Le phénomène du tabagisme en milieu scolaire toucherait près de 40% des jeunes âgés de 15 ans et plus, selon les résultats d'une enquête révélée hier par la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem). «Ce phénomène prend des proportions alarmantes et touche de plus en plus de jeunes âgés de moins de 12 ans», a affirmé le président de cette fondation, le Dr Mustapha Khiati. Son constat est étayé par les conclusions de l'étude établie sur des élèves de cycle moyen et lycée de la capitale. «Ces résultats sont le reflet d'une déperdition inquiétante que les parents, l'école et les collectivités locales observent négligemment ou avec impuissance», a estimé le Dr Khiati. Un échantillon, englobant 8645 élèves dont 3419 lycéens, a répondu au questionnaire de la Forem. A lui seul, le sondage effectué auprès des collégiens est édifiant. Parmi les 5226 élèves interrogés (leur âge varie de 10 à 19 ans), 14,8% sont accros à la nicotine, dont 2,2% de filles. Cette dépendance au tabac est établie à travers le taux de consommation par élève. 28.9% déclarent fumer plus d'un paquet de cigarettes par jour. Ils s'en vantent presque bien qu'une proportion assez importante (85%) soit informée des dangers du tabac. L'inconscience des adolescents est favorisée par un environnement propice. Dans 33.35% des cas, les parents eux-mêmes sont des fumeurs. Pis, il arrive que les enseignants fument en classe. 13.70% des collégiens sondés ont confirmé cet état de fait. Aussi s'empressent-ils d'imiter leurs professeurs, encouragés par une ambiance de totale désinvolture et d'absence d'autorité. La majorité (55%) exhibe une cigarette aux lèvres à l'intérieur de l'école et 4% fument en classe. Bénéficiant d'autant de liberté, les collégiens devenus lycéens persistent dans leur conduite. Plus hardis, ils entraînent des camarades dans leur sillage. Sur 3419 élèves de la capitale, près de 40% des garçons s'adonnent à la consommation de la cigarette, contre 3.6% de filles. 29.1% de mâles épuisent jusqu'à un paquet quotidiennement. Devant ce constat, le Dr Khiati a plaidé pour une pression médiatique sur l'entourage des enfants, notamment en milieu scolaire. «Il faut une sensibilisation massive pour limiter ce fléau», a-t-il souligné.
Une campagne avec des célébrités L'intervenant a préconisé le recours à des personnalités influentes, notamment des champions de football ou des artistes, pour arriver à faire passer le message aux jeunes. «Les adolescents sont très influencés par leurs idoles, donc ce sera facile de faire passer le message à travers des personnalités populaires», a-t-il expliqué. Le Dr Khiati a fait savoir que dans le plan de lutte contre le cancer, une opération de grande envergure est prévue pour éradiquer le tabagisme à l'échelle nationale. Il a cité dans ce sens l'instauration de la nouvelle loi sur la santé qui inflige 5000 DA d'amende aux fumeurs dans les lieux publics. Le même responsable a également cité la mise en place d'un service préventif dans chaque établissement hospitalier pour sensibiliser les malades sur les effets néfastes du tabagisme. Pour rappel, le ministère de la Santé avait mis en place un arsenal de lois antitabagisme depuis la promulgation de la loi sur la santé 85/05 du 17 février 1985 suivie de plusieurs décrets publiés au journal officiel en 2001, 2002 et 2006 et de plusieurs ordonnances interdisant la vente de tabac près des établissements scolaires, universitaires et de la formation professionnelle mais ces lois ne sont pas appliquées en l'absence de mesures coercitives. La taxe sur le tabac est passée de 5 à 10% dans la loi de finances 2015.