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Evocations et hommages
Les médiations politiques et missions de paix de l'Algérie (1re partie)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 11 - 2014


Par Zineddine Sekfali
Depuis quelques mois, la diplomatie algérienne est à la manœuvre dans deux médiations, dans le but de faire cesser les violences qui secouent le Mali et la Libye, pays qui nous sont, comme chacun le sait, très proches.
Dans l'un comme dans l'autre cas, il s'agit pour l'Algérie d'amener les différentes parties qui y sont en conflit à établir des contacts entre elles, à s'asseoir à la table des négociations et à se mettre d'accord sur les termes d'un règlement pacifique de leurs différends. C'est probablement là le sens qu'il conviendrait, à mon humble avis, de donner à la phrase assez heureuse, «l'Algérie est exportatrice de paix et de stabilité», prêtée par la presse nationale à notre actuel ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui pilote ces deux délicates médiations. Cependant, ce n'est pas la première fois que l'Algérie s'implique à travers ce que les diplomates et les spécialistes du droit international public nomment bons offices et médiations dans le règlement de litiges et différends de nature politique ou juridique nés entre deux Etats, soit pour aider à la solution de conflit politique interne à un Etat. Ces derniers pour n'être que des conflits domestiques n'en sont pas moins souvent très épineux à résoudre. Ne dit-on pas en effet que de tous les types de guerre connus, celles qu'on qualifie de «civiles» sont les plus dures et les plus difficiles à arrêter ? En 1980-1981, l'Algérie a mené seule, directement, et jusqu'à son terme heureux, la médiation entre les Etats-Unis et la République islamique d'Iran. Cette médiation a donné lieu à une abondante littérature dans les revues spécialisées ; on peut dire qu'elle est devenue un cas d'école qu'on étudie dans les universités et instituts diplomatiques. Mais il est aussi arrivé à l'Algérie d'aider de manière indirecte au succès de médiations lancées et pilotées par d'autres pays ou institutions internationales.
A cet égard, on citera, d'une part, l'initiative qui a abouti aux accords de Taef en 1989, relatifs à la crise libanaise et d'autre part, la médiation initiée en 2013 par l'ONU pour mettre fin à la crise syrienne mais qui, malgré les deux rounds de pourparlers de Genève 1 et de Genève 2, n'a pas abouti. Il se trouve que, dans l'une comme dans l'autre de ces deux médiations, c'est M. Lakhdar Brahimi, ancien diplomate et ancien ministre des Affaires étrangères de l'Algérie, qui était à la manœuvre.
Bien entendu, j'évoquerai ci-après ces médiations. Auparavant, je traiterai de la médiation malienne qui a débuté il y a quelques mois à Alger et qui semble, en dépit des embûches de dernière minute, se dérouler convenablement, ensuite de la médiation interlibyenne, que d'aucuns s'évertuent, me semble-t-il, à tuer dans l'œuf, pour des motifs qui restent mystérieux.
La médiation malienne
Nos diplomates ont, à deux reprises au moins par le passé, procédé à des médiations intermaliennes. Celle qui est actuellement en cours est la troisième tentative algérienne de ramener la paix au Mali et rétablir la concorde entre les Maliens.
Le problème malien est donc récurrent ; il présente par ailleurs cette singularité d'être plus ancien que la proclamation de l'indépendance de... l'Etat malien lui-même ! Le Mali est devenu indépendant le 22 septembre 1960. Auparavant, il s'appelait «Soudan» et faisait partie, avec le Sénégal, d'une entité dénommée «Fédération du Mali» dont l'existence fut éphémère. Avant cela, le Mali était une colonie française appelée «Soudan français», et constituait avec la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée, la Côte d'Ivoire, le Niger, la Haute-Volta (aujourd'hui Burkina Faso) et le Dahomey (aujourd'hui Bénin) l'ensemble colonial dit «Afrique occidentale française» (AOF). Or, alors que l'heure de la décolonisation avait sonné et que les pays africains optaient les uns après les autres pour l'indépendance pleine et entière, la revendication irrédentiste des Touareg s'était manifestée à deux reprises. D'abord en 1957, lorsque le gouvernement français de la IVe République décida de créer l'Organisation commune des régions sahariennes (OCRS). Les Touareg avaient, en effet, immédiatement revendiqué l'octroi d'un statut particulier et exigé leur détachement administratif du Mali. Mais sans succès. Après l'arrivée du général de Gaulle au pouvoir en France en juin 1958 (il ne sera élu président de la République que le 21 décembre 1958), les revendications touareg se firent insistantes. En effet, dans une lettre adressée le 30 septembre 1958 par plusieurs chefs touareg au général de Gaulle, on lit ceci : «Nos intérêts et nos aspirations ne pourraient dans aucun cas être valablement défendus tant que nous sommes Rattachés à un territoire représenté forcément et gouverné par une majorité noire dont l'éthique, les intérêts et les aspirations ne sont pas les mêmes que les nôtres. C'est pourquoi nous sollicitons votre haute intervention équitable pour être séparés politiquement et administrativement et le plus tôt possible d'avec le Soudan français pour intégrer notre pays et sa région Boucle du Niger au Sahara français dont nous faisons partie historiquement et ethniquement.» En plus clair, les Touareg du nord du Mali demandaient pour des raisons ethniques, culturelles et économiques leur rattachement à l'Algérie considérée alors comme faisant partie de la France.
