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LES MINEURS DU DESERT DE FARID LARAB
Un ouvrage édifiant sur les «gueules noires» de Kenadsa
Publié dans Le Soir d'Algérie le 14 - 06 - 2014

L'histoire de l'Algérie de la période coloniale continue de livrer ses secrets. Des pans entiers de la mémoire collective, oubliés ou ignorés jusqu'alors, sont revisités par des auteurs algériens qui nous fournissent des éléments précieux de connaissance de notre passé.
Ainsi en est-il, par exemple, de Béchar et de la région du sud-ouest, dont on ne connaît pas grand-chose. Un ouvrage intitulé Les mineurs du désert, Kenadsa 1913-1962 vient de sortir aux éditions Chihab, pour combler la lacune et comme pour réparer une injustice. Son auteur, Farid Larab, fait partie de ces personnes de bonne volonté qui ne rechignent pas à prendre des initiatives louables. Originaire de Kabylie, ce jeune cadre archiviste travaille à Hassi Messaoud, au sein de l'entreprise nationale des travaux aux puits. Il n'est pas un enfant de la région de Béchar, n'a pas non plus vocation d'historien chevronné, il s'est senti tout simplement interpellé. Son livre est donc une contribution à l'écriture d'une page d'histoire, une page restée blanche avant la parution de cet ouvrage traitant d'un sujet inédit.
«Le hasard sait toujours trouver ceux qui savent s'en servir», disait l'écrivain français Romain Rolland, prix Nobel en 1915. Justement, Les mineurs du désert est né d'un heureux hasard, quand, en novembre 2001, Farid Larab avait été recruté à la Direction des travaux publics de Béchar. Bref séjour dans une région qu'il découvrait et, déjà, le coup de foudre. L'ancienne cité minière de Kenadsa l'avait particulièrement ému.
Il l'explique dans son avant-propos : «A vingt kilomètres au sud-ouest de Béchar, de la vaste étendue de sable, jaillit Kenadsa. Réputée depuis l'ère coloniale pour son gisement et son activité minière, Kenadsa demeure de nos jours une escale obligatoire pour les visiteurs. Des traces d'un métier disparu, tels les lavoirs, les galeries (sièges d'explorations), la station thermique et les gigantesques montagnes de résidus de charbon, ne sont que des restes d'une activité minière qui s'est exercée durant la colonisation française de l'Algérie.» Un demi-siècle d'exploitation et de déversement a donné naissance à ces montagnes noires qui enlaidissent les deux localités de Kenadsa et Béchar-Djedid. L'envers du décor et, par ailleurs, un véritable désastre écologique ! Il y a peut-être pire, car «ce site historique, tel un musée à ciel ouvert, occupant une vaste superficie au sein de ces deux localités de la région de Béchar, n'a été l'objet jusqu'à nos jours d'aucune étude ni réflexion. Une politique de réhabilitation de ces vestiges et leur classement parmi le patrimoine matériel et immatériel de l'Algérie mérite sérieusement d'être engagée». A commencer par la création d'un vrai musée à Kenadsa, souligne Farid Larab. C'est-à-dire un espace culturel doté d'un statut, de locaux, d'équipements spécifiques et d'un personnel spécialisé. Pour le moment, le public devra se contenter d'une salle de l'APC aménagée à cet effet, et qui «abrite des objets et des photos retraçant l'histoire et la genèse de la mine». Après ces découvertes, l'auteur est parti à la rencontre des anciens mineurs qui, prévient-il, «se comptent aujourd'hui sur les doigts d'une main». Sa curiosité toujours en éveil, il s'est mis naturellement à la recherche d'ouvrages et de publications traitant des «gueules noires» de Kenadsa.
 Il fait chou blanc. Suite à toutes ces déceptions, Farid Larab a décidé de réagir. Ecrire sur un sujet pratiquement vierge lui est venu à l'esprit, par la suite. Son idée : contribuer à sortir les mineurs de l'anonymat tout en leur rendant hommage.
Farid Larab s'est finalement mis dans la peau du chercheur. Pour les besoins de son travail, il a eu recours aux archives de la wilaya de Béchar et aux témoignages oraux. La découverte de monographies lui a été également précieuse. Son projet commence à prendre de la consistance, notamment avec l'exploitation de divers documents, textes juridiques et articles de presse de l'époque. Afin de mûrir la réflexion et bien structurer la méthodologie, il s'est aussi documenté sur l'histoire du mouvement national et du syndicalisme. Son thème enfin maîtrisé, il pouvait se mettre à l'écriture. Résultat final, Les mineurs du désert est un livre qui n'a rien à envier aux bons ouvrages d'histoire, tout y est : beaucoup d'informations sur la région et que les lecteurs pourront découvrir, une analyse de la conquête et des pratiques coloniales, une étude socio-économique de Béchar, un voyage dans les entrailles de la mine et des conditions ouvrières, un examen rétrospectif du syndicalisme et des luttes ouvrières...
Quant au fil conducteur que tissent les témoignages vivants recueillis par l'auteur, il ajoute profondeur et émotion au contenu tout en sédimentant l'histoire des mineurs de Kenadsa depuis 1913 jusqu'à 1962.
A travers les huit chapitres de l'ouvrage, Farid Larab propose une lecture à la fois synchronique et diachronique de l'histoire. Et cela commence à «Igli, premier jalon de l'extension coloniale» (titre du chapitre 1).
 Car c'est le ksar d'Igli qui sera «la porte menant vers l'occupation totale de la région de Béchar». L'armée coloniale parvient, enfin, à y installer un premier poste militaire. C'était en 1901. La politique de colonisation s'est alors étendue : l'occupation militaire de Béchar (chapitre 2) en 1903, la résistance de Bouaâmama, l'inauguration de la voie ferrée en 1904 (chapitre 3), le projet de Transsaharienne, l'organisation administrative, etc.
Dans les chapitres suivants, l'auteur retrace l'histoire des CFA (chemins de fer algériens), des HSO (Houillères du sud oranais) et l'histoire des mineurs eux-mêmes. Ces mineurs venus d'un peu partout vont travailler, durant un demi-siècle, dans des conditions extrêmement pénibles. Comme suite logique, la prise de conscience et l'apprentissage syndical (chapitre 7) vont déboucher sur la lutte ouvrière (chapitre 8) et divers mouvements de grèves. Les chapitres consacrés aux «gueules noires» abondent également d'informations, de références et de réflexions. Tout cela permet aux lecteurs de bien déchiffrer le contexte et les enjeux à l'époque du colonialisme, de mieux comprendre la vie et les souffrances des anciens mineurs. La conclusion de l'auteur, elle-aussi édifiante, rappelle que l'activité minière a été menée «jusqu'au dernier souffle de la colonisation». La preuve, les ultimes actes de sabotage à la veille de l'indépendance de l'Algérie... Kenadsa et toute la région de Béchar, des lieux chargés d'histoire. Farid Larab a le mérite de témoigner, dans son livre, de ces repères de la mémoire.
Hocine Tamou
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Farid Larab, Les mineurs du désert, Kenadsa 1913-1962, Chihab Editions, Alger 2013, 198 pages, 620 DA


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