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Enquête-Témoignages
Secrets de Polichinelle
Publié dans Le Soir d'Algérie le 27 - 07 - 2013

Le mois de Ramadan comporte un chapitre des plus secrets et qui ne concerne que les femmes, il s'agit de l'interruption du jeûne durant la période du cycle mensuel et au cours de laquelle ces ménagères, érudites ou en herbe, font preuve d'ingéniosité pour casser la croûte loin des regards parfois incompréhensifs de leurs proches mâles.
Farida, 50 ans, mère au foyer
«Je me suis toujours cachée, même de mes filles, pour interrompre le jeûne durant mon cycle mensuel.» Pour farida, mère de quatre enfants dont trois filles, le sujet des règles est aussi tabou durant le Ramadan que les autres jours de l'année ; «les familles algériennes n'abordent pas trop ce sujet, ma mère a, tout comme moi, avec mes filles, toujours évité de parler d'un sujet pareil ; gênant et intime. Ainsi, quelques jours avant le Ramadan, j'ai prévenu mes filles, qui sont pubères aujourd'hui, que durant cette période, il fallait rester vigilantes et se protéger contre d'éventuelles fuites impromptues. Je les ai également informées que le jeûne était interdit pour les femmes durant leur période menstruelle et qu'elles pouvaient manger, seulement en prenant la peine de le faire en cachette pour ne pas attiser la curiosité et l'attention de leur frère et de leur père. J'ai élevé mes deux filles dans cet état d'esprit ; rares sont les fois où j'ai surpris l'une d'elles en train de grignoter. J'estime que c'est tant mieux, car, au moins, le respect est sauvegardé !»
Nawel, 30 ans, fonctionnaire
«Je n'ai su que tard qu'il fallait interrompre le jeûne durant la période des menstruations. Pour cette jeune fonctionnaire, la stigmatisation de la période des règles a fait qu'elle a, jusqu'à l'âge de 18 ans, jeûné sans interruption durant le mois du Ramadan. «J'ai toujours été réservée et solitaire quand j'ai eu mes règles pour la première fois, j'avais douze ans, et ma mère ne l'a su qu'une année après, je me rappelle avoir refusé d'en parler, et quand ma maman a enfin abordé le sujet, elle s'est contentée de me laisser un paquet de serviettes hygiéniques. C'est la seule et unique fois où on a ouvert le sujet avec ma mère, et mes sœurs n'ont n'en jamais rien su. Je me souviens aussi que cette période était très difficile à supporter, je ne portais pas toujours de serviettes hygiéniques et j'avais parfois des fuites en pleins cours. Avoir mes règles ne m'a jamais empêché de faire la prière et de jeûner. Je jeûne depuis très jeune, et à cet âge déjà, je n'interrompais pas mon jeûne durant mon cycle. J'ai su par la suite, grâce à un cours d'éducation religieuse au CEM qu'il ne fallait pas faire la prière durant cette période et qu'il fallait se doucher pour se purifier après. Pour ce qui est du du Ramadan, j'avoue ne jamais avoir eu vent de la moindre dispense ou interdiction concernant la gent féminine durant cette période- là. C'est au lycée, durant le mois de Ramadan, en terminale exactement, que l'une de mes amies m'a demandé de l'accompagner dans une classe vide où elle s'est enfermée et qu'elle a sorti un morceau de cake qu'elle dévorait. Je n'ai pas compris son geste sur le coup, mais par la suite, elle m'a expliqué pour la première fois, que tout comme la prière, le jeûne du Ramadan doit être interrompu durant les menstruations chez la femme et qu'après cette période, celleci devait se purifier avant de reprendre son jeûne. Elle m'a aussi prévenue qu'il fallait rattraper ces journées après le mois sacré. J'avoue maintenant avec le recul, que mon ignorance est due à ma mère et mes sœurs. Certaines familles algériennes trouvent le sujet tabou et ne veulent pas en parler, pourtant, c'est très important puisqu'aucune femme n'y échappe, je regrette que ma mère n'ait pas pu ou su m'expliquer cela à temps et que j'ai vécu tant d'années dans l'ignorance et la bêtise. J'avoue aussi ne jamais avoir abordé le sujet avec ma mère ; sauf que là, durant le carême, je ne me gêne nullement pour prendre un bout de pain que je mange devant elle sans me prendre la tête, je connais désormais mon corps et ma religion que je gère moi-même sans personne.»
