[email protected] Le Ramadhan tire à sa fin. La fatigue creuse les yeux, le corps s'affaiblit. L'engouement de s'évertuer à dénicher les mille et une recettes de plats aux noms alambiqués et pour le moins sortis des oubliettes s'amenuise. Tout a été passé en revue. La maîtresse de maison ne sait plus quoi mettre dans ses marmites ! On se triture les méninges mais rien n'en sort. Et puis la chorba et le pain sous toutes ses formes ont fini par avoir raison de notre flore intestinale. Alors on revient au potage de légumes. Mais les plus fanatiques ne laisseront tomber pour rien au monde celle qui fait l'essence même de ce mois sacré. La chorba sera présente et ne dérogera pas à la règle, et au diable les dégâts ! Il y a aussi cette baisse des prix des fruits et légumes. Rappelons à ce titre que sous d'autres cieux elle s'est appliquée à l'entame du Ramadhan et a concerné tous les produits alimentaires. Pour ne pas changer, nous sommes toujours en retard d'une guerre. Mais on s'en réjouit ! Repus, l'estomac ne crie plus famine. Et puis les bourses se vident. Maintenant il faut compter ses sous et en réserver pour les achats des vêtements de l'Aïd. On zappe les étals des marchés, et on prend d'assaut les magasins d'habillement. Les vendeurs se frottent les mains. C'est à leur tour à présent de faire fortune. Les parents ne lésinent pas sur les prix devant une progéniture de plus en plus exigeante, quitte à renflouer le porte-monnaie en empruntant à droite et à gauche. Et puis il y a les gâteaux de l'Aïd. Il est temps d'y penser aussi. Eh bien, éliminons le deuxième plat et mettons moins de viande dans la soupe, car c'est carrément un budget qu'il faudrait prévoir. Et là, le coût des ingrédients défie l'entendement. Mais qu'à cela ne tienne ! On se bousculera quand même au portillon des échoppes pour rafler tout ce qui contribuera à orner la table du petit-déjeuner de ce premier jour de fête. Alors, c'est le moment de collecter les plus belles recettes de gâteaux et autres douceurs, et chacune y va de son excentricité. Les maîtresses de maison négligeront leurs tajines. Il est temps de concentrer leur énergie et leur génie sur la réalisation de ces friandises. Les yeux rivés sur leur écran, la zapette à la main, elles passent au peigne fin toutes les chaînes de télévision spécialisées, les radios et journaux, demeurant toujours à l'affût des plus originales trouvailles. Encore quelques jours de branle-bas de combat pour couronner un mois de... «piété», dites-vous ? De gloutonnement, plutôt. Et le mot est pour le moins le plus approprié !