Les Touareg avaient également formulé une demande d'audience. Mais ni leur lettre dont je viens de citer l'extrait le plus significatif ni leur demande d'audience ne reçurent de réponse du gouvernement français. Dans une précédente contribution au Soir d'Algérie du 25 octobre 2012, j'ai formulé une hypothèse qui me paraît vraisemblable, à propos du «silence éloquent» du général de Gaulle. A mon avis, le général de Gaulle avait en fait décidé de laisser «la patate chaude touareg» aux futurs responsables africains des contrées subsahariennes et du Sahel, qu'il avait un certain temps espéré fédérer dans une sorte de Commonwealth à la française.
Cette entité, la «Communauté française», fut créée en 1958 mais ne vécut que deux années, les nouveaux Etats africains ayant tous, sans exception, opté en fin de compte pour l'indépendance pure et simple. Depuis la proclamation de l'indépendance du Mali (septembre 1960) à nos jours, il y a eu pas moins de quatre soulèvements armés de la part des Touareg du Mali.
Le premier eut lieu en 1963 ; il fut réprimé dans le sang et les fugitifs qui avaient cherché refuge en Algérie furent arrêtés et livrés aux hommes de Modibo Keita qui dirigeait le Mali d'une main de fer. Modibo Keita et Ben Bella, c'est notoire, s'appréciaient beaucoup. Il n'y avait donc pas eu à cette époque ni bons offices ni médiation : la rébellion fut noyée dans un bain de sang.
Le second soulèvement se produisit en 1990. Mais cette fois-ci, l'Algérie prit l'initiative d'une médiation qui aboutit à la signature des «Accords de Tamanrasset» de 1991 et à celle d'un «Pacte national» de 1992. Mais ces documents et les engagements pris furent allègrement violés peu de temps après. Le troisième soulèvement eut lieu en 2006 et prit fin avec la signature des «Accords d'Alger».
A leur tour, ils furent rapidement remis en cause par les uns et les autres. La quatrième rébellion éclata en 2012, lorsque les Touareg ayant combattu au service du guide libyen Kadhafi contre «les djerdane» réintégrèrent leur pays avec armes et bagages. Les revendications des Touareg qui jusqu'alors étaient d'ordre économique et social changèrent radicalement de nature et devinrent politiques avec l'apparition des groupes terroristes et des réseaux de narcotrafiquants. La République du Mali faillit, sous les coups conjugués des «jihadistes» et de leurs alliés touareg, disparaître pour être remplacée par un émirat. C'est du reste à cette période-là que le MNLA crut opportun de proclamer unilatéralement le 6 avril 2012 l'indépendance du Nord-Mali, baptisé «Azawad» et couvrant un territoire dont les limites étaient aussi élastiques que floues. D'où probablement les réactions immédiates de l'Union africaine, de l'Union européenne et de la France, qui condamnèrent cette proclamation et la déclarèrent nulle et non avenue.
Il faut à cet égard rappeler qu'il y a d'importantes minorités touareg en Algérie, au Niger, en Mauritanie et même en Libye : l'indépendance de leurs congénères du Mali pourrait les tenter de revendiquer la leur, voire peut-être de réclamer la création d'un immense Etat touareg qui les regrouperait tous. Ces populations traditionnellement nomades sont en effet liées les unes aux autres par le sang et par les appartenances tribales ; elles ont de fréquents contacts entre elles et entretiennent des relations permanentes. S'agissant des Touareg d'Algérie, on soulignera que s'il est vrai qu'ils n'ont jamais présenté de revendications politiques, leurs notables au nombre de trois cents environ et une quarantaine de chefs tribaux se sont cependant réunis à Tamanrasset, à la fin du mois d'octobre écoulé, sous la présidence de l'Amenokal Ahmed Edaber, pour débattre entre eux de leur situation et formaliser dans une sorte de cahier de doléances ce qu'ils attendent du gouvernement algérien.