Hanène, 23 ans
«Je me prépare des déjeuners spéciaux pour cette période de repos bien méritée.» Une autre vision de cette période féminine, loin du tabou et des complexes, certaines femmes assument et disent même apprécier ce «break» bien mérité. «J'ai eu mes règles assez tard, vers l'âge de seize ans, j'ai tout de suite parlé de cela à ma maman qui m'a félicitée d'être enfin devenue une femme à part entière. J'ai même eu droit à une fête durant laquelle ont été conviées les femmes de ma famille. Grands-mères, tantes et cousines m'ont félicitée et chacune y est allée avec son conseil pour parer à tout accident malencontreux. Par la suite, ma mère m'a parlé des interdictions faites aux femmes durant cette période synonyme de fertilité et de féminité mais qui est quand même impure. Elle m'a dit qu'il ne fallait pas faire la prière ou toucher le Coran ; non pas parce que j'étais sale, mais par respect à la pureté du Livre sain, je ne devais pas aussi jeûner, il fallait compter les jours perdus pour les rattraper par la suite. C'est comme des dettes. Elles nous collent au dos jusqu'à ce qu'on s'en acquitte. De ce fait, le premier mois de Ramadan où j'ai jeûné en tant que femme, s'est très bien déroulé, je me souviens avoir prévenu ma maman de l'arrivée «des invités» et qu'elle m'a de suite préparé une omelette et une salade que j'ai dégustées avec grand plaisir. Durant toute la semaine, j'ai eu droit à des préparations minute, soit des sandwichs, soit des soupes ou encore des restes de la veille qu'elle me gardait spécialement pour le déjeuner. Cette période est pour moi une vraie bouffée d'air pur durant le Ramadan. Nous les femmes sommes constamment derrière les fourneaux, sans parler des tâches ménagères quotidiennes, et cette semaine de repos, je ne l'échangerai pour rien au monde, elle me permet de redémarrer de plus belle et en meilleure forme. Le seul inconvénient, si c'en est un, est de devoir récupérer ces journées après le Ramadan, mais ça me permet aussi de le faire en hiver où les journées sont fraîches et courtes au lieu de subir, notamment ces dernières années, le jeûne durant l'été.»
Nassima, 26 ans
Elle n'oubliera pas de sitôt le jour où elle s'est fait prendre par son père, alors qu'elle savourait un morceau de k'taief, avant d'aller à la fac. «Je me rappelle de cette période, je préparais mon mémoire. Je devais rencontrer mon binôme pour finaliser le travail. Je me suis réveillée tôt pour manger sans être dérangée. Je suis allée dans la cuisine, j'ai pris mon assiette et ne pouvant résister, j'ai commencé à grignoter avant même de m'enfermer dans ma chambre. Manque de peau, je tombe nez à nez avec mon père que j'ai croisé dans le couloir ; ne m'attendant pas à ce genre de «mauvaise surprise » paniquée, j'ai renversé l'assiette, et du coup, j'ai ameuté toute la maisonnée. Mon père est retourné dans sa chambre sans mot dire. Ma mère ramassera les débris de verre en me fusillant du regard, mon frère réveillé scruta le sol, trop assommé par le sommeil, il ne posera pas de question et retournera au lit ; quant à moi, j'ai enfilé mes vêtements et je suis sortie en courant. Le soir, j'ai évité mon père jusqu'au moment de la rupture du jeûne. J'ai mangé sans lever les yeux. Je n'osais pas croiser son regard».


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