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R�VOLUTIONS ARABES
II- La bo�te de Pandore
Publié dans Le Soir d'Algérie le 24 - 01 - 2012


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De quoi pouvaient accoucher les r�volutions arabes sachant que les despotes ont tout fait pendant leur r�gne pour que ne se forment pas des partis d�mocratiques capables d�appara�tre comme une alternative � leur pouvoir ? Y avait-il une vie politique normale, avec des partis connus et un corps �lectoral habitu� � d�signer ses d�put�s et son chef d�Etat ? Il n�y avait que des partis uniques ou des partis administratifs, des partis-alibi ou pas de partis du tout comme en Libye. Les �lections �taient truqu�es et les taux d�abstention astronomiques. Les islamistes n��taient pas une alternative parmi d�autres, c��tait la seule disponible. Imaginons qu�ils n�existaient pas : qui aurait combl� le vide politique et institutionnel cons�quent � la chute brutale des r�gimes ?
Un des principes cardinaux de la d�mocratie est de ne pas exclure de la vie politique et institutionnelle des forces sociales repr�sentatives sous peine de les acculer � la clandestinit� et � la violence, de les aur�oler du statut de victimes et d�avoir au bout du compte un pouvoir d�ficitaire en l�gitimit�. C�est le contraire qu�ont fait les pouvoirs arabo-musulmans avec la b�n�diction des puissances occidentales. Ils regardaient leurs peuples comme s�ils �taient des bo�tes de Pandore qu�il fallait se garder d�ouvrir. L�Iran des Pahl�vis, la Turquie d�Ataturk puis des g�n�raux, l�Afghanistan monarchiste puis communiste, les r�gimes baasistes en Irak et en Syrie, l��gypte des Officiers libres puis du lib�ralisme, les r�gimes dits progressistes en Alg�rie et en Libye, tous ces pays et d�autres ont longtemps gard� ferm�e la bo�te. Ont-ils pour autant contenu les id�es islamistes ? Autre exemple : l�Occident a envahi l�Afghanistan dans le but d�en chasser les talibans et d�y �tablir un Etat moderne. A-t-il r�ussi ? L� o� des �lections plus ou moins transparentes ont eu lieu, � commencer par ces pays, l� o� la bo�te de Pandore a �t� ouverte, les islamistes ont surgi. Ils ont gagn� avec ou sans r�volution. Ce ph�nom�ne est unique dans le monde. Il n�a �t� observ� ni en terre chr�tienne, ni en terre juda�que, ni en terre hindouiste, ni en terre bouddhiste. La bo�te de Pandore, c�est l�inconscient collectif arabo-musulman. C�est � travers leur histoire et leur prisme culturel qu�il faut scruter les peuples arabo-musulmans si l�on veut comprendre leur comportement social et politique. Ils ont une longue exp�rience du despotisme qui a marqu� leur psychologie, leur imaginaire est rempli de l�id�al islamique qui les tourmente depuis des si�cles, mais ils n�ont pas d�exp�rience de la d�mocratie qui est d�abord une culture. Et cette culture suppose que l�on a int�gr� l�id�e de passer du peuple monolithique qu�on �tait � une soci�t� plurielle par ses id�es et diverse par sa composante. Est-ce le cas ? Est-ce concevable sous un r�gime islamiste ? La r�ponse � la question du vote m�canique n�est pas de nature politique, mais culturelle. Elle n�a rien � voir avec les r�volutions ellesm�mes et nous, Alg�riens, avons �t� les premiers � en faire l�exp�rience en 1990 et 1991. Il s�agit d�un vote atavique dont l�explication se trouve dans la pr�gnance de la culture th�ocratique sur l�esprit de larges pans de la soci�t�. Les partis islamistes, o� qu�ils existent, ne poss�dent pas une base �lectorale construite par eux, mais jouissent d�une pr�disposition g�n�rale acquise � leur cause avant m�me de na�tre. En �gypte, Al-Nour, un