Le chef terroriste Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou Al Abbas, dit le Borgne,semble avoir changé de fusils d'épaule. En effet, dans un communiqué qui vient de diffuser (le 13 août) sur des sites «djihadistes», le cerveau de l'attaque de Tiguebntourine, donné pour mort après une frappe américaine dans l'est de la Libye, aurait été désigné par ses acolytes «émir» d'Al Qaïda en Afrique de l'Ouest (Aqao). Al Qaïda en Afrique de l'Ouest ne serait en fait que la nouvelle appellation que s'est donné le groupe Al Mourabitoune, créé en 2013 après l'alliance conclue entre les «Signataires par le sang» de Belmokhtar et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Entre ces deux factions, réunies sous la bannière d'Al Mourabitoune, existeraient des désaccords depuis plusieurs années, liés à une supposée allégeance à l'Etat islamique (EI) ou Daech. Le ralliement d'Al Mourabitoune à Daech avait été annoncé par Adnan Abou Walid Sahraoui, un des chefs du groupe, mais vite démenti par Mokhtar Belmokhtar à travers un communiqué, dans lequel il confirme de nouveau son allégeance à Al Qaïda. Dans ce document, diffusé le 13 août et daté du 17 juillet, les motivations d'Al Qaïda en Afrique de l'Ouest, ex-Al Mourabitoune, n'ont guère changé. Cette organisation continue d'appeler à s'en prendre aux «croisés ennemis qui occupent les terres musulmanes», dont la France et ses alliés, et à les «frapper partout». Il faut cependant noter que Mokhtar Belmokhtar a ciblé principalement l'Algérie, comme le démontre l'attaque lancée contre le site gazier de Tiguentourine. Le Mujao aussi ciblait principalement l'Algérie, en contradiction avec son appellation qui laisse comprendre que cette organisation terroriste sévit en Afrique de l'Ouest. C'est cette organisation qui a enlevé sept diplomates algériens à Gao, dans le nord du Mali. En Afrique de l'Ouest, c'est principalement l'organisation terroriste Boko Haram qui sévit. Cette organisation a fait allégeance à Daech, d'où les difficultés d'incursion d'Al Qaïda dans cette partie du continent africain. Une réalité qui ne peut pas être ignorée par Belmokhtar. Il est donc utile de s'interroger pourquoi Belmokhtar a choisi l'appellation d'Al Qaïda en Afrique de l'Ouest, comme l'a fait le Mujao. La «logique» terroriste obéissant à des critères hypocrites et à la recherche de l'effet médiatique, peu d'importance peut être accordée à l'annonce de la création de cette nouvelle organisation ayant eu lieu à un moment où Daech «fait de l'ombre» à Aqmi, surtout en Libye, à la faveur de l'anarchie régnant dans ce pays. Les organisations terroristes qui activent dans le nord de l'Afrique semblent se disputer le terrain sur la base de moyens humains et matériels dont dispose chacune de ces organisations dans la région du Sahel, puisant dans la contrebande d'armes et dans le paiement de rançons.