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L'exaspération des Tunisiens face à la crise
Publié dans Le Soir d'Algérie le 31 - 10 - 2013


Par Brahim Taouchichet
Après la fuite éhontée du dictateur président Zine El Abidine Ben Ali suite à un soulèvement populaire généralisé en Tunisie en ce mémorable 14 janvier 2011, voici venu le temps des bilans d'une «révolution» qui, pour la majorité des Tunisiens, n'a pas répondu aux attentes. Des lendemains qui déchantent ? Les mêmes problèmes : le chômage, la cherté de la vie, des horizons bouchés pour les jeunes, exacerbés depuis le hold-up électoral réalisé par le parti islamiste Ennahda. Le mouvement d'opposition de gauche (UGTT) et conservateur, mené par l'ancien Premier ministre Beji Caïd Essebsi (Nidaa Tounès), le conteste et réclame son départ. Du coup, ce petit et pauvre pays qu'est la Tunisie se retrouve plongé dans une grave crise politique dont la durée exaspère les Tunisiens, préoccupés par un nouveau départ de la vie économique et sociale...
Atterrissage en douceur de la haute saison touristique en cette fin du mois d'octobre. Il fait encore chaud pour tous ces Russes qui viennent du froid - nouvelle clientèle de la destination Tunisie ces dernières années.
Ce sont les nouveaux riches de la fin du régime communiste. Une aubaine par ces temps de vaches maigres pour les hôteliers tunisiens qui vivent en permanence dans le stress des chambres vides. Il faut dire que pour les autorités tunisiennes d'aujourd'hui ou celles de l'époque Ben Ali, la problématique du «remplissage» de l'année touristique est la même. «Faire le plein» de touristes est un leitmotiv.
Aucun autre secteur ne peut le détrôner du haut de l'échelle des préoccupations. Le tourisme c'est 7% du PIB et 400 000 emplois directs ou indirects. Il a un effet d'entraînement sur le transport, l'artisanat, le bâtiment et l'agriculture. Dans le discours officiel, 2010 est une année de référence avec 7 millions de touristes. Ce secteur procure à l'économie tunisienne près de 20% des recettes en devises par an couvrant 56% du déficit commercial. Ces relatifs signes de bonne santé économique ne résisteront pas au grand chambardement de l'après-Ben Ali. En effet, le fragile produit touristique aura désormais à faire face à une nouvelle donne meurtrière dont se seraient bien passés les professionnels du secteur : l'insécurité avec l'irruption brutale sur la scène publique d'islamistes plus radicaux que les animateurs du parti Ennahda de Rached Ghennouchi en dépit des assurances de celui-ci à l'endroit des étrangers et ses professions de foi quant au respect des libertés dont ceux-ci entendent jouir pleinement. C'est le mythe de Sisyphe et des jours sombres avec la chute drastique des entrées et les annulations en cascade des réservations par les tours opérateurs. Il n'y a plus qu'à constater les dégâts successifs à l'onde de choc faisant écho à la «révolution» du 17 décembre 2010. Officiellement, 4,8 millions de touristes ont été recensés l'année qui a suivi. Ce chiffre, qui n'est visiblement pas aussi catastrophique, renseigne pourtant peu sur le «désamour» des voyagistes à l'endroit de la destination Tunisie si vantée en Europe.
Et pour cause, la crise politique dans laquelle s'installe durablement, selon toute vraisemblance, ce pays voisin va le plonger encore un peu plus dans la précarité en dépit du volontarisme et de l'optimisme des autorités officielles qui tablent sur 8 millions de touristes cette année. Des événements graves réduisent à néant leurs objectifs. Il y a eu l'attaque de l'ambassade américaine en septembre 2012 et l'assassinat en février et juillet de cette année de deux opposants politiques particulièrement virulents à l'endroit du pouvoir islamiste. C'est suffisant pour tempérer les ardeurs du plus téméraire touriste occidental désormais plus enclin à lorgner des cieux plus cléments. Résultat des courses : l'arrivée aux frontières fait ressortir un écart de -10,6% pour la période 2010/2013 et -8,2% en recettes pour la même période. En termes plus précis, les chiffres officiels indiquent que le nombre de touristes qui ont visité la Tunisie a atteint 4,2 millions pour les 8 premiers mois de cette année et engrangé quelque 2 000 millions DT (1 euro = 2,2417 DT : 1 DT = 50,0640 DA).
