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LES NOTIONS DE PEUPLE ET DE RACE CHEZ LES JUIFS
Un enjeu des n�gociations actuelles
Publié dans Le Soir d'Algérie le 17 - 08 - 2011


Par Ahc�ne Amarouche, universitaire
A la veille du d�p�t par les dirigeants de l�Autorit� palestinienne d�une demande de reconnaissance par l�ONU d�un Etat palestinien sur les fronti�res ant�rieures � la guerre des Six Jours (juin 1967), il est utile de revenir sur les notions de peuple et de race chez les Juifs (anciens et modernes) pour comprendre le sens de leur exigence d�une reconnaissance par les Palestiniens d�Isra�l comme Etat du peuple juif.
1. Les notions de peuple et de race dans leur contexte historico-conceptuel.
Dans la plupart des langues du monde pr�sentement parl�es et/ou �crites, il existe un terme sp�cifique �quivalent du mot fran�ais �peuple� qui s�est fix� dans sa quintessence selon une trajectoire similaire en d�pit d��normes diff�rences dans son �volution historique concr�te. A l�origine, et dans la plupart des cas, il r�f�re simplement � une communaut� de gens qui ont en partage un m�me territoire et qui d�veloppent en une culture sp�cifique diverses coutumes et traditions pouvant former � la longue un �thos et une doxa propres. Il n�est pas rare que cette communaut� de gens poss�de une base ethnique sur laquelle viennent se greffer une multitude de groupements humains d�autres origines ethniques, qui se fondent en elle jusqu�� ne plus faire qu�une seule et m�me communaut�. L�histoire de l�humanit� regorge de situations de ce genre o�, � la faveur des invasions d�antan ou de simples mouvements de populations caus�s par des circonstances imp�rieuses, de nouveaux peuples se forment, sur une base culturelle et linguistique d�j� existante, remodel�e seulement dans ses contours par les apports des nouveaux venus � fussent-ils les vainqueurs des guerres d�extension des anciens empires � ou refondue de fond en comble sous le poids �crasant de la nouvelle culture. Cependant, le terme de peuple n�a pris un sens v�ritablement signifiant qu�avec l�av�nement des nations et des Etats modernes qui cristallisent la repr�sentation � la fois concr�te et abstraite (au travers de leurs institutions internes et de la reconnaissance de leur existence par les autres Etats-nations) de la personnalit� morale du peuple dans ses diverses composantes ethniques. Comme tel, le contenu du mot �peuple� n�a plus vraiment grand-chose � voir avec celui d�ethnie puisque non seulement il y a eu dans la plupart des cas un brassage de populations de provenances ethniques lointaines (dans l�espace et dans le temps), mais aussi un regroupement en une seule et m�me nation, sous l�autorit� d�un seul et m�me Etat, de communaut�s voisines aux origines ethniques proches mais distinctes. Outre que ces communaut�s ne peuvent en g�n�ral se soustraire au m�lange de leurs membres au travers des mariages mixtes qui r�pondent souvent aux n�cessit�s de l�existence toutes prosa�ques du moment, il se cr�e en leur sein un mode de penser et d�agir qui transcende leurs origines ethniques, leurs diff�rences linguistiques et leurs id�ologies religieuses pour ne laisser subsister que des pr�jug�s raciaux dont les fonctions sociales varient selon les pr�dispositions des gens jusqu�� prendre une tournure dramatique en certaines circonstances. Mais la base sociopolitique des Etats-nations modernes � certains pouvant avoir �t� form�s au demeurant de fa�on parfaitement artificielle comme c�est le cas dans de nombreux pays d�Afrique noire � se d�finit toujours hors de toute r�f�rence � la notion d�ethnie. Ce n�est que dans des situations de conflits ouverts que certains hommes politiques tentent de mobiliser leurs partisans en l�invoquant plus ou moins explicitement comme ce fut le cas dans le conflit ivoirien o� fut mis en avant le concept d�ivoirit� derri�re lequel se cachaient des dissensions interethniques et