[email protected] «Paris, brûle-t-il ?», ce fut ma première réaction, en suivant seconde après seconde les attentats de la capitale française. Le choc est mondial ; comme quoi, il y a des victimes du premier collège et celles du second collège. Je me sens coupable de penser comme ça, mais je ne le puis. Les grandes capitales mondiales se sont mises au bleu, blanc, rouge : c'est tout à leur honneur ! Un attentat reste un attentat. Je compatis. Et je dénonce. Sauf que chez nous, durant dix longues années, nous avons eu nos «Bataclan», nos restaurants, «Le Carillon», et autres terrasses de café. Les capitales mondiales ne se sont pas parées de nos couleurs, vert, blanc et rouge. C'est curieux, non ? Il y a eu l'attentat contre le journal satirique, Charlie. Chez nous, il y a eu l'attentat à la bombe contre la Maison de la presse. Personne n'a été ni Alger, ni Le Soir d'Algérie. Je constate seulement. Je ne juge pas. Pourtant, on nous a opposé les droits de l'Homme, parce que l'Algérie a pris sur elle de se défendre seule face aux mêmes procédés, aux mêmes armes, aux mêmes bombes et aux actions indiscriminées. Puis, il y a eu le «qui-tue-qui ?». Que l'on rappelle de cette période. Qui est l'auteur de cette formule ? Puis, il s'agissait –selon une idée toute faite – de guerre civile algérienne. Peut-on dire autant des attentats de Paris ? Je ne le pense pas. Il est vrai que l'Algérie a été prise de court par la «guerre» qui lui a été imposée par ses propres enfants. Quoique ! Il est vrai que la France dispose des moyens de sa politique. Voyez-vous : un Conseil des ministres de nuit, le Président Hollande qui se déplace sur les lieux du drame, l'appel à l'unisson de l'union nationale, le porte-avions Charles-de-Gaulle qui fait route vers le volcan de Daesh et les Mirages qui bombardent de nuit comme de jour. Et le cerveau des attentats déjà repéré... Au fait, pourquoi avoir laissé Daesh prendre cette ampleur ? Pourquoi avoir détruit la Libye ? L'Irak ? La Syrie ? Pourquoi n'avoir pas écouté la voix de l'Algérie, quand elle avertissait du danger de cette nouvelle guerre mondiale ? Alors, à longueur de plateaux de télévision, des «cerveaux français» viennent disséquer un phénomène terroriste qui leur semble tomber comme un cheveu sur la soupe. Puis couper le cheveu en quatre ne réglera, en aucune manière, la répétition de tels attentats, en France ou ailleurs. Encore moins en Algérie ! La théorie, c'est bien beau ; j'aurais aimé dire à tous ces stratèges : que n'avez-vous pas écouté nos stratèges durant dix longues années d'attentats. De sang. De douleurs. De morts. Commencez d'abord par reconnaître ce fait, ensuite, on pourra vous écouter. Mais, revenons chez nous. L'eau de la mare n'arrête pas de se brouiller depuis que les «19» ont demandé audience à notre Président. Pardon, ils ne sont plus «19», mais «16». Trois signataires, naïfs politiquement, à la signature preste, ont abandonné le navire. Peu importe le nombre ! La réaction des gardiens du temple a été à la (dé)mesure de l'initiative, somme toute légitime, de Louisa Hanoune et ses compagnons. Ici et là, on y a opposé la Constitution, le Peuple, l'Unité nationale, l'élection présidentielle de 2019 et la situation économique actuelle. S'il est vrai qu'une actualité en chasse une autre, il n'en demeure pas moins que les «16» n'en démordent pas, c'est le moins que l'on puisse attendre d'eux. Une grande question se pose d'elle-même : dès lors que la garde périphérique a refusé de front la demande d'audience, il est légitime de s'interroger sur le point de chute de la fameuse lettre. Est-elle arrivée à destination ? Est-elle entre les mains de notre Président ? Voilà l'argument massue des «16». A bien y réfléchir, il paraît inconcevable qu'elle puisse arriver à bonne personne, puisque Zohra Drif et ses compagnons doutent fort que notre Président soit au courant de beaucoup de décisions prises par «un pouvoir parallèle». Et «que la voix du Président a été confisquée». C'est une affaire d'Etat que le Président doit clarifier, car les propos des «16» sont d'une extrême gravité pour le pays. Lakhdar Bouregaa enfonce le clou, si je puis me permettre cette expression. Le Président Bouteflika n'est plus ni moins «en résidence surveillée, une prison dorée». Ce ne sont pas des propos en l'air, dits dans une espèce de colère algérienne. Les «16» semblent disposer d'informations très graves qui leur font prendre cette «initiative citoyenne». Quelles sont donc ces informations ? Le peuple doit les connaître. Impérativement. J'avais émis, dans ma chronique de la semaine dernière, que cette demande d'entrevue n'aboutira pas ; on ne voit plus notre Président que par tube cathodique interposé ; puis, ce sont les politiques étrangers, de passage par Alger, qui nous donnent des nouvelles de notre Président. Jusqu'au patron du FLN qui nous renvoie sur François Hollande pour avoir de ses nouvelles. Il y a crocodile sous roche dans cette affaire. Je veux bien me tromper, pour le bien de l'Algérie. Ce statu quo n'arrange pas nos affaires. La rumeur ne doit pas être le palliatif à la communication officielle. Où est notre Président ? Il est légitime que je me pose cette question, sans être traité de crime de lèse-majesté. Le peuple a le droit de savoir. Alors, les «16» doivent être reçus par notre Président. Ou qu'il s'adresse directement au peuple, dans un discours télévisé, par exemple. Ou, enfin, qu'on nous dise où il se trouve. Qu'on rassure le peuple ! Quant au groupe des «16», il leur faut maintenant vider le fond du sac et nous dire quelles sont ces choses graves dont ils ont connaissance. Il ne faut pas qu'il rajoute de la confusion politique à la confusion sociale. Maintenant, parlez ! Y. M. N. B. : Messaour Boulanouar est parti, comme il a toujours su l'être, en poète confidentiel, loin des feux de la rampe, en toute discrétion. Paix à son âme !