regroupement de salafistes illumin�s (d�o� probablement le choix du nom donn� � leur parti) n�existait pas avant la r�volution et il a pourtant obtenu 25% des voix, soit l��quivalent de l�ensemble des partis non islamistes. Le gisement �lectoral islamiste r�side dans le fond mental de la population. Ils n�ont m�me pas besoin d�avoir un parti, un programme ou un leader, la culture ambiante, la litt�rature religieuse surabondante, les cha�nes de t�l�vision et les mosqu�es y suppl�ent plus que de besoin. On le verra encore en Libye o� n�existe pas de parti islamiste, Kadhafi ayant annihil� tout embryon de vie politique et �lectorale (des ul�mas viennent de cr�er � Benghazi un parti baptis� �Parti de la r�forme et du d�veloppement �). A la premi�re �lection qui sera organis�e, ils l�emporteront. Il suffit qu�ils veuillent bien d�poser des listes. Ce ne sont pas les exclus, les d�favoris�s, les pauvres ou les analphab�tes qui votent pour eux, mais des contingents de toutes les couches de la soci�t�, y compris parmi les expatri�s : les Tunisiens de France ont vot� � 30% pour Ennahda. La culture th�ocratique, que ce soit en monarchie ou en r�publique, c�est l�attitude qui consiste � ramener tout � Dieu et � tout attendre de lui ou des hommes qui pr�tendent �tre mandat�s par Lui. C�est un magma d��tats d��me, d�id�es fausses ou d�pass�es form�es tout au long de la p�riode de d�cadence. Cette culture, colport�e et enseign�e � ce jour, ne pouvait pas permettre � l�homme arabo-musulman d�acc�der � la rationalit�, aux id�es r�publicaines et aux id�aux d�mocratiques. Les intellectuels et les leaders politiques modernistes du si�cle dernier n�ont pas r�ussi � convaincre les masses qu�il y avait moyen d��tre musulman et moderne � la fois, parce qu�au lieu de promouvoir une pens�e nouvelle tenant compte de leur spiritualit� et de leurs valeurs, ils leur ont propos� le marxisme, le baassisme, le la�cisme, mais surtout le despotisme. Il y avait l�islam de toujours qui a conquis la moiti� du monde connu, donn� jusqu�au XVe si�cle la mesure de son esprit cr�atif dans tous les domaines de la science, fait avancer la pens�e humaniste, et laiss� d�imp�rissables chefs-d��uvre en divers endroits de la plan�te. Il y eut ensuite l�islamisme intellectuel apparu avec Djamel-Eddine al-Afghani et Mohamed Abdou � la fin du XIXe si�cle et appelant � la lib�ration du monde musulman et � sa r�forme morale. Enfin, il y a eu l�islamisme politique n� dans la deuxi�me moiti� du XXe si�cle de l��chec de la Nahda et des mouvements r�formistes. Ses principaux th�oriciens ont �t� Mawdudi et Sayyed Qotb. Il est une exhortation � la prise du pouvoir pour imposer l�ordre islamique y compris par le recours � la violence contre les musulmans euxm�mes. L�aspiration � un Etat islamique id�al, parce que proc�dant de la stricte application de l�islam, n�a pas quitt� l�inconscient arabo-musulman depuis les quatre premiers califes dont la gouvernance repr�sente l��ge d�or. L�Etat qui a �t� mis en place apr�s eux a connu des hauts et des bas historiques avant d��tre d�truit par l�imp�rialisme occidental. Les ind�pendances venues, des Etats nationalistes se sont form�s, soutenus par les populations, mais apr�s plusieurs d�cennies de mise � l��preuve ils ont �chou� � promouvoir le d�veloppement et la puissance militaire. Par quoi les remplacer ? Eh bien par ce qui a r�ussi dans le lointain pass� et que magnifie la culture th�ocratique : l�Etat islamique. M�me quand l�islamisme �tait enferm� dans la bo�te de Pandore, cette culture, diffuse dans l�esprit des peuples, n�avait rien perdu de son