A Chéraga, à la barre, nous avons un restaurateur-barman, sa fille, une voisine et sa petite ado, une grave inculpation visant la débauche de mineure, des règlements de comptes, un juge et un procureur en forme... Le décor ainsi planté, abordons illico-presto l'inculpation : elle émane des termes de l'article 342 du code pénal.Mohamed B., ce père de famille, a si bien — ou si mal — tenté de mener la présidente sur son terrain, qu'il a mal défendu sa cause, sa fille et son honneur. Il a parlé, lui le barman-restaurateur, sensé bien accueillir les clients et donc des familles entières de racolage, de prostitution. D'ailleurs, à se propos, maître Aïcha Aïchi, l'avocate de Fatma, l'inculpée, parlera toute honte bue d'un papa qui aurait dû se boucher les oreilles lorsque sa fille, mineure aux moments des faits, débitait des mots inconvenants sur le plan familial, mais «avalables» devant un tribunal existant depuis des lustres pour combattre les maux sociaux par des verdicts justes, mais secs. La voix rauque et le ton haut, le procureur s'est largement étalé sur les méfaits de l'inculpée Fatma. «Elle n'avait pas à traîner la mineure depuis Aïn Benian sur Alger. Elle n'est pas sa fille pour la faire entrer dans une pizzeria à Bab El Oued, une café à Alger ou encore lui présenter des jeunes aux Dunes», a dit le représentant du ministère public qui a requis un an ferme de prison. La présidente a elle posé mille questions et n'a eu qu'une dizaine de réponses édifiantes. Elle a surtout évité qu'un «dialogue» s'instaure à la barre entre la prévenue et le papa de Hanane qui a aujourd'hui 18 ans. Il est vrai que Fatma a parlé de harcèlement de la part de Mohamed, la victime du jour, juste de quoi le contrecarrer. Cette histoire de voisinage aurait pu se terminer par un drame n'était l'instruction et sa longueur qui ont apaisé les esprits. Et c'est précisément autour de ce calme rétabli que la présidente avait mené les débats qui avaient abouti à un verdict sans équivoque, de quoi laisser tous les coupables d'entraînement de mineures à la débauche dubitatifs et surtout pris soudain d'une réflexion éducatrice pour ne plus revenir sur ce fléau.Deux ans de prison assortis du sursis pour Fatma.