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Réflexion
Changer notre vision de Dieu
Publié dans Le Soir d'Algérie le 15 - 12 - 2014


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«La science sans la religion est boiteuse ; la religion sans la science est aveugle»
(Albert Einstein)
«Si Dieu est le cosmos, alors je crois en Dieu. Si Dieu est le processus créatif appelé Evolution, alors je crois en Dieu. Si Dieu est ces 13,7 milliards d'années d'essais et d'erreurs qui ont produit la pensée, alors je crois en Dieu. Mais si Dieu est satisfait de la mort et des meurtres qui ont lieu depuis le début de la vie, voici 3,5 milliards d'années, si l'Univers persiste à générer de la souffrance, alors je crois que le seul Dieu, la seule force qui va nous entraîner vers une existence plus humaine est la force combinée de vous et de moi.»
(Howard Bloom, Le Cerveau global)
Pour enclencher la réforme de l'islam qui pourrait remettre les musulmans dans l'axe de l'évolution et du savoir, pour rendre leurs idées «authentiques et efficaces» comme elles l'étaient à leur point de départ, ils doivent commencer par le haut, par le ciel, par le changement de leur vision de Dieu à la lumière de données coraniques réinterprétées et des dernières «révélations» de la science. Dieu existe, c'est le musulman qui n'existe plus depuis longtemps dans l'Histoire. Allah est grand, c'est le musulman qui est petit parmi les plus petits sur la terre ; Dieu donne la vie à travers un processus prodigieux, c'est le musulman qui l'ôte avec une facilité déconcertante ; Dieu n'a pas besoin de nous, c'est nous qui arguons de Ses intentions pour justifier nos penchants à la domination et le mal que nous commettons dans la vie courante sans nous rendre compte. Les grandes religions monothéistes ont mis en scène deux visions de Dieu : un Dieu de l'Univers, maître et créateur de tout, et un Dieu de l'Histoire engagé dans les actes quotidiens de Ses créatures, impitoyable avec les «infidèles» et miséricordieux envers Ses adorateurs.
Le premier ne pose problème ni aux croyants ni aux non-croyants, alors que le second est à l'origine de l'animosité entre croyants d'abord et entre croyants et non-croyants ensuite. Le Dieu de l'Univers est plus convaincant que le Dieu de l'Histoire.
Si les Ecritures ont révélé Dieu à une humanité primitive, dépourvue de moyens d'investigation intellectuelle et proie facile à des forces de la nature sur lesquelles elle n'a aucune prise et qu'elle assimile à des forces surnaturelles la dépassant et l'écrasant, la science révèle un autre Dieu, véritablement omnipotent et omniscient, ami de l'intelligence et destinant l'homme à exercer son génie jusqu'à parvenir à Lui par la connaissance. Cette foi-là ne sera jamais déçue, alors que celle des Ecritures a été malmenée et souvent démentie.
En ces temps lointains, les règles juridiques, la loi, la morale séparant le bien du mal et l'utile du nocif à la santé individuelle et collective, l'éthique sociale, la philosophie et la science n'existaient pas, mais seulement la loi du plus fort, les légendes et les mythes. Dieu devait orienter et instruire une humanité dans l'enfance mentale pour sa propre sauvegarde. Il fallait utiliser un langage qu'elle pouvait comprendre, des images, des métaphores et des allégories accessibles et porteuses de sens pour elle et exiger qu'elle s'y conforme par un acte de foi total. Il fallait frapper l'imagination, utiliser parfois les «miracles» comme preuves, et d'autres fois recourir à la peur et à la cœrcition pour obliger au respect de ces règles indispensables à la vie en groupe.