intensit�. Elle l�attendait comme P�n�lope attendait Ulysse. Les despotes, pour leur part, se gardaient de l�inciter � �voluer vers une culture �clair�e et moderniste parce qu�elle les servait telle quelle. Jusqu�ici nous avons utilis� l�expression �peuple arabe� comme si nous entendions par l� l�ensemble de la population tunisienne, �gyptienne ou autre. C��tait par commodit� de langage et non par souscription � une confusion fr�quente qu�il va falloir dissiper maintenant. Le peuple tunisien a immortalis� un slogan tir� de son hymne national et repris en ch�ur partout o� des r�volutions ont eu lieu : �Le peuple veut�� On l�a compris, ils voulaient la chute des r�gimes qui les dirigeaient d�une main de fer depuis la fondation de leurs Etats nationaux, et l�ont obtenue. Mais, par la suite, il est apparu que le �peuple� qui a lanc� la dynamique r�volutionnaire et le �peuple� qui a donn� la majorit� aux islamistes formaient deux populations distinctes. Dans un premier temps, il y a eu la r�volution, suivie de la chute du r�gime, et dans un deuxi�me les �lections. Les deux temps se sont succ�d� mais ne d�coulent pas l�un de l�autre et ne sont pas de m�me nature. Ceux qui ont fait tomber les despotes ne sont pas ceux qui ont hiss� sur leurs �paules les islamistes pour les porter au pouvoir. Dans les deux �tapes nous avons eu affaire � deux cat�gories d�acteurs, � deux ensembles diff�rents, comme si dans ces pays il y avait deux peuples dans chacun. Le peuple qui a fait la r�volution �tait form� de la �jeunesse facebook � et de membres de la classe moyenne (intellectuels, avocats, magistrats, artistes, etc.) auxquels s�est joint par la suite un peu de tout, tandis que celui qui a vot� pour les partis islamistes �tait form� des militants islamistes mais aussi et surtout de la frange conservatrice de la soci�t�. Les premiers �taient acquis aux id�es modernes, et les seconds attach�s aux id�es traditionnelles. Le d�nominateur commun qui les unissait ne valait que pour la premi�re �tape, le rejet du pouvoir. Autrement, chacun avait plus ou moins son id�e sur ce qu�il ferait de sa libert� recouvr�e. Il fait dire que le second �tait mieux pr�par� � la prochaine �tape car il savait d�instinct pour qui il voterait le moment venu, tandis que le premier n�avait pratiquement pas pour qui voter. Les �peuples� qui ont d�clench� la r�volution en Tunisie, en �gypte, au Y�men, en Syrie et m�me en Libye, sont les m�mes. Ce sont eux que l��effet Bouazizi�, cette r�action �motionnelle en cha�ne, a touch�s et jet�s en premier dans les rues pour braver les despotes. Leur id�al �tait la libert�, avec des connotations d�mocratiques. Ils pourraient constituer un seul et m�me peuple en d�pit de leur appartenance � des nationalit�s diff�rentes. Les �peuples� qui ont vot� en faveur du courant islamiste en Tunisie, au Maroc et en �gypte pourraient autant constituer un peuple homog�ne, soud� par de m�mes convictions. Ces derniers se m�fient de la d�mocratie �� l�occidentale � et des id�es modernistes, et toutes leurs repr�sentations mentales sont satur�es de culture th�ocratique. Les premiers figurent ce que pourrait �tre une soci�t� d�mocratique arabe, compos�e de musulmans ouverts, modernes et tol�rants comme l��taient les musulmans de Cordoue et de Chine au XIIIe si�cle, ou d�Inde au XVIIe si�cle. Les seconds seraient plus heureux dans quelque �Chari�land�, vivant entre eux, rassemblant salafistes, djihadistes, mod�r�s et conservateurs. Ces regroupements s�effectueraient d�eux-m�mes s�il �tait possible de permuter les populations et les nationalit�s ou d��changer les territoires. Mais, pour l�instant, il n�y a eu que la partition (Inde-Pakistan, Pakistan-Bangladesh, Ethiopie-Erythr�e, Soudan-Sud- Soudan,
