En limogeant tout récemment Meziane Ighil, le Mouloudia d'Alger confirme l'instabilité chronique de son banc de touche. Cette statistique a de quoi donner le vertige : durant les cinq dernières années, le Mouloudia d'Alger a consommé pas moins de quinze entraîneurs. Oui, vous avez bien lu, quinze coaches ont défilé à la tête de la barre technique des Vert et Rouge depuis mars 2011, soit une moyenne de trois entraîneurs par saison. Seuls la JS Kabylie et son fantasque président Moh Cherif Hannachi ont réussi à faire autant ou pire, ce qui traduit le déclin de ces deux géants du football national ces dernières années. En proie également à une instabilité administrative qui lui a coûté déjà six présidents depuis que Sonatrach a repris la gestion du club en 2012, le Mouloudia n'a certes jamais été un club stable, mais durant les cinq dernières années, les entraîneurs, aussi bien locaux qu'étrangers, se sont succédé à une vitesse vertigineuse. Cela a commencé en mars 2011 quand l'actuel entraîneur du CR Belouizdad, Alain Michel, qui avait pourtant conduit le club à son septième sacre national la saison d'avant, a été démis de ses fonctions suite à une série de mauvais résultats en championnat. Son successeur, Nouredine Zekri, n'a pas fait long feu au sein de la maison du doyen, tout comme son adjoint Abdelhak Meguellati qui a même assuré un rôle de pompier de service à deux reprises avant d'être à chaque fois remercié. Entre-temps, l'ancien sélectionneur national, Abdelhak Bencheikha, a connu le même sort après seulement quarante jours passés sur le banc de touche mouloudéen. Mais c'est en 2012 que le MCA a croqué le plus grand nombre de techniciens, puisque durant cette année-là, cinq entraîneurs se sont installés tour à tour aux commandes techniques du club le plus populaire d'Algérie, à savoir François Bracci, Kamel Bouhellal, Abdelkrim Bira, Patrick Leiwig et Jean-Paul Rabier. En remplaçant ce dernier au pied levé fin septembre de la même année, Djamel Menad a réussi l'exploit de tenir son poste jusqu'à la fin de la saison. L'ancien buteur des Verts aurait peut-être pu prolonger encore plus avec le Mouloudia s'il n'avait pas été suspendu par la FAF pour deux années suite au fameux incident qui a émaillé la cérémonie de remise des médailles de la finale de la coupe d'Algérie, perdue par son équipe au stade 5-Juillet face au voisin usmiste. Mais Menad n'est pas l'entraîneur qui a tenu le plus longtemps sur le banc de touche du Mouloudia ces cinq dernières années. En terme de stabilité, la palme revient paradoxalement au portugais Artur Jorge qui, en dépit des résultats très moyens qu'il a enregistrés avec le Doyen, est resté en poste durant neuf mois. Mais entre Menad et Artur Jorge, le Mouloudia a croqué trois entraîneurs en l'espace d'une année, à savoir Alain Geiger, Fouad Bouali et Boualem Charef. Comble de l'ironie, les dirigeants mouloudéens de l'époque avaient mis fin aux fonctions de Fouad Bouali alors qu'il venait d'offrir au club sa septième coupe d'Algérie ! Une erreur qui a coûté cher au Mouloudia d'Alger puisque depuis le départ de Bouali, ni Boualem Charef, ni Artur Jorge, encore moins Meziane Ighil, n'ont réussi à remettre le club sur les bons rails. En attendant la désignation d'un nouvel entraîneur, qui sera sans doute étranger, l'instabilité légendaire qui caractérise le club le plus populaire du pays fait du poste que prendra le successeur d'Ighil Meziane un siège éjectable en puissance.