On a appris qu'après près avoir vigoureusement dénoncé la marginalisation et l'ostracisme dont ils seraient l'objet, ils ont adopté, à l'issue de cette réunion extraordinaire, une longue liste de revendications administratives, économiques, sociales et culturelles à soumettre aux autorités nationales. On dit que notre Premier ministre, qui connaît bien la région du Hoggar pour y avoir servi quand il faisait partie du corps préfectoral, a récemment effectué un déplacement à Tamanrasset afin de s'enquérir lui-même sur place des desiderata de ces Touareg algériens mécontents et en colère. Mais pour en revenir à la crise malienne, il faut se souvenir que les Touareg du MNLA et leurs alliés, les «djihadistes» d'Ansar Eddine, d'Aqmi et du Mujao, sont partis en guerre en janvier 2012 contre l'Etat malien.
Prenant les villes du nord, notamment Kidal, Gao et Tambouctou, ils parvenaient à étendre leur autorité sur les deux tiers du Mali. Encouragés par leurs fulgurants succès militaires, les groupes islamistes lançaient à leur tour en janvier 2013 une vaste offensive en direction de Bamako. Le Mali, gravement menacé dans sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale, en appela à la communauté internationale. Son appel fut entendu.
Et c'est à partir de là que d'une rébellion de type traditionnel, le conflit malien se transforma en une véritable guerre étrangère. En effet, dans la nuit du 10 au 11 janvier 2013, le Conseil de sécurité ordonnait une intervention rapide de la force internationale africaine. Le lendemain, le président de la République française annonçait que l'aviation française était intervenue au Mali et avait stoppé l'avance des terroristes en leur infligeant de lourdes pertes. Le 15 janvier 2013, alors que certains glosaient toujours sur une prétendue divergence entre Américains et Français sur l'opportunité de l'entrée en action de la France au Mali, le ministre américain de la Défense Leon Panetta, ancien patron de la CIA, déclarait que les Etats-Unis approuvaient l'intervention française et que son propre pays fera tout pour empêcher Al Qaïda d'avoir une base au Sahel.
Sur le terrain, après l'attaque française, les groupes armés se débandaient, fuyaient vers le nord et vers l'ouest, et entraient en conflit les uns avec les autres.
Les commandos français, de plus en plus nombreux, les poursuivaient, les repoussant vers la frontière algérienne pour ensuite les refouler dans le massif de l'Ahaggar. L'Algérie, malgré les deux coups sévères qui lui ont été portés, l'un au travers du rapt de sept employés algériens de notre consulat à Gao, l'autre par l'attaque du complexe gazier de Tiguentourine, entreprenait — jamais deux sans trois, a-t-on coutume de dire ! — une troisième médiation entre les Maliens. Notre diplomatie se redéployant et utilisant ses relais habituels parvenait à renouer les contacts avec les Touareg pour les convaincre de l'intérêt qu'il y avait pour eux de mettre fin à leurs attaques et de s'asseoir à la table des négociations avec les représentants de l'Etat malien et des autres ethnies du Mali. Le dialogue pour avoir un sens et quelque chance d'être couronné de succès devait être «inclusif».
De fait, les pourparlers directs entre les protagonistes, c'est-à-dire le gouvernement malien, les groupes armés, à l'exclusion toutefois des groupes terroristes et les représentants de la société civile malienne, ont débuté à Alger le 12 septembre 2014. Tout le monde aura remarqué, je pense, le rôle de pivot central joué par la diplomatie algérienne dans la préparation, l'organisation et le déroulement des pourparlers et des négociations.
Les protagonistes ont déjà tenu plusieurs réunions à Alger et longuement débattu entre eux des points inscrits sur la feuille de route et les ordres du jour arrêtés. Ils sont repartis chez eux en consultation il y a trois semaines, en prenant rendez-vous à Alger pour le 20 novembre 2014, afin de mettre au point un «pré-accord» qui doit permettre la signature d'un «traité de paix permanent», disent certains organes de presse. Mais d'ores et déjà, il semblerait, selon les informations qui filtrent à Bamako ou à Alger, que la question du statut de l'Azawad qui a constamment été la pierre d'achoppement sur laquelle les négociations ont chaque fois buté, soit désormais pratiquement réglée à la satisfaction de tous. On ne parlerait plus dans les accords ni d'indépendance de l'Azawed ni de fédéralisme. En contrepartie, le nouveau statut prévoirait une véritable régionalisation démocratique du Mali tout entier. Il appartiendrait ensuite à tous les Maliens de s'atteler, avec l'appui et l'assistance de la communauté internationale, à éradiquer le terrorisme, à combattre sans répit les narcotrafiquants et à déclarer la guerre au sous-développement, cette guerre étant, en définitive, la seule qui vaille la peine d'être faite dans nos contrées.
Z. S.


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