Bosnie-Serbie�) pour r�gler les probl�mes d�une cohabitation devenue impossible. On viendra peut-�tre un jour � cette id�e de regrouper les islamistes dans un �Chari�land�. Aux �lections, les islamistes se pr�sentent en bloc monolithique et leur discours recoupe la mentalit� et l��ducation re�ue par la majorit� de la population, tandis que les d�mocrates se pr�sentent dans un large spectre pluraliste (116 partis se sont pr�sent�s aux �lections tunisiennes) tenant des discours qui ne soul�vent aucun �cho dans le psychisme des masses. Pour ces derni�res, ce discours abscons et le lib�ralisme permissif qu�il v�hicule � leurs yeux sont des produits import�s d�Occident et repr�sentent un danger sournois pour leur identit� et leurs valeurs. Les islamistes, et les ul�mas avant eux, les ont convaincues que les d�mocrates, forc�ment la�cs (donc contre la religion) propageraient dans le pays le mode de vie occidental dont ils ont retenu la l�galisation de l�homosexualit�, le mariage homosexuel et la famille monoparentale, sans parler des anciens griefs : colonialisme, soutien inconditionnel � Isra�l, racisme anti- arabe et islamophobie. D�o� un r�flexe r�pulsif et un rejet quasi instinctif. Les partis modernes et d�mocratiques, en se positionnant au centre ou � gauche, croient s�attacher les masses mais celles-ci les d�daignent car pour elles les valeurs morales passent avant les solutions politiques ou socio�conomiques. Avant d��tre un citoyen, le musulman est d�abord un croyant. Quoi qu�ils aient essay�, ils n�ont pas rencontr� assez de r�pondant aupr�s de ces masses pour �tre port�s sur les fonts baptismaux car n��veillant aucun �cho en elles, ne touchant aucune de leurs fibres, et ne recoupant aucun de leurs paradigmes. Les nonislamistes qui ont fait la r�volution n�avaient en commun que les r�seaux sociaux et n��taient unis que passag�rement par leur opposition au despotisme et leur d�sir de libert�. Le but atteint, ils n�avaient plus rien � faire ensemble. Ils n�avaient ni � l�id�e ni le temps n�cessaire de s�organiser en force politique capable de compter dans les �lections organis�es dans l�urgence. S�ils n�ont pas vot� islamiste, ils n�ont pas pens� � potentialiser leurs forces pour en faire un poids politique. Il est m�me � craindre que bon nombre d�entre eux n�aient pas vot� du tout. Les partis lib�raux et d�mocrates qui existaient au temps du despotisme se disputaient pour des v�tilles, pr�f�rant s�allier au pouvoir qu�entre eux. Dans la nouvelle �re, ils ont continu� sur cette pente alors qu�arithm�tiquement ils ont obtenu en Tunisie et au Maroc plus de voix et de si�ges que les partis islamistes. Et quand ils se sont unis, il a fallu que ce soit autour d�Ennahda en Tunisie et du PJL au Maroc. M�me les communistes sont entr�s dans ces coalitions h�t�roclites. Les islamistes ne croient pas au fond d�eux-m�mes � la souverainet� populaire comme source du pouvoir, ni � la d�mocratie comme cadre de vie institutionnel, ni � la citoyennet� comme ensemble de droits et de devoirs de l�individu. Ils composent avec ces id�es qui vont � l�encontre de leurs principes fondamentaux tant qu�ils n�ont pas le choix, autrement c�est vers le califat et le mod�le taliban qu�ils marcheraient d�un pas vaillant. Les Salafistes, plus francs, n��prouvent aucune g�ne � le crier sur les toits. Il n�y a de souverainet� que celle d�Allah, et m�me quand ils sont d�sign�s par les �lecteurs, ils estiment �tre les �lus de Dieu. Les manifestants qui ont fait tomber les