Les professionnels du secteur maîtrisent parfaitement la carte de fréquentation des touristes par nationalité, et cela constitue le baromètre de la santé de l'économie touristique. Par temps de crise, le diagnostic est donc facile à établir ; quant au remède, c'est une toute autre affaire, car cela ne dépend pas seulement de leur savoir-faire indéniable. Si les Libyens (2 millions en 2010) reviennent malgré la situation catastrophique dans leur pays et reprennent leur place traditionnelle de premier client maghrébin, les autorités tunisiennes s'insurgent contre ce qu'elles considèrent comme une campagne menée par la France. Elle découragerait ses concitoyens à se rendre dans ce pays à coups de communiqués via le Quai d'Orsay et la soupçonne de travailler à réorienter le flux des touristes français vers la destination Maroc. Une appréciation à prendre avec des pincettes, sachant les problèmes similaires d'insécurité au pays de Mohammed VI. N'oublions pas l'attentat contre un restaurant de Djamaâ El Fna à Marrakech en avril 2011. La baisse du volume des touristes français en Tunisie explique la colère à l'endroit des autorités françaises et de la presse de l'Hexagone télévisée surtout.
En effet, pour les Tunisiens, elles donnent une fausse image de la Tunisie par un phénomène d'amplification des événements qui y ont lieu. Il faut savoir que les Français ont de tout temps été les premiers clients européens en nombre de touristes et sont aujourd'hui moins de 47% par rapport à 2010. Ils se situent dans le segment de tourisme de masse, et donc hors des résidences 5 étoiles prises d'assaut par les Russes. Quant aux Anglais et aux Allemands, clients traditionnels, «ils se montrent moins craintifs». Dans ce climat de scepticisme, des touristes d'une autre nationalité, algérienne celle-là, introduisent une nouvelle donne dans les calculs des professionnels du tourisme tunisien. Pour preuve le dynamisme de l'Ontt à Alger et Oran, les venues régulières du ministre du Tourisme.
Enclenché en 2005, le phénomène des Algériens en partance pour des vacances en Tunisie ne cessera de prendre de l'ampleur, et les Tunisiens portent sur eux aujourd'hui un regard différent quand on sait les désagréments qu'ont eu à subir nos compatriotes par le passé.
Officiellement, l'ex-président tunisien, dans un de ses discours, a reconnu publiquement en 2008 que les Algériens ont sauvé l'année touristique. Il en sera ainsi à chaque fois, assure-t-on, à l'exception de la parenthèse de 2011 et, bien sûr, cette année avec l'intermède du mois de Ramadhan en août. Oui, les Algériens ont bonne presse. De nouveau, les Tunisiens comptent sur eux pour «sauver» cette année touristique. Il y a trois ans, leur nombre a atteint 1,2 million de visiteurs et l'on escompte de même pour cette année 2013. Il n'est pas étonnant que nos voisins mettent le paquet en matière de campagne de promotion et d'opérations de séduction. Une remarque s'impose toutefois : si la publicité développée pour attirer les touristes algériens a un impact non encore défini par des études, il reste qu'il s'insère dans ce que l'on pourrait appeler «le tourisme spontané».
Les Tunisiens n'en ont pris conscience que bien après, préoccupés qu'ils étaient par le confort des Occidentaux.
Les destinations de prédilection du touriste algérien sont les cités balnéaires : Tabarka, Bizerte, Hammamet (la plus fréquentée), Sousse et Djerba. C'est que le profil du touriste algérien a bien changé depuis les virées shopping par pick-up et fourgons pleins à craquer. Ils disposent maintenant de plus de moyens, contournent une allocation touristique squelettique au vu et au su de nos autorités qui ferment les yeux sur le change au noir. «L'exportation de devises à hauteur de 700 euros est tolérée», nous dit un douanier de l'aéroport Houari Boumédiène. Il est vrai que le marché algérien répond aujourd'hui à toutes les fantaisies.
Les Algériens recherchent en Tunisie une place au soleil, s'offrir un dépaysement le temps d'un séjour. Leur fréquentation des hôtels 5 étoiles est plus remarquée.