Plus tard, au VIIe siècle, lorsque l'homme avait parcouru un chemin important sur la voie de la raison et des réalisations morales et matérielles (codes de conduite, sagesse, techniques et sciences développées par les civilisations de l'Antiquité, organisation sociale plus élaborée, monothéisme assez répandu parmi les hommes...), le Coran est venu lui tenir un langage empreint de rationalité pour le pousser vers davantage de réflexion et de progrès. Il a mis les «savants» («dhou-l-albab»), ceux qui réfléchissent, au-dessus des autres, fussent-ils les plus pieux ou les «martyrs» qui donnent leur vie pour la foi. La méthode choisie semble de procéder par touches successives, avançant chaque fois un peu plus dans les descriptions et les explications relatives au conditionnement de la nature pour la rendre vivable, à la chaîne alimentaire pour perpétuer la vie, à la création de toute chose à partir de l'eau, à la «création par phase» de l'homme et à sa conception intra-utérine pour le mettre sur la piste de l'idée d'Evolution. La sensation qui s'incruste en nous au fur et à mesure qu'on chemine dans la lecture du Coran dans l'ordre chronologique est qu'il déroule son message suivant une logique : l'homme est informé qu'il fait partie d'une Création et situé dans un milieu cosmique inintelligible encore ; la conservation de l'espèce ne nécessite pas qu'une chaîne alimentaire, elle doit revêtir un sens et avoir un but, choses dont il va être informé par un «Message», une «information» venue de Dieu ; l'éveil au principe transcendantal va le relier à l'Univers et accélérer son processus d'humanisation par l'entrée en jeu de valeurs morales (obligations et interdits) et de rites qui fixeront l'identité de chaque communauté dans la diversité humaine.
L'enchaînement des versets et des sourates suit une méthodologie : Dieu est un, la vérité est une, l'histoire des hommes et leur destin sont communs. Par son insistance sur le principe d'unicité et d'universalité de Dieu, la valeur la plus sacrée aux yeux de l'islam, le Coran veut libérer les sociétés primitives de l'idolâtrie et du polythéisme qui les maintiennent loin des chemins de la droiture et du savoir. Depuis Adam, Dieu a envoyé à tour de rôle aux hommes une «direction» pour les orienter dans la nature et l'Histoire. Il a périodiquement choisi au sein de chaque communauté un homme parlant son langage pour les appeler à un comportement altruiste et moral. Il faudrait plusieurs livres pour traiter de ce qu'on découvre à la lecture du Coran dans l'ordre chronologique. Une nette démarcation apparaît entre la première partie où est exposé le Sens de la nouvelle religion (de la sourate 1 à la 86, révélées entre 610 à 622, année de l'émigration du Prophète à Médine) et la seconde où est exposé le rite (de la sourate 87 à la 114, révélées entre 622 à 632, année de la mort du Prophète). Cette franche démarcation n'est pas perceptible quand on le lit dans l'ordre où il est actuellement, car on passe de sourates mecquoises à des sourates médinoises et vice-versa. La première, révélée à La Mecque, est immédiatement suivie de quatre révélées à Médine ; puis deux mecquoises sont suivies de deux médinoises ; puis trois mecquoises d'une médinoise ; puis huit mecquoises de trois médinoises ; puis neuf mecquoises d'une médinoise, etc. La première partie qui compte 86 sourates et 4613 versets est dominée par l'exposé de la vision cosmologique de l'islam et des valeurs morales et sociales qu'il prône, et la seconde, qui compte 28 sourates et 1623 versets, par l'exposé du rite qui va distinguer l'islam des deux autres branches du monothéisme, judaïsme et christianisme.
De fait, la religion a joué partout où elle est apparue sous des formes plus ou moins élaborées le rôle d'une force de cohésion des systèmes sociaux pour agréger culturellement les individus comme la force nucléaire agglomère les particules élémentaires dans les systèmes physiques et biologiques. Toutes les civilisations actuelles sont les produits d'inspirations religieuses. Le Sens touche à l'intérêt de l'espèce humaine, à l'universel, au divin et à l'au-delà, alors que le rite est un ciment moral, un liant social, un «créateur de conformisme» qui espère, bien sûr, se généraliser à l'ensemble de l'humanité, chose qui ne s'est réalisée pour aucun culte à ce jour.