interconfessionnelles. Il arrive parfois aussi que la notion d�identit� nationale, associ�e pourtant � l�id�e de nation dans sa diversit� ethno-sociale et confessionnelle, soit manipul�e par certains dirigeants politiques qui cherchent � lui accoler, dans des vis�es purement politiciennes, un attribut ethnique pour justifier implicitement leur politique d�exclusion sociale, sur base ethnocentrique, de certaines composantes du peuple. Ce fut le cas r�cemment en France o�, � l�instigation du Pr�sident Sarkozy et sous l�autorit� du ministre charg� de l�Immigration (Eric Besson), un d�bat sur l�identit� fran�aise a �t� lanc� avec, pour arri�re-fond, la stigmatisation de la communaut� musulmane de France � d�bat qui a tourn� court au grand dam des t�nors du parti pr�sidentiel. Quant � la notion de race, si elle se confond parfois avec celle d�ethnie, elle en diff�re nettement par la charge id�ologique qui lui est associ�e : au contraire de cette derni�re en effet qui, comme notion anthropologique, est de caract�re historique (sur la longue dur�e, de nouvelles ethnies se forment et d�anciennes se dissolvent), la notion de race, de caract�re atemporel, se fonde sur l�id�e d�un sang pur de tout m�lange, attribu� � la descendance de quelque patriarche dont l�existence est d�autant moins av�r�e qu�il semble n�avoir pas lui-m�me d�ascendance humaine. Notons d�ailleurs ici que la science moderne prouve contre l�id�ologie raciste que le m�lange des sangs participe de la r�g�n�rescence des qualit�s biologiques de l��tre humain tandis que le pr�tendu sang pur m�ne � leur d�g�n�rescence � ce qui est loisible de v�rifier � travers la pratique de l�endogamie dans certains groupes ethniques dans divers pays. Comme mentionn� plus haut, les pr�jug�s raciaux n�en ont pas moins la cote quand surviennent les crises �conomiques et sociales qui se transforment souvent en crises morales. Non seulement alors ces pr�jug�s se manifestent chez le commun des mortels qui les assimile en m�me temps que l�essentiel de la culture de son milieu ambiant, mais aussi chez les �lites intellectuelles � voire scientifiques � et politiques � un moment ou � un autre de l��volution historique du pays. Bien entendu, cela n�est jamais politiquement ni socialement neutre mais r�pond � des exigences pr�cises dans des situations particuli�res. Comme l�on sait, c�est sous le r�gime hitl�rien que le racisme comme id�ologie a atteint son expression achev�e : dans sa d�marche de glorification de la race arienne, le r�gime a d�cr�t� la guerre totale contre les peuples des autres pays du Vieux Continent et a �t� conduit � entreprendre l�extermination des Juifs d�Allemagne. Dans son aveuglement, le r�gime hitl�rien ne s�est �videmment pas interrog� sur les origines de la pr�tendue race arienne : il aurait d�couvert avec horreur, comme la science moderne l�a �tabli avec certitude, que le peuplement de l�Allemagne, comme de la plupart des autres pays d�Europe, est le fruit des p�r�grinations de peuplades primitives venues du continent mitoyen � l�Asie � ce qui autorise les scientifiques � parler � pr�sent de populations indo-europ�ennes au sujet des peuples de l�Europe. L�id�e de sang pur a encore aujourd�hui une fonction id�ologique �vidente : ne la trouve-t-on pas inscrite en lettre de feu dans l�hymne national fran�ais ? Parce que cet hymne participait d�s l�origine des mythes fondateurs de la r�publique, les dirigeants de ce pays sont comme frapp�s de stupeur et de paralysie � l�id�e de supprimer la strophe o� il est dit �Qu�un sang impur abreuve nos sillons�. Mais curieusement, et de fa�on assez ironique au regard de ce qu�ils ont subi d�avanies en leur nom tout au long de l�histoire, c�est chez les Juifs anciens et modernes que les notions de race et de sang pur se trouvent inscrites en �pigraphe � leur id�ologie et qu�elles sont reprises par les dirigeants de l�Etat h�breu pour �tre plac�es au fronton de ses institutions.
