Un mini-remaniement du gouvernement a été procédé hier par le Président français François Hollande, en fin de quinquennat, en confiant le poste de Premier ministre à Bernard Cazeneuve, principal artisan de la lutte antiterroriste depuis les attentats de 2015. Le chef des députés des socialistes, Bruno Le Roux, est nommé au ministère de l'Intérieur, André Vallini, nouveau secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, et Jean-Marie Le Guen, au Développement et à la Francophonie. Ces nominations ont été rendues publiques, par la présidence française, une heure après celle de Bernard Cazeneuve. Le reste du gouvernement ne change pas. Le nouveau Premier ministre, qui aura une courte longévité (5 mois), est connu pour être un fidèle de François Hollande et un homme-clé du quinquennat qui a été en première ligne dans la lutte antiterroriste, même si parfois il a été égratigné par ses adversaires. Il faut rappeler que dans ses fonctions de ministre de l'Intérieur, il a été confronté depuis 2015 à la vague sans précédent d'attentats terroristes en France qui ont fait à Paris, Saint-Denis et à Nice plus de 200 morts. Après les attentats de 2015, cet avocat de 53 ans a fait voter plusieurs lois antiterroristes avertissant, à maintes reprises, que la menace terroriste est «très élevée» en France. Il a également été confronté à une crise migratoire inédite et à un mouvement de grogne policière. Pour combattre l'extrémisme religieux, il a ouvert un grand chantier en lançant, en juin 2015, une «instance de dialogue avec l'islam» pour organiser «l'islam de France». Cependant, la désignation de l'ancien ministre de l'Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, à la tête d'une fondation de l'islam, n'a pas été acceptée par les milieux musulmans. Il se fait remplacer à la tête du ministère de l'Intérieur par Bruno Le Roux (51 ans), qui avait été chargé en 1995, au sein du Parti socialiste, des questions de sécurité et de police, dont ses travaux en matière de sécurité de proximité ont inspiré, en 1997, le programme du Premier ministre Lionel Jospin. Dans une déclaration hier, Bruno Le Roux a souligné sa «grande responsabilité» d'avoir «à assurer la protection totale des Français». «C'est une grande responsabilité, dans la période, que d'être le ministre de l'Intérieur et d'avoir à assurer, avec le président de la République et le Premier ministre, la protection totale des Français», a-t-il dit. Par ailleurs, Bernard Cazeneuve a toujours affiché son sérieux et son refus de la politique politicienne, de l'avis de nombreux observateurs politiques, en se dépeignant en «homme qui a fait de la rigueur en politique une boussole et du sens de l'Etat une doctrine, une manière d'être». En réaction à sa nomination, le président du MoDem (centre), François Bayrou, a considéré sur son compte Twitter que Cazeneuve «est un homme de qualité : rassurant pour le pays en ces temps troublés». Pour Eric Ciotti, député Les Républicains (droite) des Alpes-Maritimes, «c'est un choix respectable, Bernard Cazeneuve est quelqu'un de qualité, c'est un ministre pour lequel j'ai du respect», avec qui il ne partage pas ses opinions, ni son bilan, a-t-il dit à France Info. De leur côté, les militants de la gauche, qui le soutiennent dans ses nouvelles fonctions, ont estimé qu'en tant que Premier ministre, il a «le sens de l'Etat et la justesse de l'action».