L'islam qui est la seule religion à reconnaître toutes les ramifications du monothéisme, qui se définit comme un «Rappel» des Ecritures précédentes et reconnaît leurs prophètes, est venu clore le cycle de la Révélation et de la prophétie. Aucun livre sacré n'a autant que lui incité l'homme à partager avec Dieu les secrets de la Création et de la vie. Dieu exhorte l'homme à développer ses capacités cognitives en vue de déchiffrer les «Signes» laissés par Lui tels des indices à son intention. Il les appelle à étudier l'histoire des nations et à développer des disciplines nouvelles (géologie, anthropologie, astronomie, physique, biologie, etc.) pour élucider les énigmes qui les hantent depuis l'origine. Non pour le plaisir de l'intellect, mais en rapport avec le destin post-terrestre de l'humanité dont nous n'avons pas encore une idée claire, avec une mission qui ne nous est pas encore clairement apparue.
Lorsqu'on compare les rites des trois religions monothéistes, on observe que l'islam n'a pas innové sur ce plan : la foi en un Dieu unique existe au moins depuis Ibrahim ; la prière est une pratique universelle sauf que ses formes diffèrent d'un culte à l'autre ; le jeûne était observé par d'anciens peuples comme le rappelle le Coran, dont les chrétiens «carême») ; la charité et l'aumône aussi ; le pèlerinage à La Mecque est une tradition antérieure à l'islam et était pratiquée par les polythéistes mecquois ; l'alimentation «casher» ou «halal» est commune aux juifs et aux musulmans... Il n'a pas non plus innové au plan du dogme puisqu'il reconnaît la Thora et les prophètes juifs ainsi que l'Evangile (au singulier et non au pluriel) dont il ne se distingue que par la Trinité. Il rappelle sans relâche son appartenance à la tradition abrahamique, au courant monothéiste, au mouvement prophétique sémitique et ne s'en écarte que par de légères différences, fruits des déviations incombant aux docteurs de la foi de ces religions. Sa singularité réside dans l'ajout du prophète Mohammed (QSSSL) à la liste des prophètes, ce que n'admettent pas les deux autres religions. La différence qui frappe par contre dans les Ecritures des trois religions est l'idée scientifiquement recevable présentée de Dieu par le Coran et la vraisemblance et le réalisme de ses descriptions de l'Univers.
Dans le Coran, Dieu décline d'emblée Son identité et renseigne sur Ses attributs. Il s'offre à l'examen et incite à la méditation sur Ses modes d'action : «Il n'engendre pas et n'a pas été engendré... Rien ne lui est égal... Il est le Créateur universel par excellence... Il est le Seigneur de l'Univers... Il a crée les cieux et la terre... Il a créé l'homme et tous les hommes, les dotant de facultés appropriées... Il est l'innovateur, Celui qui crée sans Se référer à quoi que ce soit.
Il crée sans modèle préétabli... Il est la lumière de l'Univers, lumière sur lumière... Il est Celui qui connaît ce qui est caché et ce qui est apparent... Il est très éloigné de ce que les hommes Lui associent...
Il est le législateur qui régit par Ses lois et ordonnances l'architecture et le fonctionnement de l'univers... Il possède les clés du mystère que Lui seul connaît parfaitement... Nulle feuille ne tombe sans qu'Il le sache, il n'y a pas un grain dans les profondeurs de la terre ni de brindille verte ou desséchée qui ne soit dénombré dans le livre de l'Evidence... C'est Lui le Premier et le Dernier, l'Apparent et le Caché...»
Dès les premiers versets on intègre l'idée que l'homme participe de l'Univers et qu'il en est le principal acteur. S'il n'avait été qu'une œuvre terrestre, le Coran n'aurait pas systématiquement corrélé le fonctionnement de l'univers avec la vie humaine. Or, toutes ses descriptions sont cosmiques. Ainsi en est-il de ces versets annonciateurs de la théorie de la Relativité d'Einstein :
1) Sourate «Al-Hijr» (54e-15e, v. 14, 15) : la scène se déroule à la Mecque au début de la prédication et des polythéistes demandent moqueusement au Prophète de faire descendre du ciel des Anges en guise de preuve de sa mission. Dieu répond au Prophète, à travers une révélation, que même s'Il leur ouvrait une porte du ciel pour monter vers Lui, ils continueraient de douter : «Dussions-Nous leur ouvrir une porte du ciel et qu'ils pussent, le jour durant, y monter qu'ils diraient encore "nos yeux sont seulement sous l'effet d'une ivresse, à moins que nous soyons envoûtés"...» On apprend ici qu'il n'y a pas d'autres moyens de voyager dans l'espace interstellaire ou intergalactique autrement qu'en empruntant des «vortex».
