Aucune wilaya, aucune commune en Algérie n'est épargnée par la corruption : la situation est réellement désastreuse. Nous ne pouvons pas établir de classement fiable de la wilaya ou de la commune la plus corrompue. Les wilayas et les communes qui disposent des budgets les plus importants sont les plus corrompues. Dans le niveau de corruption au niveau d'une wilaya, la responsabilité du wali est essentielle : si ce wali est très versé dans la corruption, la corruption gangrénera son administration et l'ensemble des directions de l'Exécutif de wilaya. Ce wali très corrompu — surtout si c'est son dernier poste et qu'il est proche de la retraite — fera de la corruption un «instrument» de gestion pour s'enrichir et corrompre lui-même à tous les niveaux, notamment en direction des administrations centrales (ministères, institutions nationales de contrôle, etc.). Plus grave, ce wali corrompu s'entourera de collaborateurs incompétents et aux ordres, même contre la loi et la réglementation. Un critère pour apprécier le niveau de corruption dans une wilaya ou une commune est celui du niveau de développement et de l'état d'avancement des projets et des chantiers : quand il y a beaucoup de corruption, la wilaya et ses communes ne sont pas du tout gérées, il y a trop de retard, trop de laisser-aller, et le mécontentement populaire est à son maximum. Des walis hors tutelle du gouvernement ! Le gouvernement est souvent informé sur ces dérives — les ministères de l'Intérieur et des Finances notamment —, mais il n'a toujours pas pris les mesures nécessaires pour sanctionner les responsables indélicats de nombre de wilayas. Et pour cause, beaucoup de walis, et donc de wilayas, échappent à la tutelle du gouvernement. Dans ces «territoires» obéissant à d'autres centres de décision et à d'autres tuteurs, plusieurs ministres n'y vont plus ou y font des visites éclair, car n'ayant plus aucune autorité sur ces walis «Hors cadre», encore moins sur les directeurs exécutifs qui relèvent de leurs départements ministériels. Situation aussi grave pour ce qui est des institutions de contrôle : c'est l'échec. Elles sont neutralisées, instrumentalisées, et versent dans la complaisance, lorsqu'elles ne sont pas carrément détournées, voire corrompues. Où est passée la Cour des comptes, notamment ses chambres territoriales ? Les chambres territoriales, au nombre de 9, sont chargées de contrôler les finances des collectivités territoriales (wilayas et communes) relevant de leur compétence géographique. Les chambres territoriales peuvent également contrôler les comptes et la gestion des organismes publics auxquels les collectivités territoriales concèdent des concours financiers ou détiennent partiellement ou majoritairement leur capital. Et l'Inspection générale des finances, centrale et régionale, et les inspections des ministères ? Et les brigades économiques et financières de la Sûreté nationale et de la gendarmerie nationale ; et les inspections du commerce et de la répression des fraudes ; et les inspections des impôts ?...