Quoi que l'on puisse imaginer, ils sont en famille plutôt discrets et entre bandes de copains bruyants ainsi que le veut le tempérament méditerranéen mais sans enfreindre les règles de bienséance. Bien sûr c'est l'accès massif à l'achat d'une voiture qui leur donne... des ailes et les encouragent à franchir les frontières. Dépensiers, ils font aussi quelques emplettes en guise de souvenirs ce qui n'est pas le cas des Européens. Parmi leurs motivations du voyage en Tunisie, la très faible offre du tourisme chez nous.
La spéculation durant les deux mois d'été relève tout simplement du scandale. Les prix de locations (appartements, villas, bungalows ou résidences dans un complexe) dépassent l'entendement. Par- dessus tout, l'indigence de l'environnement a de quoi rendre neurasthénique !
A l'aéroport Tunis-Carthage, en ce 7 octobre, il y a foule à tous les points de passage de la police des frontières, mais la fluidité facilite bien des choses. On ne perçoit aucun signe d'inquiétude dans l'ambiance régnante. Visiblement, les coups tordus des malfaisants islamistes de Djebel Chaâmbi restent des échos lointains. Tunis, un jour de semaine. L'avenue Habib-Bourguiba, dont la partie du ministère de l'Intérieur est entourée de fils babelés, grouille de monde. Les terrasses sont toujours aussi bondées. Des femmes en hidjab, sans être ostensible, sont attablées pour une tasse de café ou un quelconque rafraîchissement. Les discussions, étouffées par la circulation automobile, battent leur plein. Les filles aux allures de Latinos — jeans moulants et liquettes, cheveux au vent — déambulent sans souci. A l'autre bout, Bab Lebhar, c'est l'entrée de la Médina à l'opposé de l'avenue de France. C'est la place forte du change parallèle et des taxis en partance pour l'Algérie. Ibn Khaldoun ceint d'une clôture de fils barbelés lui tourne le dos. Place forte de la contestation, l'avenue Bourguiba, qui est le symbole de la Tunisie, rappelle à tous la réalité de la crise politique, la précarité, voire l'insécurité qu'on ne peut «zapper». Sous des apparences de normalité, il y règne une misère dorée qui ne dit pas son nom.
Dans les colonnes de la presse, il est régulièrement question de délinquance, de prostitution et de harraga. Le secteur artisanal est aux abois, il ne nourrit pas, ou plutôt mal, son homme. Les couches moyennes sont frappées de plein fouet par l'insécurité en matière d'emploi.
L'ordre musclé sous le régime du dictateur Ben Ali a cédé la place à un laisser-aller source de tous les maux. C'est partout l'insalubrité, les ordures ménagères débordent des poubelles, papiers d'emballages et sacs en plastique dans la rue nous rappellent, à nous, nos maux. Il est loin le temps où des panneaux bien visibles rappelaient à tous que «la rue n'est pas une poubelle» et y contrevenir expose aux pires sanctions.
Les municipalités, jusque-là tatillonnes pour tout ce qui touche à l'hygiène et à la propreté des lieux publics, baissent les bras devant la réalité nouvelle en matière de gestion des agents communaux qui réclament un emploi à temps plein et une hausse des salaires. En ajoutant à cela le manque de ressources, la situation devient intenable. «Les travailleurs, une fois titularisés, se transforment en partisans du moindre effort, et surtout pas touche au risque de provoquer la grève.» Leurs revendications ont soulevé l'ire du nouveau pouvoir qui n'a rien trouvé d'autre que de charger ses militants de déposer des ordures devant les locaux des syndicats... en signe de protestation !
Autres temps, autres mœurs, Hammamet, la fine fleur du tourisme tunisien, subit le contre-coup de ce laisser-aller au grand dam des Tunisiens, eux-mêmes révoltés par cette régression. Les Tunisiens en ont ras-le-bol de la crise politique en cours. Des graffitis récurrents réclament des élections au plus vite comme solution (sic!) au blocage actuel et renvoient dos à dos pouvoir et opposition. Aux islamistes, ils reprochent leur incompétence à gérer un pays, et à l'opposition, d'être mue uniquement par des intérêts personnels. «La dictature est certes tombée mais les dictateurs sont toujours là», nous dit un étudiant qui semble au fait des négociations en cours.