2) Sourate «As-Sajda » (75e-32e, v. 5, 6, 7) : «Il décide dans le ciel du sort de toute chose sur terre, puis tout remonte vers Lui en un jour dont la durée est de mille ans selon votre calcul. Tel est Dieu qui connaît le mystère du monde... C'est Lui qui a excellé en tout ce qu'Il a créé...»
L'affirmation est plus nette ici : la montée se fait en une durée qui n'est pas définie mais dont l'unité de mesure est donnée : 1 000 ans chez les humains = 1 jour pour Dieu, soit un multiple de 365 000.
3) Sourate «Al-Mâaridj» (79e-70e, v. 3, 4) : «Dieu, Maître des voies d'ascension par lesquelles les Anges et l'âme (l'esprit) montent vers Lui en un jour dont la durée est de cinquante mille ans pour vous...» «Mâaridj» signifie en arabe système d'ascension, montée, échelles, échelons, degrés célestes... Là on est informé que des «voies d'ascension» sont réservées aux Anges et à l'Esprit («rouh»). L'unité de mesure change : 50 000 ans chez les hommes = 1 jour pour Dieu, soit un multiple de 18 250 000.
4) Sourate «An-Naba'» (80e-78e, v. 18, 19) : «Lorsqu'il sera soufflé dans la trompe, vous viendrez en foule ! Le ciel sera ouvert et présentera des portes...» Il est question ici de la fin du monde, quand un nombre indéterminé de portes sera ouvert dans le ciel par lesquels les hommes monteront au ciel (En chair et en os ? Leurs âmes seulement ? A l'état d'atomes ?...)
A quoi renvoient les valeurs données dans les sourates 2 et 3 ? A la vitesse de déplacement d'êtres biologiques pourvus de masse (les hommes) et d'êtres non-biologiques (Anges, Esprit, Âme) dépourvus de masse ? Comment feraient les premiers sans vaisseaux spatiaux ? Que sont ces «portes du ciel» et ces «voies d'ascension» qu'on est porté à prendre pour de simples images ? Ces expressions sont en fait des références indiscutables à l'existence dans l'espace de «trous de ver» (pressentis depuis 1935 par Albert Einstein et Nathan Rosen, d'où leur nom de «ponts d'Einstein-Rosen») qui seraient des raccourcis permettant d'utiliser la «courbure de l'espace-temps» pour voyager à la vitesse de la lumière (300 000 km à la seconde) ou passer carrément de notre univers à un autre.
Sans ces «portes du ciel», l'homme ne pourra jamais quitter le système solaire ou la Voie lactée tant les distances sont inconcevablement démesurées (en milliards d'années-lumière, une année-lumière équivalant à 10 000 milliards de km). C'est, avec les mystères de la matière noire et de l'énergie noire, un des principaux problèmes qui se posent à la physique du XXIe siècle. Ce que les savants de la NASA (dont des musulmans et même des Algériens) et les chercheurs des grandes universités du monde savent pour l'instant, c'est que ces «trous de ver» ne sont pas des objets comme les «trous noirs» dont l'existence est avérée et quantifiée (100 millions dans notre seule galaxie), mais des possibilités mathématiques, des «tunnels» qui s'ouvrent puis disparaissent dans le vide sidéral. On pense même à les «créer», même si on ne sait pas où ils mèneront.
Le musulman moyen est loin d'imaginer ce que lui réservent la science et la technologie dans le futur, lui dont la conception de l'univers tiendrait dans un mouchoir de poche, une boîte d'allumette : la Terre serait coiffée d'un dôme invisible derrière lequel se tiendrait un Dieu scrutant nos faits et gestes et les convertissant sur-le-champ en motifs de châtiment ou de récompense ; entre ce dôme et nous se trouverait un peuple de djinns dont les uns sont bons et les autres mauvais, et surtout un démon, Iblis, contradicteur invétéré de Dieu et inspirateur de nos mauvais actes. Cette vision d'un monde lilliputien où l'homme est tiraillé entre l'adoration de Dieu et les tentations du diable, où quatre-vingt milliards d'êtres humains se seraient succédé sans autre but que de naître pour adorer un Dieu pointilleux et mourir la peur au ventre du Jugement dernier, n'est plus compatible avec la raison, le bon sens et le savoir contemporain. Il faut réviser cette vision caricaturale.
