Chute, brûlures, électrocution, étouffement... chaque jour, les accidents domestiques font leur lot de victimes. Les enfants en bas âge, intrépides et curieux dans l'exploration de leur environnement, sont les premiers à trinquer. Doigts dans les prises, étouffement avec des billes, chute d'une chaise, brûlure avec de l'huile de friture... Une seconde d'inattention des parents, et l'accident se produit. Et n'allez surtout pas croire que ces dangers guettent uniquement nos petits loulous. Les adultes en sont également victimes. Témoignages. Selma, 39 ans «Ma fille de 4 ans a été victime d'un accident domestique dont elle garde des séquelles. Ce jour-là, je préparais des beignets (sfendj) pour faire honneur à mes invités attendus l'après-midi. J'avais installé la ‘tabouna' dans la petite cour de la maison. La sonnerie du téléphone a retenti. Je me suis absentée une minute pour répondre. J'étais tranquille pour la petite. Elle regardait son dessin animé préféré au salon et je n'avais a priori aucune inquiétude à me faire. A peine ai-je dit ‘allô' qu'un horrible hurlement a déchiré le silence. J'ai couru vers la cour, ma petite avait la main droite en lambeaux. Elle a voulu cuire son propre beignet et plongé sa petite menotte dans l'huile brûlante. Brûlure au premier degré. Pendant plus d'une année, j'ai fait l'aller-retour à l'hôpital. Elle hurlait de douleur dès que quelqu'un la touchait. Et moi je culpabilisais de ne pas avoir été assez vigilante. Aujourd'hui, mon enfant garde de profondes cicatrices de cet accident domestique.» Ferhat, 45 ans «Mes deux enfants sont de véritables diablotins. On a beau les surveiller ma femme et moi, ils nous en font voir des vertes et des pas mûres. Avec eux, j'ai eu droit à peu près à toutes les frayeurs. Ils ont entre 3 et 5 ans et sont, comme tous les enfants de leur âge, avides de découvertes. Arslan a plongé de sa chaise pour imiter Superman. Il a eu le tibia cassé. Une autre fois, il s'est étouffé en jouant à mettre des billes dans sa bouche. Il était cramoisi. Sa maman est arrivée pile-poil pour lui sauver la vie. Quant à Rayan, il multiplie les bêtises. La plus grosse, c'est lorsqu'il a grimpé sur un tabouret pour atteindre la boîte à pharmacie en quête de comprimés qu'il a pris pour des bonbons. Transporté aux urgences, il a été sauvé in extremis : lavage d'estomac tout de même ! La maison est le lieu le plus risqué par rapport à ce genre d'accidents. En dépit de notre vigilance, mes deux galopins trouvent toujours la faille pour se mettre en danger, malgré eux.» Hafida, 56 ans «J'ai élevé trois enfants. L'un d'eux est mort des suites d'un accident domestique. Cela remonte à plus de 30 ans. L'accident bête, celui qu'on ne se pardonne pas. J'avais oublié de remettre le flacon du déboucheur de canalisations à sa place, sur l'étagère des toilettes. Ma fille de deux ans l'a trouvé. Elle a dû croire que c'était un jus ou une limonade. Aux urgences hospitalières, ils n'ont rien pu faire pour la sauver. Elle a rendu l'âme 24 heures après. J'aimerais profiter de cette occasion pour dire aux parents de redoubler de vigilance. Une minute d'inattention peut être fatale. La souffrance engendrée par la mort d'un enfant suite à ce genre d'accidents nous poursuit toute la vie. Et cela n'arrive pas qu'aux autres !» Nadia, 28 ans «Ce jour-là, je faisais le ménage à grande eau dans mon appartement, avec toute la panoplie de produits d'entretien : lave-sol, eau de Javel et tout le toutim. Subitement, j'ai glissé sur la dalle. La douleur insupportable que j'ai ressentie m'a tout de suite fait comprendre que ce n'était pas un simple bobo. Résultat des courses : genou broyé, jambe cassée et dos en compote. Plusieurs mois de congé maladie avec immobilisation et séances de rééducation. Tout ça pour dire que les accidents domestiques ne guettent pas uniquement les enfants ! J'en suis la preuve vivante !» Habiba, 18 ans «Ma mère répétait inlassablement qu'il faut être extrêmement vigilant avec la manière de poser les casseroles sur la gazinière. «Toujours placer les queues vers l'intérieur», martelait-elle à ma sœur et à moi-même. Mais voilà, ce jour-là j'étais un peu à la bourre. Je voulais préparer des coquillettes vite fait avant de me mettre à mes révisions en vue de mes prochains examens. J'ai complètement zappé les consignes de maman. En passant devant le feu, j'ai heurté le manche de la casserole et me suis brûlée avec l'eau qu'elle contenait. Comble de malchance, c'était l'été. Je portais une fine robe d'intérieur. J'ai été brûlée au niveau du bras, du ventre et des cuisses. Soignée au centre des brûlés de l'avenue Pasteur, j'ai gardé de vilaines cicatrices sur ma peau et un traumatisme à vie.» Chaque année, les accidents domestiques causent de nombreux décès. Ceux qui s'en sortent gardent parfois des traces pouvant aller jusqu'au handicap. La vigilance est mère de sûreté, notamment avec les enfants. A nous de les protéger et de faire preuve de prévoyance.