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Il vaut mieux être héros de la révolution que troubadour... !
L'esprit de Zoubir Bouadjadj (2e partie et fin)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 27 - 11 - 2014

Par ailleurs, la préparation de cet événement tant attendu se poursuit dans l'engagement et la détermination. Zoubir ne désempare aucunement. Plus fougueux que lui dans le groupe n'existe pas ! Ainsi, pour ne pas faillir à sa qualité de baroudeur, il va, en plus de l'argent, récupérer ces armes indispensables au déclenchement de la bataille. Celles-ci se trouvent à l'abri, depuis l'OS, dans une cache creusée dans le roc, chez les Zergaoui, rue Porte-Neuve, dans la Casbah. Il les prend, et avec quel génie – entendez par là : la discrétion, le personnel et les moyens de transport ! Il les déplace chez lui dans sa cache de la ruelle Montréal, à la Colonne Voirol. Après un bout de temps, il est contraint d'acheminer cet «arsenal» vers Crescia (aujourd'hui Khraïcia), dans la ferme des frères El Hadjem, dont l'aîné, Kaddour, est l'un de ses éléments de groupes de choc. Cette ferme est érigée en lieu de rencontres et d'entraînement des groupes armés, et Zoubir Bouadjadj en est le maître d'œuvre. D'ailleurs, les principaux responsables de la Révolution, les Boudiaf, Ben M'hidi, Krim, Ben Boulaïd, Bitat et Didouche séjournent dans cette ferme, de même que les groupes opérationnels qui s'initient à l'utilisation des explosifs. En tout cas, cet endroit discret et, disons-le, stratégique, connaît énormément de stages pratiques, de visites, de séjours et de transits.
Les armes récupérées par Zoubir Bouadjadj serviront aux premières opérations, la nuit du 1er novembre 1954, dont essentiellement aux groupes du commando qui accompliront les actions armées dans la capitale, et qui sont sous sa responsabilité. Elles serviront également à l'attaque de la caserne Blandan, à Boufarik, que dirigera Bitat, et à d'autres, dans la région de Blida, sous la conduite de Souidani Boudjemaâ.
Après ces opérations déterminantes où l'organisation et la logistique tiennent leur bonne place, vient l'autre, non moins importante, celle de la préparation de la réunion décisive — la réunion du destin — qui va regrouper les «ténors» qui vont donner à celle des «22» sa véritable légitimité et l'inscrire en lettres indélébiles dans l'Histoire de notre pays. Zoubir se démène, remplissant convenablement sa tâche de véritable meneur, après avoir dit : «Je suis prêt !» à Didouche Mourad qui lui confie la mission historique... En effet, il dit oui, sans hésiter, à ce véritable chef, à cette âme de la révolution, voire son ferment qui, grâce à lui, «la pâte commence à lever doucement».
Ce contrat va le mettre dans le bain pour terminer la préparation de la phase pratique de cette ultime rencontre. Il faut choisir le lieu, les moyens et la date. Zoubir, en excellent organisateur, pointilleux sur nombre de modalités, intransigeant sur quelques détails, transfère la rencontre des «Six» chez le militant Boukechoura Mourad, à Raïs Hamidou (la Pointe pescade), au 24, avenue Bachir-Bedidi (anciennement rue Comte Guillot). La réunion se tient le 23 octobre 1954, une semaine pratiquement avant le déclenchement de la lutte armée. Pour cette auguste occasion qui va changer le cours de l'Histoire dans le pays sous les bottes du colonisateur, il faut s'assurer que toutes les conditions de réussite soient réunies. En effet, tout se termine dans la satisfaction des participants et de ceux qui ont veillé à son bon déroulement. Car, ce jour-là, les six responsables définissent les causes, les objectifs, les moyens et les conditions de la lutte. C'est bien, mais le reste..., la mise en exécution, se dit Zoubir Bouadjadj, qui a pensé à tout cela dans sa démarche pour la réalisation de ce fameux projet.