Le Dieu qui a mis au point les mécanismes de création de la vie, qui préside à une construction aussi inouïe que l'Univers infini et en perpétuelle expansion, peut-il être un Dieu narcissique, décideur de nos moindres pensées et gestes, épieur de nos écarts et tentations, susceptible et vindicatif ? Il se manifeste dans la perfection de sa Création incommensurable, dans les «constantes universelles» qu'Il a déterminées, dans les règles de complexité auxquelles Il a soumis les structures vivantes et inanimées ainsi que et dans ce que nous ne connaissons pas encore car tout ce qu'on sait de l'Univers ou du code génétique, par exemple, ne représente qu'environ 5% de l'ensemble.
Dieu ne peut pas avoir créé tout cela pour si peu ; Il ne saurait se manifester furtivement à travers un miracle ou une apparition, ni jouer à cache-cache avec Satan ; il n'y a dans l'Univers ni démons contrariant son œuvre, ni désordre dû à des forces maléfiques, mais le seul jeu des forces universelles assimilables au mode opératoire qui Lui est propre ; Il est une entité inconcevable par l'entendement humain quoiqu'Il soit paraboliquement présenté, y compris dans le Coran, comme ayant des mains, parlant ou assis sur un trône. L'anthropomorphisme était une manière de communication pédagogique pour l'époque : «Les hommes n'ont pas estimé Dieu à Sa vraie puissance... La terre entière tiendra dans Sa main au jour du Jugement et l'ensemble de l'univers sera ployé dans Sa droite» («Az-Zûmar», v. 67).
Il y avait un peu de science dans les religions, il commence à y avoir un peu de foi dans la science. Si les religions ont été une initiative de Dieu en direction des hommes pour les sortir de l'animalité, la science est une initiative de l'homme pour se rapprocher de Dieu. L'homme est en effet arrivé à un stade où il peut se représenter Dieu à partir des données mises au jour par l'astronomie, la cosmologie, l'astrophysique, la physique, les mathématiques, la mécanique quantique, la biologie, la neurobiologie, les nanosciences, etc., même s'il n'a pas encore réponse à toutes ses questions, des questions qui étaient celles de la métaphysique et qui sont devenues celles de la science.
Le progrès est le produit de la science, mais celle-ci n'avance que si elle n'est pas handicapée par une vision du monde soumise à des dogmes immuables et des barrières posées sur son chemin.
Longtemps les croyants de toutes les religions ont regardé d'un mauvais œil ce qui s'apparentait chez beaucoup de philosophes et de savants à un déni de Dieu, au rejet du principe transcendantal, à une rébellion de l'homme contre son Créateur. De son côté, la science tenait pour fruit du hasard ce à quoi elle n'avait pas d'explication. La physique et la métaphysique se rejetaient mutuellement, l'une faute d'en savoir assez, l'autre faute de pouvoir expliquer rationnellement. Les deux quêtes ne savaient pas qu'elles étaient des sœurs élevées séparément, loin l'une de l'autre. Les religions ne se préoccupaient pas du comment, se contentant d'explications ésotériques et mystiques en réponse au pourquoi, et la science progressait sur la voie de la compréhension du comment sans se soucier du pourquoi.
Il y avait des parcelles de vérité dans chacune de ces deux «Théories du Sens» jusqu'au jour où, sans s'être concertées, elles se sont rejointes sur la question du comment grâce aux travaux d'un vrai alem, un Abbé belge du nom de Georges Lemaître, initiateur de la théorie de l'«Atome primitif», du Big Bang et de l'Expansion de l'Univers. Des générations après, de faux alems musulmans sont venus expliquer sur des plateaux de télévision à des coreligionnaires émerveillés que le Coran a été le premier à évoquer la problématique du «koun fa yakoun !» (Big Bang).