2. Les notions de peuple et de race chez les Juifs : des ambigu�t�s bien commodes.
Notons tout d�abord qu�une grande ambigu�t� caract�rise le mot �juif� en ce qu�il r�f�re implicitement � la fois � une suppos�e ethnie originelle (les habitants de la Jud�e antique) et � l�une des trois religions monoth�istes : le juda�sme pr�cis�ment dont le Livre est int�gralement repris dans la Bible chr�tienne sous le nom d�Ancien Testament. Bien que la religion juive, tout comme les deux autres religions monoth�istes, contienne le principe d�universalit� de la r�v�lation en ce qu�elle affirme l�existence d�un Dieu unique et en ce qu�elle fait remonter les origines de tous les hommes � une seule et m�me ascendance (le couple Adam et Eve), l�imaginaire religieux des juifs en a fait d�s les temps anciens la religion du seul peuple juif d�fini sur des bases h�r�ditaires comme Le Peuple Elu ; �un peuple qui a sa demeure � part et qui ne fait point partie des nations� selon la formule du troisi�me livre de Mo�se dit Le L�vitique . Aussi, toute la pens�e juive ancienne et moderne (hormis bien s�r les penseurs critiques qui se sont affranchis des pr�ceptes religieux) a-t-elle adopt� l�id�e d�un peuple juif aux origines biologiques parfaitement distinctes et pures de toutes interf�rences sanguines. Ces origines remonteraient � Abraham, patriarche dont la descendance par Isaak aurait fond� les douze tribus formant le peuple juif et la race juive. Et si le peuple juif se retrouve � pr�sent diss�min� sur la quasi-totalit� du globe, ce serait en raison de l�exil forc� auquel le soumirent les arm�es babylonienne (772 av. J.C) et assyrienne (586 av. J.C) apr�s avoir d�truit le premier Temple ; puis l�empire romain d�Orient et la toute nouvelle religion monoth�iste (le Christianisme) apparue sur les lieux m�mes o� le juda�sme prit racine � la Jud�e � qui d�truisirent le second Temple en 77 apr�s J.C. Telle est la mythologie nationale de l�Etat h�breu contemporain, aliment�e tout au long des si�cles par des penseurs imbus de la sup�riorit� suppos�e du peuple juif sur les autres peuples en ce qu�il aurait tout entier d�coul� de la semence d�Abraham. Bien que la religion juive ne soit pas n�e en Jud�e mais en M�sopotamie apr�s l�Exil et qu�elle s�y soit seulement implant�e pour se diffuser ensuite dans le pourtour de la M�diterran�e avant et apr�s l�apparition du christianisme, un glissement s�mantique se fit jour donc de ce que l�on peut appeler a posteriori la �juda�cit� vers le juda�sme, �concept qui caract�rise une civilisation religieuse d�une nature nouvelle� et qui fait co�ncider religion, territoire et ethnie. Quand se produisit ce que les juifs appellent l�Exil, c�est en r�f�rence � la Jud�e comme patrie originelle du juda�sme qu�ils le d�finissent en d�pit de cette mystification et du caract�re parfaitement mythologique de l�ampleur de l�Exode. Aux dires m�mes des auteurs juifs de l�Antiquit� et du Moyen-�ge (suivis en cela par les auteurs juifs d�avant l�av�nement du sionisme), la diffusion du juda�sme � travers les continents fut en r�alit� le fruit de conversions de communaut�s enti�res dont les liens du sang avec la pr�tendue descendance d�Abraham est pure affabulation. L�importance de ce ph�nom�ne est tel qu�on vit na�tre des royaumes fort �loign�s de Jud�e ayant adopt� le juda�sme comme religion officielle. Sans m�me remonter aux �poques fort anciennes o� de petits royaumes de confession juive se form�rent dans la partie nord et est du Bassin m�diterran�en, de nombreux vestiges arch�ologiques attestent de l�existence d�un royaume de confession juive dans le sud de la p�ninsule arabique (sur le territoire de l�actuel Y�men) d�nomm� royaume himyarite, et ce alors m�me que la religion chr�tienne avait triomph� de son a�n�e et n�anmoins rivale : le juda�sme. Par ailleurs, le juda�sme a gagn� la Corne de l�Afrique o� apparut une communaut� de confession juive (les Falashas) que leurs coreligionnaires de l�Etat h�breu moderne tinrent il y a quelques d�cennies �loign�s de la Terre promise vers laquelle pourtant ils favoris�rent l��migration des communaut�s juives d�Europe et d�Am�rique ; ce qui suppose qu�ils ne leur reconnurent pas la m�me ascendance. Ce fut aux environs de l�an 380 que les Himyarite se convertirent au juda�sme et leur royaume dura jusque vers l�an 450 de notre �re. Sur la rive sud de la M�diterran�e (y compris sur des portions du territoire de l�ancienne Numidie et actuelle Alg�rie), le juda�sme s�implanta aussi, puisque des communaut�s juives y ont exist� jusqu�� l�av�nement de l�Islam et peut-�tre m�me bien apr�s : les historiens affirment que le royaume de la myst�rieuse et n�anmoins vaillante Dihya que les arabes surnomm�rent Kahina fut de confession juive. Plus pr�s de nous, dans une contr�e tr�s �loign�e de Jud�e, a exist� de fa�on certaine un royaume de confession juive d�nomm� la Khazarie, dont le territoire englobait une grande partie des territoires des actuels pays d�Europe centrale et orientale : il s��tendait de Kiev au nord-ouest � la Crim�e au sud et de la Volga � la G�orgie. Ce royaume fut constitu� d�un grand nombre d�ethnies aux parlers divers et vari�s, allant des Alains aux Bulgares et des Magyars aux Slaves. Le royaume des Khazars a adopt� la religion juive vers l�an 740 et l�a conserv�e jusqu�� son effondrement en l�an 1016 de notre �re sous les coups conjugu�s des arm�es byzantines et russes. Mais la religion juive lui surv�cut, ce qui explique l�importance num�rique actuelle des Juifs d�Europe de l�Est (appel�s juifs ashk�nazes) relativement � toutes les autres communaut�s de confession juive de par le monde (notamment les juifs s�pharade originaires du Moyen-Orient). Avec l�av�nement du sionisme, mouvement extr�miste n� au 19e si�cle � l�instigation de penseurs juifs comme Heinrich Graetz, le ph�nom�ne des conversions au juda�sme fut minimis� � voire compl�tement ni� � parce qu�il s�inscrivait en faux contre la pr�tendue origine (raciale et territoriale) commune de tous les Juifs du monde dont l�Exil aurait favoris� la diss�mination sur la quasi-totalit� du globe. Le mythe de l�Exil, qui fut mobilis� pour pr�ner le retour des Juifs en Palestine tout au long du 19e si�cle et du premier tiers du 20e est, depuis l�instauration de l�Etat d�Isra�l sur une partie de celle-ci en 1948, � la base de l�id�ologie expansionniste de l�Etat h�breu au motif que la Jud�e (englobant, avec la Samarie, la totalit� du territoire actuel de la Cisjordanie), est le berceau du juda�sme et la terre natale des anc�tres de tous les Juifs du monde. On voit bien d�s lors la fonction id�ologique que l�on fait jouer � l�Exode (en plus de celle, mobilis�e de longue date d�j�, consistant � culpabiliser les adeptes des autres religions et les citoyens des autres Etats pour la responsabilit� suppos�e de leurs anc�tres dans l�av�nement de l�Exil) : elle consiste � pr�tendre que les habitants actuels de Jud�e sont les descendants d�envahisseurs et que c�est un juste retour des choses de les en expulser pour y installer les immigr�s juifs en provenance de tous les pays. Le besoin de reconnaissance d�Isra�l comme Etat du peuple juif, qui se traduit en une condition pr�alable aux n�gociations avec l�Autorit� palestinienne impos�e par les gouvernements