Session spéciale pour les retardataires à la dernière session du bac, impôt sur les grands investissements, exonération des impôts pour les bas salaires, réactivation de la commission nationale des projets gelés ou reportés, tels sont les engagements pris par le Premier ministre qui a estimé que l'austérité n'a jamais fait partie du glossaire du gouvernement. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - Abdelmadjid Tebboune, qui répondait, la veille de l'Aïd en soirée, aux députés juste avant l'adoption de son plan d'action par 402 députés contre seulement 32 qui l'ont désapprouvé (ceux du RCD, du MSP et de l'alliance Nahda-Addala-Binaa) au moment où 20 autres députés se sont abstenus (FFS, PT et front el Moustaqbal), s'est voulu rassurant, répondant à toutes les zones d'ombre de sa feuille de route soulevées par bien de députés lors des trois jours de débats. Et toute première mesure annoncée, sur ordre du président de la République, tiendra-t-il à préciser, une session spéciale pour les élèves ayant été exclus de la dernière session pour cause de retard, un peu plus d'un millier de candidats qui n'ont pu concourir aux divers centres d'examens. Ceci avant qu'il n'aille au fond des choses, démentant notamment toute option d'austérité du gouvernement. Pour Tebboune qui s'expliquera un peu plus tard lors d'un point de presse, «ni l'actuel gouvernement, ni les précédents n'ont parlé d'austérité. Celle-ci n'est pas à l'ordre du jour dans notre programme. Nous avons parlé de rationalisation des dépenses et de révision des priorités». Auparavant, il a rassuré les députés que le gouvernement ne fait pas face à un «problème de disponibilité de finances, mais de priorités». Il annoncera dans la foulée, la réactivation de la commission nationale des projets gelés ou reportés. Autre mesure phare annoncée par le Premier ministre, l'instauration d'un impôt pour les détenteurs de fortune, cheval de bataille de nombre de partis de l'opposition, notamment le PT. Car, expliquera-t-il, les fortunés doivent apprendre «à payer les impôts», évoquant une réflexion sur l'exonération des bas salaires de toutes charges fiscales. Il y a également la volonté du gouvernement de séparer la sphère politique du monde de l'argent et des affaires, sans juger utile de s'y étaler alors que les parlementaires de l'opposition n'ont de cesse de réclamer les mécanismes à même de concrétiser cette mesure qu'ils soupçonnent de n'être qu'une simple profession de foi. Le Premier ministre parlera aussi de la réorientation du développement économique du pays qui, selon lui, doit être de proximité, local. Car, expliquera-t-il, «certains projets coûtent un milliard de dollars sauf que leur rentabilité économique n'est pas très prouvée. Mais si on donne un milliard de dollars à 60 communes, ça va les développer». Et de faire part, dans la foulée, de la mise sur pied, prochainement, d'un grand organisme d'inspection au Premier ministère pour le «contrôle de l'argent public notamment les grands marchés conclus». Il démentira toute option de privatisation des entités économiques publiques comme réclamé par le patron du RND, affirmant, au contraire, leur «renforcement». Il annoncera également, dans l'optique d'un optimal ciblage des couches défavorisées, de la mise sur pied d'une commission nationale à l'effet de revoir la politique sociale du pays, sans attenter, tiendra-t-il à préciser, à la nature sociale de l'Etat algérien mentionnée dans la proclamation du 1er novembre 1954. Le Premier ministre s'engagera, sur un autre plan, à assainir le champ audiovisuel marqué d'une flopée de chaînes de télévision offshores, évoquant le règlement de leur cadre juridique d'ici la fin de l'année en cours. Il en sera de même pour la presse écrite faisant part de l'installation de son autorité de régulation et du conseil de déontologie. Enfin, le Premier ministre a traité de la question brûlante des migrants subsahariens, annonçant, dans ce cadre, un projet de carte pour ces personnes qui ont fui leurs pays pour cause de famine et de guerres. «Seulement, précisera-t-il, la présence de ces migrants dans notre pays doit être légale. D'où l'idée de les recenser et de leur attribuer des cartes officielles qui leur donneront la possibilité de travailler».