Par Malika Boussouf [email protected] Il est des jours comme ça où lorsque vous apprenez, à propos d'un imam de 40 ans, qui a violé sa propre nièce de 12 ans, à l'intérieur de la mosquée où il officiait, qu'il a continué à abuser d'elle après le viol, vous ne vous demandez plus seulement où va l'Algérie mais où vont tous ces fidèles généralement aveugles et sourds à la détresse de leurs propres enfants. Des histoires aussi sordides que celles d'abus sexuels commis sur des enfants, on en parle plutôt rarement chez nous. Comment admettre qu'un homme, dit de religion, qui appelle les fidèles à se regrouper autour de recommandations divines, puisse se laisser aller au plaisir de la chair, non pas sur un ou une adulte, mais sur un enfant incapable de se défendre contre un acte aussi bestial ? On n'aime pas, l'autorité patriarcale pesant d'un poids énorme sur les mentalités, évoquer ces choses-là publiquement. Et puis, il y a le fait détestable que contre la parole d'un homme qui conduit la prière au quotidien et se met en transe pour mieux faire passer la «bonne parole», les accusations d'une petite fille sont rarement prises au sérieux. Sans compter que la bigoterie ambiante interdit que l'on parle franchement de sexe alors que tout pousse à affirmer que les actes pédophiles sont plus nombreux qu'on ne le croit. C'est tabou ! Et ça le devient davantage quand les écarts sexuels sont imputés à un homme qui dit vouer sa vie à Dieu et aux Saintes Ecritures. Je ne parlerai pas de ces parents qui pensent faire œuvre utile en confiant leurs enfants à la mosquée du coin. Mais comment oser regarder en face le frère ou la sœur dont on a violé l'enfant ? J'aimerais bien, mais on ne les entend jamais à ces occasions-là, que les gardiens de la morale qui ouvrent la marche les cuisses à l'air tandis que leurs compagnes traînent derrière eux, couvertes de la tête aux pieds, les enfants pendus à leurs basques, tandis que leurs regards libidineux s'égarent à l'affût de silhouettes moins couvertes et plus appétissantes, s'élèvent contre les pratiques odieuses de ceux des leurs qui disent le Coran tout en pensant à la prochaine proie dont ils bafoueront l'innocence.