire l�exp�rience avec la mort�. Puis d�ass�ner � Messaoud A�t-Challal qui pr�conisait une d�marche de sortie de crise : �Notre seule d�marche est de vous voir partir.� Pour clore les festivit�s, un gala mettant en vedette le chanteur Makhlouf, un jeune loup de la chanson kabyle, au riche r�pertoire et � la voix de rossignol, a �t� organis� en soir�e � l�intention des villageois pour dire le message d�espoir l�gu� par les trois martyrs de la libert�.