despotes ne sont pour eux que les instruments passifs (surtout s�ils sont coptes) de la manifestation de la volont� divine. Ils ne leur sont redevables de rien, ne regardent pas leurs morts comme des �martyrs�, et toutes leurs louanges sont r�serv�es au Seigneur. Ils consid�rent que ces �romantiques� ont tout au plus jou� envers eux le r�le que l�araign�e a jou� envers le Proph�te et Abou Bakr lorsqu�ils se sont r�fugi�s dans une grotte pour �chapper � leurs poursuivants � la veille de l�H�gire. Ces derniers, s��tant dout� que la grotte pouvait �tre une cache, se pr�sent�rent devant son entr�e, mais voyant l�acc�s barr� par une grande toile d�araign�e, s�en retourn�rent. Les islamistes portent naturellement la mentalit� tut�laire du berger envers sa bergerie, et estiment que les suffrages leur ont conf�r� le droit d�emmener pa�tre le troupeau l� o� ils voudront. Ils sont tout aussi naturellement enclins � vouloir rester au pouvoir le plus longtemps possible car convaincus d��tre le truchement par lequel Dieu va r�g�n�rer le monde musulman. Le populisme est une perversion des id�ologies promouvant l�int�r�t des masses apparu dans le sillage des th�ories socialo-communistes. Il a touch� aussi l�islam. L�int�ressant dans la nouvelle donne, c�est que nous disposons de chiffres pr�cis pour mesurer les clivages politiques et conna�tre le poids des uns et des autres. On peut maintenant mesurer la surface occup�e par l�islamisme dans l��chiquier politique arabe. On n�est plus dans le halo ou le fantasme, mais dans la r�alit�. Sur une population �lectorale de 7,6 millions, 4 se sont rendus aux urnes pour �lire l�Assembl�e constituante tunisienne. Le parti Ennahda a obtenu 37,02% des voix et 41,47% des si�ges (90 sur 217). Les autres si�ges sont revenus � une dizaine de partis, et 16 � des ind�pendants. Au Maroc, le taux de participation aux �lections l�gislatives �tait de 45,40%, pour une population �lectorale de 13 millions. Le PJD a obtenu 27,08% des suffrages exprim�s et 107 si�ges sur 395. En �gypte, payssouche de l�id�ologie islamiste, ce n�est pas un mais trois partis islamistes qui �taient en lice, et c�est le plus mod�r� d�entre eux qui a eu le moins de voix. Les Fr�res musulmans (PJL) en ont obtenu 36%, les salafistes d�Al-Nour 25%, et Al-Wassat 5%. Enfin, les lib�raux divis�s en 6 listes, comme de bien entendu, en ont eu 29,39%. Si l�on devait en soustraire le vote copte, il ne resterait plus que 20% d��gyptiens � ne pas �tre favorables � l�islamisme. Ces chiffres, en dehors de l��gypte, relativisent le succ�s des islamistes et les risques qu�ils font peser sur leurs pays. Au Maroc, le roi a �loign� le danger en prenant les devants d�s le d�but des manifestations chez lui. Il a d�samorc� la charge avant qu�il n�y ait des morts et que l�engrenage de la r�pression ne rende les choses incontr�lables. Anticipant sur les �v�nements, il a propos� une Constitution qui a �t� ent�rin�e par r�f�rendum, puis convoqu� des �lections l�gislatives. Aux termes de la nouvelle Constitution il garde la main sur des d�partements sensibles comme la d�fense et les affaires religieuses, laissant la gestion des probl�mes �conomiques et sociaux au gouvernement. En cas de m�contentement de la population on s�en prendra au gouvernement et non � lui qui aura toute latitude de le r�voquer et de convoquer de nouvelles �lections. Il gagnera ainsi � tous les coups. Le chiffon rouge qui excitera le taureau � l�avenir ne sera plus le palais royal, mais le gouvernement.
N. B.
A suivre dans notre prochaine �dition : La lampe d�Aladin


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