On pensait que les arguments scientifiques avaient disqualifié le discours religieux. Or, c'est à une apothéose que l'on assiste en ce début de troisième millénaire où on voit converger les deux perceptions qui s'exprimaient l'une à travers des métaphores et des allégories, l'intuition et la vision mystique, et l'autre à travers les calculs mathématiques et les modèles théoriques, l'observation et l'expérimentation. Face aux vérités établies par la science et aux hypothèses à qui il ne manque que d'être expérimentalement prouvées (matière noire, énergie sombre...) le musulman éclairé ne ressent aucun trouble mais éprouve de nouvelle découverte en nouvelle théorie une certaine excitation tant le Coran regorge d'indices et de pistes de recherche : «Peu de science éloigne de Dieu, beaucoup en rapproche» (Pasteur).
Si la métaphysique savait, la physique moderne commence à prouver. L'une a saisi par l'intuition, l'autre par la démonstration.
La physique moderne depuis Einstein considère qu'«une Théorie du Tout», unifiant les lois qui régissent les microparticules et les organismes supérieurs (planètes, étoiles, galaxies), est nécessaire à la crédibilité de la science. De même, on peut estimer qu'il est nécessaire pour la crédibilité des religions qu'elles soient concordantes non plus sur le dogme, cela ne sert plus à rien, mais sur le traitement des affaires humaines et les valeurs qui devraient les accompagner à l'avenir. Il y a près de neuf siècles, un vrai alem, un moine franciscain nommé Roger Bacon, écrivait dans sa fameuse Lettre sur les prodiges de la nature et la nullité de la magie : «On arrivera à construire des vaisseaux qui, sans rameurs et conduits par un seul homme, vogueront comme les plus grands bateaux de mer ou fluviaux et même plus vite que s'ils étaient pleins de rameurs ; des voitures qu'aucun animal ne tirera et qui évolueront avec une incroyable puissance ; des machines volantes avec lesquelles un homme placé au milieu d'un dispositif ingénieux parcourra le ciel comme un oiseau ; des instruments qui, bien que de petite dimension, suffiront à soulever ou à baisser les plus grands fardeaux ; des dispositifs avec lesquels on pourra sans danger marcher sur l'eau ou plonger sous l'eau...» Ces lignes datent de l'an 1260 ! En son temps, le savant anglais a été condamné par l'Eglise pour «innovations suspectes», ses œuvres interdites et lui emprisonné.
Roger Bacon maîtrisait la langue arabe et tenait son savoir, notamment des œuvres d'Ibn al-Haytham et d'Ibn Rochd, eux-mêmes héritiers d'une vision de Dieu infiniment plus juste que celle de nos faux alems. Pourrions-nous, à notre tour, prédire ce que sera et fera l'homme dans neuf siècles? Nous ne vivons à l'état inventif et technologique que depuis moins d'un siècle : qu'en sera-t-il dans 900 ans ? L'homme aura sans doute essaimé dans le cosmos, rencontré d'autres civilisations intelligentes, colonisé plusieurs planètes et changé de morphologie. Un hadith dit même que l'homme arrivera à connaître ce qui se «cache derrière le trône de Dieu».
En changeant notre vision de Dieu grâce à un «tafsir» rénové pour l'adapter aux nouvelles connaissances, en révisant nos idées reçues qui ont bien vieilli, nos comportements entre nous et avec les autres pourraient s'améliorer considérablement. Nous deviendrions meilleurs et plus dignes de notre religion qui a été rabaissée au rang de superstition, de trabendisme religieux et de ruses avec Dieu pour engranger des «haçanate» et accéder à une vie éternelle d'oisiveté et de jouissance. Se poser ces questions ne nuit en rien à Dieu, il ne va rien arriver dans les cieux, Dieu ne fera pas souffler dans la trompe et «Azraïn» ne sortira pas sa «kazzoula» pour nous aplatir. Il y a juste quelque chance que nous nous hissions à une représentation de Dieu plus majestueuse que celle projetée par les faux alems, une représentation intéressée, sordide et dépassée. C'est en tout cas cette vision de Dieu qui se dégage de l'étude du Coran dans l'ordre où il a été révélé. Wallahou âalam !
N. B.
Lundi prochain : Changer notre vision de la raison d'être de l'homme.


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