Par Kader Bakou Le pays vient de célébrer (ou de commémorer, c'est selon) une Journée nationale de la presse. Comme de coutume, dans certains journaux, nous avons eu droit à la liste des «acquis». Dans d'autres, au contraire, il a été question «des contraintes exercées par le pouvoir», de la censure ainsi que du fameux «droit à l'accès à l'information», en réalité, une formule creuse dont on ne sait pas vraiment ce que cela veut dire. Comme dans le film américain Le diable s'habille en Prada de David Frankel, le journaliste semble être quelqu'un qui défend toutes les causes, sauf la sienne. Aussi, il doit trouver normal de subir tous les caprices et les humeurs de ses responsables. Le journaliste algérien est confronté au quotidien à des problèmes dont, curieusement, personne ne parle (secret de Polichinelle ?). Si vous êtes journaliste dans la rubrique culturelle et que votre chef hiérarchique, ou le chef de votre chef hiérarchique, vous dit qu'il est un ancien journaliste culturel et qu'il aime la culture, vous êtes cuit. Il aura son (dernier) mot sur tout ce que vous allez écrire. Si vous proposez un article sur l'anniversaire d'Iguerbouchen, il vous dira quelque chose comme : «Laisse tomber ces vieilleries, il faut parler de la jeunesse et de la nouvelle génération !» L'année suivante, il vous reprochera «le ratage» de l'anniversaire du même musicien. Beaucoup de responsables de rédaction sont complexés par les deux ou trois «grands» journaux de la presse en Algérie, notamment le fameux journal en ligne aux trois lettres. Ainsi, les sujets, les angles d'attaque et même les titres qu'ils choisissent sont toujours les meilleurs et tu n'a raison que si tu as, par hasard, écrit comme eux. Parfois, on demande au journaliste algérien d'avoir le don d'ubiquité en étant sur le terrain et à la rédaction en même temps. Le journaliste algérien est aussi victime de cette étrange caricature de la «dictature du prolétariat», celle des chauffeurs (des journaux) qui, souvent, forts d'une incroyable impunité-immunité, font la pluie et le beau temps. Le journaliste est avant tout un être humain. Il n'est pas un esclave du scoop, sans éthique, sans cœur et sans fierté ! K. B.