Il assure en partie les moyens pour l'impression et la diffusion des conclusions des «Six», reprises fidèlement dans un document appelé la «Déclaration du 1er Novembre 1954» et faisant fonction de premier appel adressé par le FLN (le Front de libération nationale) au peuple algérien. Il s'agit de cette fameuse machine à écrire — nous l'avons déjà signalée —, ensuite du rédacteur, ou correcteur éventuellement du document, quelqu'un qui possède tous les critères du parfait militant. Le choix s'arrête sur Mohamed Laïchaoui, un journaliste freelance, qui est un peu partout, dans différents journaux, dont le quotidien Le Monde. Une belle plume, et un bon militant du PPA, que Zoubir déniche.(2)
Un premier rendez-vous chez Ahmed Zahouane, dans son café à Belcourt, réunit Zoubir Bouadjadj avec le journaliste qui est ensuite pris en charge pour être acheminé par Kaci-Mokhtar Abdallah et son frère qui le remettent à Ouamrane. Ce dernier le confie aux bons soins de Krim Belkacem qui le met aussitôt à l'œuvre pour accomplir ce qui lui est dévolu. C'est dire les étapes que traverse Mohamed Laïchaoui pour arriver enfin à cette demeure des Zaâmoun, dans le Djurdjura, et commencer son travail. C'est cela la vigilance dans un système de clandestinité. Revenons au déclenchement de la lutte armée, en ce novembre 1954. Le secteur de Zoubir Bouadjadj est bien organisé. Des militants déterminés sont sur le pied de guerre, décidés à ne plus reculer devant cet ennemi qui, plus d'un siècle durant, a fait boire au peuple le calice jusqu'à la lie. Alors, secondé dans sa tâche par deux lieutenants, ses frères de combat et membres des «22», Othmane Belouizdad et Mohamed Merzougui, il va droit vers la composition de ce commando utile aux opérations du 1er Novembre.
Nonobstant tout ce qui est accompli par Zoubir dans le cadre de sa pesante mission, il reste cependant vigilant jusqu'à la fin, c'est-à-dire jusqu'à l'achèvement total de toutes les étapes, par «la mise à feu» de la révolution du 1er Novembre. Et il a raison d'être vigilant, pour faire face à toute défaillance qui puisse altérer le cours des événements. Défaillance, le mot est lâché ! Car, il y en a eu, au moins une, à Blida... malheureusement, mais une défaillance qui est vite rattrapée pour que Novembre réussisse. En effet, vite rattrapée par Souidani Boudjemaâ et Bitat qui mettent à contribution les moudjahiddine de la Kabylie, que leur envoient Krim et Ouamrane, pour effectuer les opérations programmées pour la nuit du 1er Novembre dans la région de Blida. Ce groupe composé de 21 braves, bien armés, est reçu par l'intrépide Zoubir Bouadjadj. Il l'héberge et l'instruit à la ferme de Kaddour El Hadjem à Khraicia et le remet (le groupe) à Souidani Boudjemaâ qui l'envoie diligemment participer à l'action, à l'heure H, au niveau du secteur qui leur a été désigné.
«Krim et Ouamrane ne se contentent pas d'aider Souidani à Boufarik et à Blida, ils informent Bitat qu'ils sont prêts à envoyer 200 hommes vers la zone IV qui se déploieront dans tous les quartiers de la capitale.»(3) Cela dénote tout l'engagement de Krim et de ses hommes de la zone III pour la réussite du déclenchement de la lutte sur tout le territoire national.(4)
Effectivement, en cette nuit historique, Zoubir Bouadjadj, le sportif, le militant, le moudjahid, «l'élément essentiel de l'attelage de Novembre» et le chef du commando d'Alger est là, sur le qui-vive, attendant que sonne minuit pour aller en besogne. Cinq groupes dans ce commando, où chacun s'occupe d'une mission dûment ordonnée par lui. Trois cibles sont désignées pour la flamme de Novembre, la Radio d'Alger, l'usine à gaz et les transports Mory. Pour ce qui est des responsables de groupes, et en plus de ses compagnons, membres des «22», Mohamed Merzougui et Othmane Belouizdad, dont chacun s'occupe d'un groupe, les trois autres sont confiés à Kaci-Abdallah Mokhtar, à son oncle Abderrahmane et à Ahmed Bisker. Ces cinq groupes du commando d'Alger que dirige Bouadjadj se composent ainsi d'une trentaine d'hommes, selon les écrits d'historiens.(5) A cela s'ajoutent des bribes d'informations qui disent que Zoubir Bouadjadj, pour mieux préparer l'avenir de l'engagement décisif dans Alger, aurait rencontré Yacef Saâdi, qui était avec lui dans l'OS et sociétaire du club sportif de l'USMA, pour l'informer du déclenchement imminent de la Révolution. Ce dernier, quant à lui, se trouvait à la tête d'un groupe de réserve composé des Amar Aïdoun, Abdelkader Tchikou et Mahieddine Berredouane.
Voici, dans les détails, quelques faits et événements créés ou dirigés par ce valeureux militant, pour arriver au déclenchement de notre révolution, une phase déterminante dans le long processus de décolonisation entamé par notre peuple, depuis ce funeste jour de Sidi Fredj, en juillet 1830.
