Le constat fait par les participants à l'atelier de travail pour l'adaptation des indicateurs de l'égalité des genres dans les médias (IEGM), baromètre établi par l'Unesco pour lutter contre la discrimination des femmes, ayant pris l'ENTV pour support de travail, pose sérieusement la problématique des critères de recrutement et de gestion des personnels dans la télévision publique. Lyas Hallas - Alger (Le Soir) Selon les chiffres, le nombre de journalistes femmes est de 425 alors que celui des hommes est de 302, soit près 60% de femmes. Autre donnée : la brigade de reporters du département de l'information compte 16 femmes et 6 hommes. Ce n'est, néanmoins pas, selon les organisateurs de l'atelier, un indicateur positif qui renseigne sur l'émancipation des femmes journalistes. 89% des reportages réalisés pour le JT de 20h pendant une semaine du mois de septembre, coïncidant avec la rentrée sociale, objet de l'étude conduite par Ouarda Lebnane, rédactrice en chef à Canal Algérie et chef de projet d'adaptation des IEGM de l'Unesco aux médias algériens sont l'œuvre des hommes. De quoi tirer la sonnette d'alarme, a admis Mme Lebnane. Cette dernière s'est abstenue, en tout cas, de tout commentaire décréditant le rendement des femmes ou des explications qui remettent en cause la compétence des recrues de l'établissement. «L'objectif du rapport est de faire le constat et de formuler des recommandations à mettre en œuvre pour corriger les failles et non pas de l'analyser. L'établissement devrait exécuter le plan d'action proposé pour honorer ses engagements pris avec l'Unesco et l'Union africaine de radiodiffusion (UAR). Un plan qui se décline en des mesures à court, moyen et long terme», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse tenue à la clôture de cet atelier. L'autre drame a, par contre, trait aux contenus des programmes. Des programmes qui reproduisent les clichés sous le prisme desquels la société algérienne perçoit la femme : une femme au foyer dans les fictions et publicité, une femme muette sur la scène politique, un numéro du harem du sultan de l'époque ottomane dans des émissions culturelles traitant des musiques citadines et du patrimoine, etc. Les recommandations abordent, ainsi, la question de l'égalité des chances loin de toute considération sexiste, favorisant le mérite et les règles auxquelles doivent être soumises les productions audiovisuelles pour bannir les stéréotypes sociétaux et améliorer l'image de la femme. Il s'agit, surtout, de l'«élaboration d'une politique d'égalité des genres en concertation avec l'ensemble des structures et le partenaire social, comprenant un mécanisme de mise en œuvre transparent, de suivi de l'exécution de la stratégie et de l'actualisation des cahiers des charges relative aux productions des programmes audiovisuels avec l'intégration de la politique genre». Il convient, enfin, de souligner que le but recherché des IEGM de l'Unesco, qui ont été adaptés à la réalité de l'ENTV dans un projet pilote (l'un des sept retenus pour le continent africain à raison d'un projet par région, ndlr), est d'«encourager les organisations de médias à rendre les questions d'égalité des sexes transparentes et compréhensibles pour le public tout en analysant leurs propres politiques et pratiques internes afin d'adopter les mesures nécessaires au changement». Cet atelier de trois jours, les 6, 7 et 8 octobre en cours, a marqué justement l'achèvement de ce projet.