Dans son discours d'ouverture de la «conférence annuelle des représentants d'Air Algérie» tenue à l'hôtel militaire de Béni Messous les 21 et 22 juin, le président-directeur général d'Air Algérie de la compagnie aérienne nationale a tenu des propos particulièrement outranciers envers la communauté algérienne vivant à l'étranger. Entre les «zigotos qui n'assument pas leur choix de vivre à l'étranger» et «Air Algérie n'est pas la compagnie des émigrés», M. Boultif a pris le temps d'accuser nos ressortissants d'être «manipulés par la partie française en vue de faire pression sur l'Algérie afin qu'elle adopte l'open sky et qu'elle ouvre son ciel sans restrictions». Et si M. Boultif a été plus loin dans l'outrance par ce dernier propos, il n'en a pas moins le mérite de la clarté. Air Algérie continuera à être ce qu'elle est aujourd'hui : une entreprise qui ne peut pas s'accommoder de concurrence, qui survit grâce aux perfusions permanentes de l'argent public, emploie un personnel pléthorique parce qu'il faut bien caser confortablement les «copains et les coquins» comme dirait l'autre, assurer des postes… politiques à ceux qui attendent un retour d'ascenseur aux services rendus. Quant à ses performances en termes économiques et de qualité de service, ça fait longtemps que personne ne se fait plus d'illusion. S'il y avait un quelconque changement en l'occurrence, ça se saurait, il y a des choses qu'on ne peut pas cacher, même dans un avion. Une fois revenus de l'infamante accusation d'être à la»solde de la partie française», nos immigrés et plus largement l'opinion, pourront toujours s'arrêter sur l'essentiel : le «ciel» algérien restera donc fermé à la concurrence. Quitte à… fermer encore plus le pays au partenariat économique international sans qui tout effort de développement serait une chimère, quitte à condamner les Algériens à voyager dans des conditions déplorables et à des prix monopolistiques, et quitte à puiser encore jusqu'à tarissement dans la trésorerie de l'Etat, Air Algérie persistera dans sa «politique», et toute velléité de contestation ne peut émaner que de «zigotos» activés à partir de l'étranger. Mais si Air Algérie «n'est pas la compagnie des émigrés», elle peut l'être à l'occasion, histoire de nous rappeler qu'elle n'est pas la compagnie des copains et des coquins qu'on croyait. Elle n'est pas un exemple de performance, mais elle est emblématique de la vocation qu'on lui a assignée. Tout le monde se rappelle les promesses de… campagne électorale où le ministre des Transports s'était engagé à réduire les tarifs d'Air Algérie -y compris sur les lignes intérieures du sud du pays - et de l'ENTMV de 50% pour l'été. Une décision «politique» prise au mépris de toute considération économique. Mais personne n'a parlé d'économie quand il s'agit d'Air Algérie. La preuve, en allant réparer la «bourde» de son P-DG à l'hôtel militaire de Béni Messous le lendemain, Amar Ghoul a «seulement» évoqué les «mérites» de la communauté algérienne à l'étranger et «rassuré» implicitement sur les engagements de campagne de l'Etat. Sinon, ça se passe très bien à Air Algérie. Comme pour le reste d'ailleurs. [email protected]