Nous avons tenu à les recenser et à les transmettre en substance à la jeunesse, non pas pour parader, mais pour lui rappeler ce qui ne lui a pas été dit, depuis l'indépendance, tant et si bien qu'elle pensait, dans son ensemble, bien avant ces derniers temps, que la révolution de Novembre était une création spontanée, une révolte après des humeurs difficiles de nos parents à l'endroit du colonisateur. Ce n'était pas de sa faute, franchement ! Car ceux qui devaient lui dire la vérité sur l'Histoire de notre peuple, depuis les temps immémoriaux, se sont tus, laissant d'autres parler à leur place. Ainsi, ces autres, ceux qui n'ont rien fait pour la révolution de Novembre, ou très peu, s'en sont donné à cœur joie, profitant du vide, pour fantasmer, spéculer et... mentir sans aucune retenue.
Dans cet imbroglio, Zoubir Bouadjadj, qui était d'un tempérament bouillonnant, mais compréhensif, et malgré tout magnanime, racontait, chaque fois que des «histoires» pareilles revenaient sur le tapis, cette boutade de l'Emir Abdelkader à son aide de camp, au musée du Louvre, devant un beau tableau relatant une des batailles de France : «Ah! si j'étais artiste-peintre, j'aurai réalisé, moi aussi, une toile plus grande retraçant une plus belle bataille que celle-là...» Cette réponse de l'Emir à ceux qui l'assommaient de discours fervents et passionnés disait ce qu'elle voulait dire.
Et lui savait mieux que quiconque, parce qu'il se trouvait sur le terrain des opérations, que des chimères de responsables «autoproclamés» aient parfois obtenu l'agrément d'un grand nombre de gens, toujours désireux qu'on leur dépeigne les choses non comme elles sont, mais comme ils voudraient qu'elles fussent. De ce comportement, Georges Duhamel, en concevant la notion de «littérature de témoignage», affirmait au cours d'une conférence, il y a bien longtemps(6) : «Nul n'est de trop pour collaborer à la légende ! Les survivants étreignent de précaires souvenirs que tout conspire à défigurer et à dissoudre.»
Mais pourquoi ? rétorquerez-vous. Parce que la plupart, parmi les vrais, les authentiques moudjahidine – comme tout le monde le sait – se sont «démotivés», découragés, en juillet 1962, et ceux qui restaient dans le circuit du pouvoir n'ont pas eu cette audace d'intervenir pour corriger et rétablir la vérité. De toute façon, même dans leur silence, les uns et les autres n'ont pas choisi cette outrecuidance pour jouer aux imposteurs, parce qu'ils respectaient, voire sacralisaient ce combat de leur peuple qui a trop souffert pour acquérir son indépendance. Peut-être avaient-ils dans l'esprit que cette révolution qui privilégiait le symbole ne s'attachait aucunement aux détails, même si ceux-là ont leur importance, du fait que la réussite pouvait en dépendre ?
Peut-être parce que ces gens d'alors œuvraient dans la clandestinité et faisaient du cloisonnement leur credo, ce qu'il faudrait souligner avec insistance ? En tout cas, pour l'une ou l'autre raison, plusieurs pans d'activités essentielles sont inexplorés et de valeureux intrépides, braves et courageux sont ignorés, jusqu'à aujourd'hui ou, pour le moins que l'on puisse dire, laissés dans le mystère et l'indécision, pour ce qui est de la reconnaissance de leur participation à la révolution.
Certains parmi ces héros risquent de ne jamais être connus pour figurer, en lettres indélébiles, dans les éphémérides de l'Histoire. Et c'est là où on s'aperçoit que les révolutions ont des arcanes – d'autres les appellent énigmes – qui donnent l'occasion à certains, parmi les révolutionnaires, d'accuser, dans des gestes d'inconscience ou de rancœur exacerbée, d'autres compagnons de lâcheté et de traîtrise, dans une ambiance de déballages et d'atteinte au caractère sacré de toute action révolutionnaire qui, en principe, se concrétise sous le serment de l'unité et de la fraternité. Elles donnent également – il faut dire malheureusement – l'occasion à plusieurs, qui n'étaient pas des foudres de guerre, de profiter de toutes ces circonstances pour plastronner haut et fort leur héroïsme en l'absence des vrais patriotes et moudjahidine, ceux-là mêmes qui se sont confinés dans le silence. Mais que voulez-vous, nous ne sommes ni les premiers ni les derniers car ne dit-on pas que dans les révolutions il y a deux sortes de
gens : ceux qui les font et ceux qui en profitent ? Ainsi, Didouche Mourad avait ce présage qui exprimait, en son for intérieur, ce désir ardent de ne pas arriver à cette situation, quand il conjecturait : «Si nous venions à mourir, défendez nos mémoires...» De ce fait, cet écrit sur Zoubir Bouadjadj pourrait servir d'exemple à d'autres qui s'expriment dans ce créneau, pour se prononcer sur des événements véridiques, pour célébrer la lutte de ces braves et laisser de côté les égocentrismes qui ont introduit, chez nous, des formes de spéculation abjectes, qui ne profitent pas à l'éducation de notre jeunesse.