Autant dire que pour les Tunisiens, c'est la désillusion totale. Les dividendes qu'ils attendaient de la révolution ont fondu comme neige au soleil. Entre palabres politiques et menaces terroristes (phénomène qu'ils prennent de plein fouet parce qu'«il n'est pas dans nos traditions» (re-sic!), la Tunisie donne l'impression de s'installer durablement dans l'instabilité et la précarité, filles du «printemps arabe».
Janvier 2011-octobre 2013, qu'il est long le chemin depuis la chute de la dictature. Les Tunisiens expriment désormais ouvertement leur défiance vis-à-vis des politiciens de tout bord. Le temps presse et l'impatience grossit, elle fait craindre le pire si la crise actuelle ne sort pas avec un début de solution pour les problèmes de tous les jours. Signe de la paupérisation des Tunisiens, l'apparition du phénomène friperie. Il est vrai aussi que les prix affichés dans les magasins sont inaccessibles pour le Tunisien moyen.
Des vendeurs à la sauvette s'aventurent dans l'avenue Bourguiba et exposent à même le sol leurs marchandises sans craindre d'être embarqués par une police traumatisée par la mort, le 4 janvier 2011, de Mohamed Bouazizi, rappelons-nous, point de départ de la chute du régime Ben Ali.
Et en cette veille de l'Aïd El Adha, une controverse est née sur l'utilité du sacrifice à accomplir sachant le prix du mouton (aalouche) qui aurait atteint, selon notre accompagnateur, 800 dinars tunisiens (ce n'est pas loin des 45 000 DA, mais le pouvoir d'achat fait la différence). Le grand centre commercial Carrefour se met de la partie, il propose un prix «à partir» de 269 DT à coups d'encarts pub dans la presse.
Dialogue national pour une loi fondamentale sur fond d'attentats terroristes qui se rapprochent de la capitale Tunis, promesse d'Ennahda de céder le pouvoir de façon pacifique (ce serait une première dans un pays arabe !), place à un gouvernement de transition composé de technocrates sans appartenance politique sont donc aujourd'hui les sujets qui alimentent les discussions.
Les Tunisiens ne demandent qu'à croire en la sincérité de leurs hommes politiques, issus pour la plupart de l'ancien régime, nous dit-on. Ils savent très bien que pour combler ce déficit de crédibilité et inverser cette courbe négative, il faudra d'abord faire preuve de patience, espérer une normalisation rapide da la situation politique interne et voir enfin les dirigeants prendre le dessus sur une crise qui les exaspère tous au plus haut point. «Cela fait deux ans que ça dure», nous dit, rageur, un commerçant de l'avenue Bourguiba, désormais plus enclin à dire haut ce qu'il pensait tout bas il n'y a pas si longtemps.
Cette liberté de parole est sans doute l'acquis le plus important de la «révolution» anti-Ben Ali. On a du mal à assimiler cette nouvelle tendance des Tunisiens à se révolter et à protester à la façon algérienne, eux qui, pourtant, nous reprochaient de nous enflammer pour très peu comparativement à leur calme légendaire. Il reste pourtant que les professionnels du tourisme peuvent se prévaloir d'une longue et solide expérience qui leur permet de se prémunir d'une catastrophe à grande échelle ou de tout bouleversement politique et social. C'est là une constante qui ne peut souffrir cependant de la difficulté qu'ils éprouvent d'innover dans la promotion de la destination Tunisie. Pas de surbooking dans des hôtels répondant pourtant aux standards internationaux.
Les Tunisiens eux-mêmes le reconnaissent. Il en est ainsi du The Russelior, un «5 étoiles prestige» qui ouvre à perte avec seulement 10% du taux d'occupation.
Aucune réflexion n'est pour l'heure engagée quant à une éventuelle réorientation de leur vocation. El Mouradi Gammarth (hôtels d'affaires), dans la banlieue de Tunis, ne doit son salut qu'aux séminaires et autres symposiums internationaux.Par ailleurs, on ne comprend pas comment les promoteurs du tourisme tunisien s'approprient facilement la légende de Massinissa, saint Augustin, les gravures rupestres du Tassili jusqu'à la Deglet Nour et occulter un haut lieu d'histoire comme la mosquée Zitouna dans La Casbah de Tunis, le mausolée Bourguiba à Monastir...


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