Avec un taux de 61% d'autosuffisance en médicament, l'Algérie ambitionne d'investir le marché africain. Selon le président du Syndicat national des pharmaciens d'officine, l'exportation du médicament vers l'Afrique est possible et nécessite l'harmonisation de la réglementation à travers tous les pays du continent mais aussi le soutien de l'Etat. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Pour le Dr Messaoud Belambri, la croissance de la production nationale du médicament est «assez régulière». La preuve : l'Algérie a atteint aujourd'hui un taux de 61% d'autosuffisance. «Après plusieurs années d'activité, et malgré certaines contraintes que subit actuellement le marché du médicament par rapport à la distribution et au réseau officinal qui compte presque 11 mille officines, nous constatons tout de même une stabilité», a-t-il souligné hier, sur les ondes de la radio Chaîne 3. Quant au marché de l'importation qui, précise-t-il, subit lui aussi «quelques mesures de rationalisation par rapport à une conjoncture économique spéciale», il lui prédit des jours meilleurs. Le président du Syndicat national des pharmaciens d'officine assure que l'exportation des productions pharmaceutiques nationales vers l'Afrique est possible même si «les acteurs économiques de l'industrie pharmaceutique parlent, ces derniers mois, d'un ralentissement de la croissance de la production nationale». Une situation qu'il tente d'expliquer par les mesures économiques conjoncturelles que connaît l'Algérie. «Ces mesures ont peut-être dissuadé certains investisseurs d'accélérer leurs projets ou bien, c'est l'importation de la matière première qui a été touchée négativement», dit-il. Qualifiant la croissance économique en Afrique de l'«une des meilleures au monde», il précise qu'il y a un réel besoin dans nombre de pays du continent en matière d'approvisionnement en médicament. «Il y a un diktat qui est exercé par certaines grandes multinationales qui se permettent même de refuser d'approvisionner certains pays d'Afrique. Ces pays portent aujourd'hui un grand espoir sur des pays comme l'Algérie qui a une production nationale appelée à se diversifier et à gagner encore plus en matière de qualité et de quantité», dit-il. Seulement, poursuit-il, l'harmonisation de la réglementation à travers tous les pays d'Afrique s'impose afin de faciliter ce genre d'échanges. «Il y a des mesures à prendre sur les plans administratif, réglementaire et sur la coordination entre ces pays notamment à travers la création de l'Agence africaine de médicaments.» Une agence qu'il espère voir implantée en Algérie surtout avec «tous les atouts et les compétences dont nous disposons notamment la qualité des produits fabriqués en Algérie, déjà bien consommés localement et qui concurrencent les produits princeps», dit-il. Toujours est-il, l'invité de l'émission estime que l'Etat a un rôle à jouer dans l'accompagnement des producteurs de médicaments. «Sans le soutien de l'Etat, les investisseurs locaux privés et même publics ne pourront pas faire grand-chose», dit-il. Selon lui, il est question de ne pas se laisser «devancer» par des pays concurrents. De nouvelles dispositions pour la gestion des psychotropes Le Dr Messaoud Belambri évoque, par ailleurs, la révision de la loi 04-18 portant lutte contre l'usage illicite des psychotropes et la préparation d'un nouvel arrêté sur les psychotropes. Il affirme que de nouvelles dispositions seront mises en place afin de baliser la gestion et la délivrance des médicaments psychotropes. «Actuellement, on parle d'ordonnance sécurisée en trois exemplaires, de différentes couleurs avec un numéro de série, et les pouvoirs publics pensent lancer un fichier électronique central pour la dispensation de ces médicaments afin de repérer les mouvements suspects. Un arrêté sera aussi promulgué pour détailler le mouvement des psychotropes de sa production à son importation, à sa distribution, à sa prescription par le médecin, à sa dispensation et sa détention dans les officines», détaille-t-il. Un ensemble de paramètres qui, selon lui, vont permettre de sécuriser le circuit et aider les pharmaciens à travailler dans de meilleures conditions de sécurité.