Aujourd'hui, plus qu'hier, avec le départ de ce nationaliste, un héros de la Révolution – et il en reste peu – , il faut défendre la mémoire de ces valeureux moudjahidine et essayer de se ressaisir en réunissant les morceaux du puzzle qui ont été dispersés depuis longtemps, c'est-à-dire depuis que nous existons en tant que nation souveraine, après notre indépendance nationale...
Revenons à lui, à ce vétéran du nationalisme, qui est le sujet de notre chronique, tout en confessant qu'il n'aimait pas tant que l'on parle de ces dissensions et de ces déconvenues qui ont quelque peu altéré la marche de notre Révolution. Parce que celles-ci, dans notre climat d'artifice, consolent et apaisent certains, tout en ouvrant la porte de la spéculation à d'autres. Ainsi, tous les authentiques militants, les vrais, qui ont connu les difficultés de l'engagement sérieux et de la contribution honnête, pensent qu'avec le déploiement du temps et le déclin de la morale, il sera de plus en plus difficile de témoigner avec précision et fraîcheur. Ne les laissons pas languir dans cette crainte et faisons ce qui est indispensable pour réanimer cette ardeur qui nous mobilisait hier. Alors, rassurons-nous de ce qui nous reste comme véritables concepteurs de la Révolution, réalisons un juste pacte avec eux et jurons que cette flamme de Novembre doit nous mener très loin, toujours dans l'élévation vers les sciences, la culture, le développement, l'émancipation et le progrès, mais aussi vers la fidélisation de notre patrimoine ancestral qui trouve ses racines très loin dans l'Histoire de notre pays.
De là, les jeunes qui attendent beaucoup de nous saurons que le FLN, sous la bannière duquel des millions d'Algériens se sont mobilisés pour recouvrer leur souveraineté nationale, et contrairement à l'idéologie de certains «bénéficiaires», disons des profiteurs, n'est pas survenu ex nihilo, car le mouvement national dans lequel militaient les Boudiaf, Ben M'hidi, Amirouche et autres Bouadjadj et les humbles patriotes d'Arris, de Betrouna et de Beni-Chougrane, a bel et bien existé avec ses défauts et ses qualités. De là aussi, ils sauront respecter – certainement mieux que nous –, une fois instruits, sensibilisés et bien éduqués selon les règles de bienséance, ces vaillants patriotes, de leur vivant et après leur mort. De même qu'ils sauront faire la différence entre les justes et les faux militants, ceux qui aiment vraiment leur pays, parce qu'ils auront banni cette duperie récursive qui nous diminue et nous affaiblit.
À ce moment-là, Bouadjadj, le modeste Zoubir, le chef du commando d'Alger, entendra, du fond de sa tombe, non pas les sarcasmes provenant d'étalage de nos mensonges et de nos mystifications, mais des voix qui s'élèvent, très haut dans le ciel de la liberté, célébrant la véritable réussite de l'Algérie, pour laquelle il s'est longtemps sacrifié.
Et ça sera sa joie, le jour du jugement dernier, face à Dieu, le Tout-Puissant, la joie d'avoir été probe, propre et dévoué pour la cause nationale, cette magnifique joie du travail accompli et qui a abouti à la libération du peuple, au recouvrement de sa souveraineté nationale et au développement de sa jeunesse, avide de savoir et de justice.
K. B.
NOTES :
(2) Tahar Gaïd, moudjahid, ancien compagnon de Abane Ramdane, affirme que Laïchaoui était militant avec lui au PPA.
(3) Selon l'historien le Dr Yahia Bouaziz dans Les insurrections en Algérie au cours des XIXe et XXe Siècles, tome II, Alger, 2007.
(4) Imad Kenzi : L'origine du 1er novembre en Kabylie.
(5) Cette information est relatée par l'historien français Yves Courrière.
(6) Georges Duhamel : conférence faite le 13 janvier 1920 à la Maison des amis des livres sous le thème : «Guerre et Littérature».


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