Par Kader Bakou La politique, dit-on, est l'art du mensonge. Un pays où plus personne ne croit plus personne, décida un jour d'institutionnaliser le mensonge, au prétexte qu'un hypocrite est plus dangereux qu'un menteur et que la vérité blesse, contrairement au mensonge. Le député, Monsieur Dument Joure-nuit, qui lança cette idée, fait remarquer que dans un pays aussi démocratique que la France, le droit au mensonge est déjà un acquis dans les faits. D'ailleurs, un homme politique français a fait remarquer que les promesses n'engagent que ceux qui y croient. La nouvelle Constitution votée, les partis politiques commencent à se mettre en conformité avec l'esprit de la nouvelle loi sur les associations à caractère politique. Les modérés sont d'avis qu'il faudrait s'en tenir au mensonge blanc, tout en rappelant qu'il n'est pas bien de dire aux gens leurs quatre vérités. Un parti de gauche a osé corrompre le fameux slogan de Marx «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous » en un réaliste «Menteurs de tous les pays unissez-vous». C'est, par contre, un peu sans surprise qu'un parti libéral adopta le slogan «L'argent ne fait pas le bonheur», un slogan auquel il ne croit pas, bien évidemment. «Trop de vérité tue la vérité», est le slogan d'un parti centriste. Le leader d'un parti «calomnié » par un parti rival lui répond par un cinglant : «Désormais, nous répondrons à chacune de vos vérités par deux mensonges.» Mais le scandale est venu de ce parti d'extrême-droite, déjà soupçonné de néo-nazisme et qui a opté pour le slogan «Plus le mensonge est gros, plus il passe», slogan qu'il a attribué à Franklin Roosevelt ! Des voix appellent le président de ce pays avant-gardiste à démissionner. Il est accusé d'avoir osé tenir certaines de ses promesses électorales. Des adversaires politiques le défient d'accepter de passer au détecteur de vérité... K. B.