isra�liens successifs, s�inscrit dans la logique de la �r�cup�ration� de tous les territoires de Jud�e et de Samarie, lesquels se confondent avec la Palestine si m�me ils ne la d�bordent pas pour englober certaines portions du Sud Liban, de l�Ouest jordanien et du Sud syrien (le tout formant ce que les extr�mistes religieux de l�Etat h�breu appellent le Grand Isra�l). Autant dire que la satisfaction d�une pareille exigence par les Palestiniens reviendrait � nier leur propre existence en tant que nation et en tant que peuple dont l�histoire, dans sa dimension s�culi�re, ressemble � celle de tous les peuples : � savoir un peuple pluriethnique, pluriconfessionnel et, sur la longue dur�e, plurilinguistique. Dans cette logique, les autorit�s isra�liennes et les id�ologues de l�Etat h�breu passent compl�tement sous silence le fait que l�Exode n�a concern� en r�alit� qu�une minorit� des habitants de la Jud�e antique, celle qui repr�sentait l��lite et dont les r�gimes babylonien et assyrien avaient grand besoin pour se d�velopper. Dans cette �ventualit�, et comme c�est en g�n�ral le cas dans tous les mouvements de population dans l�histoire de l�humanit�, on peut supposer � bon droit qu�une partie au moins des habitants actuels de Cisjordanie sont originaires de Jud�e et de Samarie et sont de m�me ascendance que les juifs les plus en lign�e avec les habitants des royaumes juifs antiques de Jud�e et de Samarie. C�est plus par acculturation que par colonisation de peuplement qu�ils ont acquis au fil de l�histoire leur appartenance aux peuples arabes, comme quoi la notion de peuple est un construit social et historique qui contraste fortement avec son interpr�tation id�ologique, connot�e de racisme, telle que la promeuvent les penseurs juifs depuis l�av�nement du sionisme. Ce dernier ayant phagocyt� ou � tout le moins influenc� tous les autres mouvements intellectuels juifs, on peut imaginer la cons�quence imm�diate pour le peuple palestinien de la satisfaction d�une pareille exigence : elle consisterait � vider de leur contenu les r�solutions 242 et 338 de l�ONU qui lui garantissent, ne serait-ce que dans le principe, le droit � l�instauration d�un Etat national sur les fronti�res d�avant la guerre des Six Jours. Ce ne serait pas seulement alors le d�but d�un processus de d�-cr�dibilisation de l�instance onusienne : ce serait aussi une fa�on de faire pr�valoir le droit canon en vigueur dans un seul pays � Isra�l � sur le droit international, de caract�re positif, accept� par les 193 pays membres de l�ONU. Cela ne manquera �videmment pas de conforter tous les extr�mismes religieux de par le monde (et en particulier dans le monde musulman, lequel souffre d�j� bien assez de leurs m�faits dont le moindre n�est pas le terrorisme aveugle). Conclusion. En ces temps de
d�veloppement exponentiel des armes de destruction massive (dont les armes atomiques ne sont pas les moins d�vastatrices), pareille perspective pourrait bien annoncer le commencement de la fin de l�humanit�. On pr�te � Andr� Malraux l�id�e selon laquelle le 21e si�cle sera religieux ou ne sera pas : il risque bien dans l��ventualit� �voqu�e de ne pas �tre, �tant donn� la virulence de conflits interreligieux et la violence que les extr�mistes religieux imposent � la soci�t� dans chaque pays o� ils en imposent m�me aux autorit�s politiques qui se r�clament formellement du droit s�culier. Mais c�est au Proche-Orient que le sort de l�humanit� se jouera de nouveau si non seulement les hommes, mais les Etats ne font pas preuve de conciliation par-del� leurs id�ologies religieuses.


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